Plafonds Auto-Entrepreneur 2021 : quels sont les seuils de chiffre d’affaires à ne pas dépasser ?
Plébiscité par les Français, le statut d'auto-entrepreneur (désormais officiellement appelé "micro-entrepreneur") regorge d'atouts. Simple d'accès, il permet de lancer facilement une activité indépendante ou de tester un projet en profitant d'avantages sociaux et fiscaux, ainsi que d'obligations comptables allégées.
Mais pour pouvoir en bénéficier en 2021, il convient de respecter des "plafonds auto-entrepreneur".
Ces plafonds de chiffre d'affaires permettent de réserver ce régime de faveur à de petites structures. Ils ont toutefois été doublés en 2018, accordant une marge de manœuvre relativement importante aux porteurs de projet.
De nouveaux plafonds auto-entrepreneur, légèrement plus élevés, ont ensuite été instaurés en 2020. Ceux-ci restent inchangés en 2021 et 2022.
Le micro-entrepreneur devra également être attentif aux seuils de franchise de TVA, moins élevés, au-delà desquels il devra facturer cet impôt à ses clients.
Bon à savoir : Depuis 2016, on ne parle plus d'auto-entreprise, mais de "micro-entreprise". L'ancien terme reste toutefois couramment utilisé.
Voici plusieurs questions auxquelles nous nous efforcerons de répondre dans cet article :
Comment bien calculer son chiffre d'affaires afin d'anticiper un dépassement des seuils ?
Quel est le chiffre d'affaires maximum en micro-entreprise ? Quels sont les plafonds de chiffre d'affaires de l'auto-entrepreneur en 2021 – qu'il soit commerçant, artisan ou prestataire de services ?
Quels sont les seuils de TVA à respecter afin de pouvoir bénéficier de la franchise ?
Quels plafonds pour pouvoir choisir l'option pour le versement libératoire ?
Quelles conséquences si l'auto-entrepreneur dépasse l'un des plafonds ?
Quelles sont les autres limites du statut de la micro-entreprise ?
On vous dit tout ce que vous devez savoir sur les plafonds de l'auto-entrepreneur, en prenant en compte les modifications introduites en 2020.
C'est parti !
Plafonds auto-entrepreneur 2021 : un bouleversement en 2018
Un unique plafond de chiffre d'affaires...
Tout au long de leur activité, les micro-entrepreneurs vont devoir surveiller attentivement les variations de son chiffre d’affaires.
Et jusqu’en 2018, c’était plutôt simple : ils n’étaient confrontés qu’à un seul plafond.
La raison ?
Lors de la création du statut en 2009, les limites du régime de la micro-entreprise étaient alignées sur les seuils de franchise de TVA.
Ainsi, tous les auto-entrepreneurs bénéficiaient de cette franchise. Dès que ces seuils étaient dépassés, les intéressés perdaient à la fois le bénéfice de la franchise de TVA et celui du régime de la micro-entreprise.
... Puis deux.
Si ces seuils ont été ensuite légèrement augmentés à plusieurs reprises, ils ont été doublés à partir du 1er janvier 2018. Cette augmentation faisait suite à la mise en oeuvre d’un plan en faveur des travailleurs indépendants porté par le gouvernement.
Les plafonds de la micro-entreprise sont ainsi passés de (1) :
82 800 € à 170 000 € pour les activités de vente de marchandises et d'hébergement ;
33 200 à 70 000 € pour les prestations de services et les activités libérales.
Ceci avait provoqué une déconnexion entre les seuils de TVA et les seuils de la micro-entreprise. La conséquence : certains auto-entrepreneurs sont désormais redevables de la TVA, et doivent dire adieu à la simplicité administrative des débuts.
Nouveaux plafonds micro-entreprise : des seuils augmentés depuis le 1er janvier 2020
Les plafonds de chiffre d'affaires de la micro-entreprise sont automatiquement revalorisés tous les trois ans. Leur hausse est indexée sur l'augmentation triennale de la première tranche du barème de l'impôt sur le revenu.
En 2020, ils ont été à nouveau (cette fois légèrement) augmentés. Ces nouveaux seuils, que nous allons vous présenter, s'appliquent également en 2021 et 2022.
Auto-entrepreneur : quels sont les plafonds de chiffre d'affaires en 2021 ?
En clair, il existe désormais deux types de plafonds de chiffre d'affaires pour l'auto-entrepreneur :
Les limites de chiffre d'affaires de l'auto-entreprise : pour continuer à bénéficier du régime de la micro-entreprise (176 200 € / 72 500 €)
Les plafonds de chiffre d'affaires de l'auto-entrepreneur s'élèvent en 2021 à :
176 200 € pour des activités de vente et d'hébergement ;
72 500 € pour des activités de services et libérales.
Le respect de ces seuils permet de continuer à bénéficier du régime de la micro-entreprise : calcul forfaitaire des charges, obligations déclaratives allégées,...
Notez toutefois que l'auto-entrepreneur ne perdra ce statut qu'après avoir dépassé ces plafonds pendant deux années consécutives.
La franchise de TVA : pour continuer à exploiter votre activité sans avoir à facturer la TVA (85 800 € / 34 400 €)
En 2021, les seuils de franchise de TVA de l'auto-entrepreneur s'élèvent à :
85 800 € (94 300 € de seuil de tolérance) pour des activités de vente ou d'hébergement ;
34 400 € (36 500 € de seuil de tolérance) pour des activités de services et libérales.
Ces plafonds permettent de déterminer le chiffre d'affaires à partir duquel l'auto-entrepreneur devra commencer à facturer la TVA à ses clients et à produire des déclarations de TVA.
Nous verrons toutefois que le franchissement des premiers seuils (85 800 € ou 34 400 €) n'entraînera pas nécessairement une sortie du régime franchise de TVA.
Nous aborderons plus en détail ces plafonds auto-entrepreneur dans les parties qui leur sont consacrées.
Bon à savoir : Il existe également un troisième plafond micro-entrepreneur. Il s'agit de celui qui conditionne l'accès au versement forfaitaire libératoire (VFL), un dispositif qui permet de payer ses impôts de manière forfaitaire.
Nous lui avons également consacré une partie, à la fin de cet article.
Calcul du chiffre d'affaires auto-entrepreneur : adoptez les bons réflexes pour anticiper le dépassement des plafonds
Avant de commencer à vous présenter en détail les plafonds du micro-entrepreneur, il est important que vous sachiez comment bien calculer votre chiffre d'affaires.
Chiffre d'affaires et résultat : quelle différence ?
Tout au long de la vie de votre auto-entreprise, vous allez devoir surveiller attentivement les variations de votre chiffre d’affaires.
De son côté, votre résultat n’aura aucune incidence sur le dépassement des plafonds – aussi bien ceux du régime de la micro-entreprise que ceux de la franchise de TVA.
Il n’aura d’ailleurs pas non plus d’incidence sur vos cotisations sociales ou sur vos impôts. La raison ? Les charges de l’auto-entrepreneur ne sont pas déductibles pour leur montant réel. Elles sont calculées de manière forfaitaire.
Le chiffre d'affaires (CA)
Le chiffre d'affaires (CA), c'est l'ensemble des ventes de biens ou de services de votre entreprise. Ce montant correspond à la totalité des sommes récoltées au titre de votre activité d'auto-entrepreneur.
Vous l'aurez compris : le chiffre d'affaires ne peut pas être négatif.
Le résultat
Le résultat, c'est l'ensemble de vos entrées d'argent (votre chiffre d'affaires), auquel on retire l'ensemble de vos charges, frais et dépenses professionnels.
Il peut s'agir de la location d'un bureau, de l'achat de matériel ou de matières premières, de dépenses de communication, de charges fiscales et sociales,...
Si ce résultat est positif, votre activité est bénéficiaire.
En revanche, s'il est négatif, votre activité est déficitaire.
Différence entre chiffre d'affaires et résultat : exemple
Stéphanie est ostéopathe sous le statut d'auto-entrepreneur. Elle a lancé son activité le 1er janvier 2020.
Pour sa première année d'activité, elle a encaissé un chiffre d'affaires de 35 000 €.
Dans le même temps, ses charges professionnelles (local, matériel, publicité sur internet,...) se sont élevées à 10 000 €.
Elle a dû payer, au titre de ses cotisations sociales, du versement forfaitaire libératoire et des autres taxes de l'auto-entreprise un pourcentage de 24,4% sur son chiffre d'affaires, soit 8 554 €.
En résumé :
Son chiffres d'affaires de 2020 s'élève à 35 000 € : il s'agit de la totalité des sommes encaissées sur l'année;
Son résultat net (après cotisations sociales et impôts) s'élève quant à lui à 35 000 € - 10 000 € - 8 554 € = 16 446 €. Il s'agit du bénéfice net réalisé dans l'année – en clair, tout ce qui devrait lui rester sur son compte bancaire d'auto-entrepreneur.
Pour apprécier le dépassement des limites de la micro-entreprise (plafonds du régime micro et seuils de TVA), il lui suffira de s'intéresser à son chiffre d'affaires (35 000 €).
Son résultat (16 446 €) n'aura aucune incidence sur ce dépassement.
Calcul du chiffre d'affaires auto-entrepreneur : hors taxes, effectivement encaissé et sans abattement fiscal
C'est le chiffre d'affaires hors taxes (HT) qui doit être pris en compte pour apprécier le dépassement des plafonds auto-entrepreneur
Les seuils d'éligibilité au régime de la micro-entreprise s'entendent hors taxes (HT).
Cette précision ne pose aucune difficulté si vous êtes toujours en franchise de TVA.
En revanche, si vous facturez la TVA suite à un dépassement des seuils de franchise ou des seuils de tolérance, vous devez continuer à prendre en compte votre chiffre d'affaires hors taxes afin d'identifier un dépassement des seuils du régime de la micro-entreprise.
Il convient également de retenir le CA effectivement encaissé, et pas les sommes facturées.
Dans le cas de l'auto-entreprise, on ne s'intéressera qu'au chiffre d'affaires effectivement encaissé – autrement dit les montants qui ont été crédités sur votre compte de micro-entrepreneur.
Cette particularité va d'ailleurs vous permettre de "jouer" sur la date des encaissements afin d'éviter le dépassement des seuils de franchise de TVA ou des plafonds de la micro-entreprise au cours d'une année civile.
Enfin, vous veillerez à ne pas appliquer les abattements fiscaux de l'auto-entrepreneur.
Les abattements fiscaux dont bénéficie le micro-entrepreneur sur son chiffre d'affaires (de 71, 50 ou 34%) ne doivent pas être pris en compte pour apprécier le dépassement des seuils.
Notez que la règle consistant à déclarer son chiffre d'affaires hors taxes effectivement encaissé, sans lui appliquer le moindre abattement fiscal est identique pour :
vos déclarations de CA (mensuelles ou trimestrielles) (2) ;
vos déclarations d'impôt.
Comment faire sa déclaration de chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur ?
Vous devez déclarer périodiquement votre chiffre d’affaires d’auto-entrepreneur à l’Urssaf.
Ces déclarations permettront à l’administration d’identifier un dépassement des plafonds de la micro-entreprise.
Présentation des obligations déclaratives en micro-entreprise
Cette déclaration de chiffre d'affaires devra être produite :
soit tous les mois : avec une échéance à midi, le dernier jour de chaque mois ;
soit tous les trimestres : avec des échéances les 30 avril, 31 juillet, 31 octobre et 31 janvier, toujours à midi.
Comme indiqué ci-dessus, vous y mentionnerez votre chiffre d'affaires HT encaissé durant la période précédente, sans y appliquer le moindre abattement.
L'URSSAF calculera ainsi le montant de vos cotisations sociales, dont le taux s'élèvera à :
12,8% de votre CA pour les activités de vente et d'hébergement ;
22% de votre CA pour les prestations de services artisanales et commerciales, et pour les professionnels libéraux.
Pour faire vos déclarations, vous devez vous rendre sur le site https://autoentrepreneur.urssaf.fr ou sur l'application "AutoEntrepreneur Urssaf" (disponible sur Android et iOS).
Côte fiscalité, vous devrez déclarer chaque année votre chiffre d'affaires, sans abattement, dans votre déclaration de revenus complémentaires 2042-C.
Avant de l'ajouter au revenu imposable de votre foyer, les services fiscaux lui appliqueront un abattement forfaitaire. Celui-ci variera selon la nature de votre activité :
71% pour des activités de vente et d'hébergement ;
50% pour des prestations de services commerciales et artisanales relevant des BIC ;
34% pour des activités libérales et des prestations de services relevant des BNC.
Bon à savoir : vous avez également la possibilité d'opter pour le versement libératoire. Vos impôts seront calculés et réglés en même temps que vos cotisations sociales.
Nous allons maintenant évoquer en détail le fonctionnement des plafonds et des seuils de la micro-entreprise, ainsi que les conséquences auxquelles vous vous exposez si vous les dépassez.
Même si ce n'est pas le premier que vous risquez de franchir, nous avons choisi de commencer par vous présenter le plafond qui nous paraît être le plus simple à appréhender : le seuil de chiffre d'affaires permettant de conserver le statut de micro-entrepreneur.
Seuils de la micro-entreprise : quels plafonds de chiffre d'affaires en 2021 ?
Une auto-entreprise est une entreprise individuelle, qui bénéficie d'une multitude d'avantages : démarches de création simplifiées, comptabilité réduite, avantages fiscaux, absence de charges sociales si le chiffre d'affaires généré est nul...
Principale condition pour conserver le statut auto-entrepreneur : ne pas dépasser un niveau maximum de chiffre d'affaires.
Micro-entreprise : un statut avantageux... assorti d'un chiffre d'affaires limité
Le micro-entrepreneur bénéficie d’un régime de faveur.
Il relève (3) :
Du régime micro-fiscal pour ses impôts
En tant qu'auto-entrepreneur, vos bénéfices sont imposés dans la catégorie :
micro-BIC (activité commerciale ou artisanale) ;
ou micro-BNC (activité libérale).
Plutôt que de devoir établir une déclaration professionnelle de bénéfices, vous vous contentez de mentionner votre CA dans votre déclaration complémentaire de revenu. Celui-ci se verra appliquer un abattement forfaitaire (de 34, 50 ou 71% en fonction de la nature de votre activité).
Vous avez également la possibilité d'opter pour le dispositif du versement fiscal libératoire, afin de payer vos charges fiscales en même temps que vos charges sociales.
Du régime micro-social simplifié pour ses cotisations (4)
Vous déclarez votre chiffre d'affaires de manière mensuelle ou trimestrielle.
L'administration lui appliquera ensuite un taux forfaitaire (12,8% ou 22%, selon la nature de votre activité) afin de calculer le montant de vos cotisations sociales.
Pour pouvoir continuer à bénéficier de ce régime, l'auto-entrepreneur devra veiller à ne pas dépasser un plafond de chiffre d'affaires annuel.
Cette limite va dépendre de la nature de l'activité qu'il exerce.
Rappel : afin d'apprécier le dépassement des seuils auto-entrepreneur, il convient de se baser sur le chiffre d'affaires HT effectivement encaissé, sans abattement.
Voici les nouveaux plafonds de chiffre d'affaires l'auto-entrepreneur pour 2021 (5) :
176 200 € de CA (contre 170 000 € en 2019) pour :
🗸 les activités d'achat-revente de marchandises ou d'objets ;
🗸 la vente de denrées à emporter ou à consommer sur place ;
🗸 les prestations d'hébergement (hors locations meublées autres que les chambres d'hôtes, les gîtes ou les locations meublées de tourisme) ;
72 500 € de CA (contre 70 000 € en 2019) pour :
🗸 les prestations de services commerciales (livreur, agent immobilier, agent d’assurance,...) ;
🗸 les prestations de services artisanales (coiffure, fabrication de meubles, réparation d’objets,…) ;
🗸 la location de locaux d'habitation meublés ;
🗸 les activités libérales (ostéopathe, développeur, consultant, expert-comptable,...).
Notez que ces plafonds étaient identiques en 2020.
Bon à savoir : les auto-entrepreneurs qui relèvent du micro-BNC sont tous soumis à un plafond de 72 500 € (6).
Bon à savoir : Il existe également un autre plafond, qui concerne les "auto-entrepreneurs agricoles", relevant du régime micro-BA. La moyenne de leurs recettes HT des 3 dernières années civiles précédentes ne doit pas dépasser le seuil de 85 800 €.
Vous risquez de dépasser cette année, pour la première fois, l'une de ces limites de chiffre d'affaires ?
Rassurez-vous : le dépassement de ces plafonds n'engendre pas automatiquement la sortie du régime de la micro-entreprise.
Plafonds en micro-entreprise : un dépassement apprécié sur une période de deux ans
Le dépassement des plafonds auto-entrepreneur n’aura d’impact que s’il se produit au cours de deux années consécutives.
Vous dépassez le plafond au cours d'une année civile
Vous avez la possibilité de dépasser, pour la première fois, le seuil de chiffre d'affaires au cours d'une année.
Vous pourrez rester micro-entrepreneur au cours de cette même année, ainsi que l'année suivante. Vous bénéficiez d'une "période de tolérance".
Bon à savoir : Jusqu'en 2017, il existait des seuils de tolérance. Ainsi, un simple dépassement des "plafonds majorés" entraînait une sortie du régime de la micro-entreprise dès le 1er janvier de l'année qui suivait ce dépassement.
Depuis 2018, ce mécanisme a été abandonné suite au doublement des seuils de chiffre d'affaires de l'auto-entreprise (7). Désormais, l'administration ne prend plus seulement en compte la dernière année, mais les deux dernières années d'activité pour apprécier le dépassement des seuils.
Exemple
Michel est commerçant auto-entrepreneur. La limite propre à son activité s'élève à 176 200 €.
Il a encaissé :
100 000 € de chiffre d'affaires en 2019 (pas de dépassement) ;
250 000 € de chiffre d'affaires en 2020 (premier dépassement sur une période de deux ans) ;
Comme le seuil n'a été dépassé qu'une seule fois en deux ans, Michel pourra continuer à bénéficier du statut auto-entrepreneur en 2021.
S'il dépasse à nouveau le plafond en 2021, il ne pourra plus bénéficier du régime de la micro-entreprise dès le 1er janvier 2022.
Vous dépassez ces plafonds durant deux années consécutives (années N et N+1)
Dans ce cas, vous sortirez automatiquement du régime de la micro-entreprise dès le début de l'année N+2 (8). Ceci est valable quel que soit le chiffre d'affaires qui sera généré au cours de cette même année.
Vous basculerez dans le régime "classique" de l'entreprise individuelle. Vous serez alors soumis au régime réel (simplifié ou normal), ou à celui de la déclaration contrôlée si vous êtes un professionnel libéral.
Exemple
Stéphanie est réparatrice de meubles en auto-entrepreneur depuis 2017. Elle est concernée par le seuil de 72 500 €.
Voici l'évolution de son chiffre d'affaires :
2017 : 20 000 € de CA ;
2018 : 40 000 € de CA ;
2019 : 80 000 € de CA (dépassement) ;
2020 : 90 000 € de CA (dépassement) ;
Comme elle avait dépassé le plafond pour la première fois en 2019, elle a pu continuer à bénéficier du statut d'auto-entrepreneur en 2020.
En revanche, dans la mesure où elle a dépassé le seuil en 2019 et en 2020, elle doit quitter le régime de la micro-entreprise dès le début de l'année 2021.
Notons par ailleurs qu'elle dépasse le seuil de tolérance de TVA (36 500 €) en 2018. Elle devra facturer cet impôt dès le 1er jour du mois de dépassement (on vous en dit plus dans la suite de l'article).
La règle est la suivante : vous êtes éligible au régime de la micro-entreprise en N+2 si les seuils n'ont pas été dépassés à la fois en N et en N+1.
Vous pouvez donc dépasser les plafonds de la micro-entreprise une année sur deux au maximum.
Dépassement des seuils auto-entrepreneur la première année : la règle du prorata temporis
Les plafonds de chiffre d’affaires évoqués ci-dessus concernent une année civile complète, allant du 1er janvier au 31 décembre.
Or, dans la plupart des cas, l’auto-entrepreneur ne va pas démarrer son activité un 1er janvier, mais en cours d’année. Il ne serait pas logique de lui offrir la possibilité de bénéficier des mêmes plafonds que ceux qui exercent leur activité durant une année entière.
C’est la raison pour laquelle les limites de chiffre d’affaires vont être ajustées au prorata temporis de l’année civile.
Les plafonds retenus vont ainsi dépendre du nombre de jours qui se sont écoulés entre le début de votre activité et le 31 décembre.
Exemple : Si un auto-entrepreneur démarre son activité en milieu d'année, le plafond retenu correspondra aux limites du régime de la micro-entreprise divisé par deux.
Plus généralement, vous devez identifier le nombre de jours d'activité de l'année de création afin de calculer votre plafond proratisé :
Plafond proratisé
= Plafond complet * (nb de jours d'activité / 365 ou 366)
Vous connaîtrez ainsi le chiffre d'affaires maximum pour la première année pour ne pas dépasser le plafond micro-entrepreneur.
Bon à savoir : Notez toutefois qu'un dépassement n'aura aucun impact immédiat au cours de votre première année d'activité, puisqu'il faut dépasser les seuils pendant deux années consécutives pour sortir du régime micro.
Exemple
Luc est agent immobilier en auto-entrepreneur depuis le 27 avril 2019.
Le plafond annuel de chiffre d'affaires qui encadre son activité s'élève à 72 500 €.
Il encaisse un chiffre d'affaires :
de 60 000 € HT en 2019 (première année d'activité) ;
de 80 000 € HT en 2020 (deuxième année d'activité).
La première année, il a exercé son activité pendant 249 jours.
Ainsi, la limite de chiffre d'affaires retenue pour sa première année d'activité sera égale à 72 500 € * (249/365) jours = 49 459 € HT.
Le plafond "proratisé" a donc bien été dépassé en 2019. Par ailleurs, le plafond "complet" a lui aussi été dépassé en 2020.
Du fait d'un dépassement des seuils durant deux années consécutives, Luc sortira du régime auto-entrepreneur dès le début de l'année 2021.
Activité mixte : quelles limites de CA pour l'auto-entrepreneur qui exerce deux activités de nature différente ?
Certains auto-entrepreneurs effectuent, à travers leur structure, deux activités de nature différente.
On dit qu'ils exercent une activité mixte.
Et ces deux activités (liées ou non) peuvent ne pas être soumises à la même limite de chiffre d'affaires.
Ainsi, un auto-entrepreneur peut exercer simultanément :
une activité relevant du plafond de 176 200 € (achat-revente, location de chambres d'hôtes) ;
et une autre activité relevant du plafond de 72 500 € (prestations de services commerciales ou artisanales, activités libérales,...).
Vous vous en doutez : il ne sera pas possible d'"additionner" ces deux plafonds pour pouvoir bénéficier de limites plus généreuses.
La loi a prévu deux limites de chiffre d'affaires.
Pour pouvoir bénéficier en N du régime de la micro-entreprise, il faut que, en N-1 et N-2 :
Votre chiffre d'affaires annuel total n'ait pas dépassé la limite la plus élevée (176 200 €) ;
et, dans le même temps, la part de chiffre d'affaires liée à votre activité de prestations de services n'ait pas dépassé pas la limite de 72 500 €.
Bon à savoir : Si les activités que vous exercez sont soumises au même plafond, c'est plus simple : il vous suffit de ne pas dépasser le plafond qui concerne ces activités (176 200 € ou 72 500 €)
Exemple
Luc est chauffeur VTC en auto-entrepreneur. Pour arrondir ses fins de mois, il décide de lancer un site e-commerce de vente de pièces automobiles.
Il est donc à la fois commerçant et prestataire de services.
Les deux limites qu'il devra respecter seront les suivantes :
son chiffre d'affaires global devra rester inférieur à 176 200 € ;
et le chiffre d'affaires généré par son activité de VTC ne devra pas dépasser le seuil de 72 500 €.
Notez qu'il existe certains cas bien particuliers d'auto-entrepreneurs effectuant une seule activité, mais qui relèvent pourtant de la catégorie des activités mixtes.
C'est le cas de certains auto-entrepreneurs qui travaillent dans le bâtiment (ainsi que certains artisans). Ils relèvent des activités mixtes s'ils fournissent les matériaux qui entrent, à titre principal, dans l'ouvrage à exécuter. Sont notamment concernés les plombiers, les ébénistes ou encore les maçons.
En revanche, s'ils fournissent des produits qui n'entrent qu'à titre accessoire dans l'ouvrage à exécuter, alors il ne s'agit pas d'une activité mixte, mais d'une activité de services. Ils relèvent dans ce cas du plafond de 72 500 €. C'est notamment le cas des blanchisseurs, des cordonniers ou des imprimeurs.
Bon à savoir : Les limites de chiffre d'affaires de la micro-entreprise sont individuelles. Elles ne sont pas impactées par la composition du foyer fiscal.
Ainsi, une famille a la possibilité de compter plusieurs micro-entreprises en son sein. Chacune d'entre elles pourra bénéficier de plafonds complets.
Vous avez dépassé les plafonds de chiffre d’affaires durant deux années consécutives ?
Vous quitterez le régime de la micro-entreprise dès le 1er janvier de l’année suivante.
Bon à savoir : Vous serez notifié de la sortie du statut auto-entrepreneur à travers une lettre recommandée avec accusé de réception. Elle vous informera de votre basculement dans le régime de l'entreprise individuelle.
Vous n'êtes pas d'accord avec cette notification ? Vous disposerez d'un délai d'un mois pour la contester.
La perte du statut auto-entrepreneur aura un impact notamment sur :
votre régime fiscal : vos impôts seront désormais calculés selon le régime réel. Vous ne bénéficierez plus d'abattements fiscaux ;
votre régime social : le calcul de vos cotisations sociales sera, lui aussi, impacté. Elles seront désormais calculées suivant votre résultat, et vous devrez verser des charges provisionnelles ;
vos obligations comptables, qui seront être alourdies.
Bon à savoir : La micro-entreprise est une forme particulière d'entreprise individuelle. Si vous dépassez les plafonds, vous resterez entrepreneur individuel – sans toutefois bénéficier des avantages du régime micro.
En revanche, ne bénéficiant plus du régime dérogatoire de la micro-entreprise, vous serez désormais soumis aux règles de droit commun de l'entreprise individuelle.
a. Perte du régime micro-fiscal
Vous ne pourrez plus bénéficier du régime fiscal de la micro-entreprise.
Vous relèverez :
du régime réel simplifié si votre activité relève des BIC (il s'applique de plein droit si votre CA HT est inférieur à 789 000 € pour une activité d'achat-revente ou à 238 000 € pour une activité de prestation de services). Vous pouvez également opter pour le régime réel normal d'imposition ;
du régime fiscal de la déclaration contrôlée si votre activité relève des BNC (ce qui concerne notamment les professions libérales).
Afin de déterminer votre bénéfice, les services fiscaux n'auront plus recours à un abattement forfaitaire pour frais professionnels.
Ils s'appuieront sur votre résultat réel (bénéfice ou perte), qui sera déterminé à travers une comptabilité plus lourde. En contrepartie, vous aurez la possibilité de déduire vos charges réelles de votre chiffre d'affaires.
Bon à savoir : Il est fortement recommandé d'adhérer à un Centre de Gestion Agrée (CGA) (activité commerciale, artisanale, de prestation de services ou agricole) ou à une Association de Gestion Agrée (AGE) (activité libérale). Vous éviterez ainsi une majoration de 25% de votre bénéfice imposable à l'impôt sur le revenu.
Vous avez également la possibilité de faire appel à un expert-comptable avec visa fiscal.
b. Perte du régime micro-social simplifié
En tant qu’auto-entrepreneur, vous bénéficiez jusqu’ici du régime micro-social simplifié pour vos cotisations et contributions sociales.
Ceci vous permettait de profiter d’un taux social fixe avantageux : 12,8% ou 22% de votre chiffre d’affaires, en fonction de la nature de votre activité.
Dès le 1er janvier qui suit la deuxième année consécutive de dépassement du plafond, vous ne serez plus soumis au régime micro-social simplifié mais au régime social “classique” des Travailleurs Non Salariés (TNS).
Ainsi, vos charges sociales seront calculées selon les règles du régime social de droit commun : elles correspondront approximativement à 44% de votre bénéfice imposable.
Bon à savoir : Dans un premier temps, vos cotisations seront calculées selon une base forfaitaire.
Vous serez désormais dans l'obligation de verser des cotisations provisionnelles tout au long de l'année. Veillez à bien les anticiper en mettant de l'argent de côté !
Celles-ci feront ensuite chaque année l'objet d'une régularisation, dès que vous aurez déclaré votre revenu professionnel.
Vos revenus sont nuls ou faibles ? Contrairement aux auto-entrepreneurs, vous devrez verser des cotisations sociales minimales.
Celles-ci s'élèveront à :
Environ 970 € par an pour les entrepreneurs individuels commerçants ou artisans
un montant variable pour les entrepreneurs individuels qui exercent une activité libérale
c. De nouvelles obligations comptables
Dès le 1er janvier suivant deux années civiles de dépassement des plafonds de la micro-entreprise, vous devrez vous soumettre à de nouvelles obligations comptables.
Vous serez dans l’obligation de tenir une comptabilité complète. Celle-ci comprendra un bilan, un compte de résultat ainsi que des annexes.
Vous bénéficierez toutefois des simplifications suivantes (9) :
Tout au long de l'année, vous vous contenterez de tenir une comptabilité de trésorerie : vous enregistrerez dans un livre-journal comptable le détail de vos encaissements et de vos paiements ;
Vos créances et vos dettes ne seront constatées qu'à la clôture de l'exercice ;
Vous fournirez un bilan simplifié aux services fiscaux.
Il sera ainsi possible de de déterminer votre résultat – il s'agira de votre chiffre d'affaires diminué de vos charges.
d. Vous devez continuer à facturer la TVA
Puisque vous aurez dépassé les plafonds de la micro-entreprise sur deux années consécutives, vous aurez également dépassé les seuils de tolérance de la franchise de TVA. Vous serez donc déjà assujetti à la TVA lors de la perte du statut micro-entrepreneur.
Vous devrez continuer à facturer la TVA à vos clients. Dans le même temps, vous pourrez toujours récupérer celle-ci sur vos achats. Vous reverserez la différence entre la TVA collectée et la TVA déductible aux services fiscaux.
N’hésitez pas à vous référer à la suite de l’article afin d’en savoir plus sur les conséquences de l’assujettissement à la TVA.
e. La perte du versement forfaitaire libératoire suite au dépassement du plafond auto-entrepreneur
Vous avez opté pour le versement forfaitaire libératoire ?
Ce dispositif continuera à s’appliquer jusqu’à la fin de l’année suivant un premier dépassement des seuils de la micro-entreprise. Vous ne pourrez plus en bénéficier ensuite.
On vous en dit plus sur les conditions à remplir pour bénéficier du versement forfaitaire libératoire dans la suite de l’article .
f. La perte du bénéfice de l'ACRE
L’ACRE (une aide anciennement connue sous l’acronyme “ACCRE”) permet aux auto-entrepreneurs de bénéficier de taux de cotisations sociales réduits pendant leurs 4 premiers trimestres civils d’activité.
Vous en perdrez le bénéfice dès le premier jour du mois ou du trimestre suivant le dépassement du plafond (selon la périodicité déclarative choisie). Vous serez ainsi soumis quasi-immédiatement aux mêmes taux de cotisations sociales que les autres auto-entrepreneurs.
Pourquoi le chiffre d'affaires des auto-entrepreneurs est-il plafonné ?
Un régime avantageux...
Si le régime de l’auto-entreprise connaît un tel succès, c’est parce qu’il s’accompagne de règles avantageuses.
Il a été pensé pour permettre à des particuliers :
de lancer rapidement et facilement une petite activité indépendante, parfois en complément d'une activité salariée ou d'études (livreur, rédacteur, consultant,...) ;
ou de "tester" un projet d'entreprise plus ambitieux à moindre frais.
Concrètement, il permet notamment de bénéficier :
d'obligations administratives réduites : l'auto-entrepreneur n'a pas besoin de tenir une comptabilité lourde ;
d'un calcul simplifié de ses charges sociales et fiscales, en se contentant de déclarer son chiffre d'affaires ;
de la possibilité de s’acquitter de ses charges tous les mois ou tous les trimestres à travers un versement unique, proportionnel à son chiffre d'affaires ;
de formalités de création allégées : une simple déclaration de début d'activité permet de devenir auto-entrepreneur.
... Logiquement assorti de plafonds de chiffre d'affaires
Dès le lancement du régime de l’auto-entreprise en 2009 (désormais “micro-entreprise”), des limites de chiffre d’affaires ont été mises en place.
La raison est simple : il est particulièrement avantageux. Il s’agit donc d’en écarter des entreprises aux moyens plus importants, qui sont capables de supporter des charges fiscales et sociales plus importantes et des obligations comptables plus lourdes.
Par ailleurs, ce régime a été pensé pour une personne seule : s’il permet d’embaucher un salarié, un stagiaire ou un apprenti, il n’est bien souvent pas adapté aux entreprises qui recrutent du personnel.
Enfin, il n’est pas pertinent dans le cas d’activités qui supposent de lourdes dépenses, puisqu’il sera impossible de déduire celles-ci de son chiffre d’affaires.
J'ai dépassé les seuils de la micro-entreprise (ou j'anticipe un dépassement) : quelles sont mes alternatives ?
Vous avez franchi les plafonds de la micro-entreprise ? Vous prévoyez un dépassement dans les mois à revenir ?
Dans un premier temps, retenez que vous n’avez aucune démarche particulière à entreprendre.
Sans action de votre part, vous poursuivrez votre activité en tant qu’entrepreneur individuel “classique”.
Notre conseil : auto-entrepreneur ou entrepreneur individuel "classique", il peut être intéressant de basculer vers le régime de l'Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée (EIRL).
Celui-ci vous permettra de protéger votre patrimoine personnel en cas de faillite. Pour en bénéficier, vous devez en faire la demande auprès de votre Centre de Formalités des Entreprises.
Ne rien faire suite à la sortie du régime de la micro-entreprise ? Ce n'est pas toujours une bonne idée !
En effet, ces dépassements des plafonds auront des conséquences notables sur votre activité. Dans de nombreux cas, il serait plus pertinent de vous tourner vers d'autres formes juridiques plus adaptées.
Vous souhaitez continuer à entreprendre seul ? D'autres statuts, comme l'EURL ou la SASU, peuvent être plus judicieux.
Vous aimeriez travailler avec des associés ? Des structures comme la SAS ou la SARL sont susceptibles d'être pertinentes.
Nous vous suggérons d'anticiper les variations de votre chiffre d'affaires, et de commencer à éventuellement envisager un changement de statut plusieurs mois avant un risque de dépassement des plafonds !
Notre conseil : Avant de faire votre choix, il est vivement recommandé de vous rapprocher d'un expert-comptable, qui saura vous recommander le statut le plus adapté à votre activité.
Il pourra également vous accompagner dans la rédaction de vos statuts, la publication de la création de votre entreprise dans un journal officiel, la tenue de votre comptabilité, l'optimisation fiscale de votre projet, la recherche éventuelle de financements,...
Les seuils de TVA en 2021 : quelles sont les limites à ne pas dépasser ?
Une franchise en base de TVA au démarrage
Lorsqu’ils démarrent leur activité, les auto-entrepreneurs bénéficient d’une franchise en base de TVA (10).
Pour faire simple : tout se passe comme si la TVA n’existait pas.
Qu'est-ce que la TVA ?
Mise en place en 1954, la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est un impôt indirect sur la consommation.
Si son taux est généralement de 20%, il existe certaines exceptions (restauration, produits alimentaires préparés, certains services à la personne,...).
Cet impôt concerne, en principe, toutes les entreprises. Celles-ci doivent le collecter pour le compte de l'État.
Certaines entreprises sont toutefois exemptées de cette obligation : c'est le cas des micro-entreprises qui commencent leur activité.
La conséquence est double :
ils ont la possibilité de proposer une tarification plus faible que leurs concurrents soumis à la TVA, et/ou de s'octroyer des marges plus importantes ;
en contrepartie, ils ne peuvent pas récupérer la TVA sur leurs achats professionnels (outils, services, matériel,…).
Bon à savoir : toutes les entreprises qui respectent les seuils de TVA peuvent également bénéficier de la franchise de TVA – et ce quel que soit leur régime d'imposition.
Concrètement, au démarrage de votre activité :
Vous facturez sans TVA : tous vos prix sont libellés hors taxes (HT) ;
Vous devez apposer la mention "TVA non applicable - Article 293B du CGI" sur l'ensemble de vos devis et factures d'auto-entrepreneur.
Dans la plupart des cas, cette franchise est avantageuse.
Et c'est assez simple à comprendre : elle a été mise en place afin d'alléger les obligations administratives auxquelles sont soumises les petites entreprises, tout en leur permettant de bénéficier d'un coup de pouce face à des concurrents mieux armés qu'elles.
La franchise de TVA peut toutefois s'avérer pénalisante si votre activité nécessite des investissements importants (mais dans ce cas, le statut auto-entrepreneur n'est peut-être pas le plus adapté).
Franchise de TVA puis assujettissement à la TVA : exemple
Lucas est consultant micro-entrepreneur. Il a facturé une heure de conseil à un client pour 100 €.
Il vient de démarrer son activité, et n'est donc pas redevable de la TVA. Il va pouvoir ajouter l'intégralité de cette somme à son chiffre d'affaires HT.
En contrepartie, il ne pourra pas récupérer la TVA sur ses achats professionnels.
Deux ans plus tard, Lucas facture la même prestation.
Ayant dépassé les seuils de tolérance au début de l'année, il est désormais assujetti à la TVA. Il va devoir inclure la TVA dans ses factures.
Pour bénéficier d'un chiffre d'affaires HT identique, il devra cette fois facturer non pas 100 €, mais 120 € à son client.
Il devra ensuite reverser 20 € aux services fiscaux au titre de la TVA.
Application de la TVA à 20%, prix HT inchangé
Prix HT
100 €
TVA (20%)
20 €
Prix TTC
120 €
Lucas peut également décider de proposer un prix final identique à son client. Mais il devra pour cela réduire son prix hors taxes :
Application de la TVA à 20%, prix final inchangé
Prix HT
83,33 €
TVA (20%)
16,67 €
Prix TTC
100 €
L'idéal se situe peut-être entre ces deux extrêmes (par exemple, un tarif horaire de 92 €). Ceci permettra à Lucas de ne pas faire fuir ses clients, tout en évitant de trop rogner sur son chiffre d'affaires.
Notons enfin que Lucas aura désormais, en contrepartie, la possibilité de récupérer la TVA sur ses achats professionnels.
Bon à savoir : Vous avez la possibilité de demander à être assujetti à la TVA en contactant votre Service des Impôts des Entreprises (SIE).
Cette décision prendra effet au premier jour du mois de votre demande. Notez que vous ne pourrez alors plus profiter des avantages du statut de micro-entrepreneur : vous basculerez immédiatement dans le régime de droit commun de l'entreprise individuelle.
Des seuils de TVA désormais déconnectés des plafonds auto-entrepreneur
Les seuils de chiffre d’affaires pour bénéficier du régime de la micro-entreprise étaient autrefois alignés sur les seuils de TVA.
Ainsi, tous les auto-entrepreneurs bénéficiaient de la franchise de TVA.
Depuis 2017, les choses ont changé : avec le doublement des plafonds de chiffre d’affaires, il est possible d’être assujetti à la TVA tout en conservant le statut auto-entrepreneur (11).
L’auto-entrepreneur bénéficiera bien d’une franchise de TVA au lancement de son activité. Il sera toutefois susceptible de perdre celle-ci en cours de route, si son chiffre d’affaires devient trop important.
Quels sont les plafonds de franchise de TVA de l'auto-entrepreneur en 2021 ?
Pour votre activité d’auto-entrepreneur, il n’existe pas un, mais deux plafonds de TVA (12). Comme nous le verrons par la suite, le dépassement de l’un ou de l’autre n’aura pas les mêmes conséquences sur votre activité.
Seuils de franchise de TVA
Les premiers plafonds, ce sont les seuils de franchise de TVA (aussi appelés "limites basses").
Ils s'élèvent en 2021 à (13) :
85 800 € pour des activités d'achat-revente, de la vente de denrées à emporter ou à consommer sur place, des prestations d'hébergement (hôtellerie, chambres d'hôtes, locations meublées de tourisme, gîtes,...) (contre 82 800 € en 2018 et 2019) ;
34 400 € pour des activités de prestations de services commerciales et artisanales (BIC) ainsi que des activités libérales (BNC) (contre 33 200 € en 2018 et 2019).
Seuils de tolérance de TVA
Afin d'éviter une sortie trop brutale du régime de franchise de TVA, le législateur a prévu des seuils de tolérance (ou "limites hautes").
Il sera ainsi possible, sous certaines conditions, de continuer à profiter de la franchise de TVA si votre chiffre d'affaires annuel reste inférieur à :
94 300 € pour des activités d'achat-revente, de la vente de denrées à emporter ou à consommer sur place, des prestations d'hébergement (hôtellerie, chambres d'hôtes, locations meublées de tourisme, gîtes,...) (contre 91 000 € en 2018 et 2019) ;
36 500 € pour des activités de prestations de services commerciales et artisanales (BIC) ainsi que des activités libérales (BNC) (contre 35 200 € en 2018 et 2019).
Activité d'auto-entrepreneur mixte : quels seuils de TVA retenir ?
Vous avez la possibilité, en tant qu'auto-entrepreneur, d'exercer deux activités différentes. Et il est possible que ces deux activités ne relèvent pas du même plafond.
Dans ce cas, comme avec les seuils de chiffre d'affaires, les seuils de TVA ne s'additionnent pas.
Voici les seuils de franchise applicables :
Votre chiffre d’affaires annuel global doit rester inférieur à 85 800 € ;
et la part de chiffre d’affaires liée votre activité de prestations de services doit rester inférieure à 34 400 €.
Et voici les seuils de tolérance applicables :
Votre chiffre d’affaires annuel global doit rester inférieur à 94 300 € ;
et la part de chiffre d’affaires liée votre activité de prestations de services doit rester inférieure à 36 500 €.
Des seuils de TVA plus importants en Outre-mer
Votre micro-entreprise est domiciliée à la Réunion, en Guadeloupe ou en Martinique ? Vous avez la possibilité de profiter de seuils de TVA plus élevés.
Retrouvez ci-dessous les seuils de franchise de TVA applicables :
100 000 € pour une activité de vente de marchandises ou d'hébergement ;
50 000 € pour une activité de prestations de services ou une activité libérale.
Ainsi que les seuils de tolérance :
110 000 € pour une activité de vente de marchandises ou d'hébergement ;
60 000 € pour une activité de prestations de services ou une activité libérale.
Attention : cet avantage n'a été accordé qu'à titre expérimental. Il pourrait disparaître au cours des prochaines années.
À partir de quel niveau de chiffre d'affaires dois-je commencer à facturer la TVA ?
Premier cas : votre CA reste inférieur au seuil de franchise de TVA
Dans ce cas, aucune complexité : vous continuez à bénéficier de la franchise de TVA.
Vous ne facturez pas cet impôt à vos clients, et vous ne pouvez pas le récupérer sur vos dépenses professionnelles.
L’année suivante, si vous dépassez les seuils de franchise (limites basses) sans dépasser les seuils de tolérance (limites hautes), vous ne serez toujours pas soumis à la TVA.
Deuxième cas : votre CA est compris entre le seuil de franchise (limite basse) et le seuil de tolérance (limite haute) – c’est-à-dire entre 85 800 € et 94 300 € ou entre 34 400 € et 36 500 €.
Deux situations sont à distinguer :
” /> Il s’agit de votre première année d’activité :
Dans ce cas, vous continuez à bénéficier d’une franchise de TVA pendant l’intégralité de votre première année activité.
Notez qu’il conviendra, dès le début de la deuxième année, de prendre en compte le seuil de franchise au prorata du nombre de jours d’activité afin d’apprécier le dépassement en première année. Ainsi, si vous avez lancé votre auto-entreprise un 1er juillet, il faudra diviser ce plafond par deux.
ASi ce seuil de franchise proratisé a été dépassé lors de la première année, vous serez assujetti à la TVA dès le 1er janvier de la deuxième année.
On vous en dit plus sur les règles du prorata temporis en matière de franchise de TVA dans la suite de l’article.
Exemple
Virginie a lancé son site e-commerce le 1er juillet 2020, en tant qu'auto-entrepreneure.
Comme nous vous l'expliquons dans la suite de l'article, la règle du prorata temporis n'est pas prise en compte lors de la première année d'activité. Les seuils qui s'appliquent sont les suivants :
85 800 € pour le seuil de franchise ;
94 300 € pour le seuil de tolérance.
Le chiffre d'affaires de Virginie s'élève à 90 000 € pour sa première année d'activité. Elle dépasse ainsi le seuil de franchise (85 800 €), tout en restant sous le seuil de tolérance (94 300 €).
Virginie va pouvoir continuer à bénéficier de la franchise de TVA pendant la totalité de l'année 2020.
En revanche, pour sa deuxième année d'activité (en 2021), il faudra prendre en compte le plafond proratisé de TVA pour la première année, soit :
85 800 € / 2 = 42 900 € pour le seuil de franchise
Le seuil de franchise proratisé (42 900 €) a bien été dépassé en 2020. Virginie devra donc facturer la TVA tout au long de l'année 2021.
Il ne s'agit pas de votre première année d'activité
Vous allez devoir vous intéresser à votre CA de l'année précédente :
S'il était inférieur au seuil de franchise (85 500 ou 34 400 €), alors vous êtes toujours en franchise de TVA ;
S'il était déjà supérieur au seuil de franchise (85 500 ou 34 400 €), tout en restant inférieur au seuil de tolérance (94 300 € ou 36 500 €), alors votre micro-entreprise sera soumise à la TVA dès le 1er janvier de l'année suivante.
En clair : Si votre chiffre d'affaires reste, pendant deux années consécutives, entre les seuils de franchise de TVA et les seuils de tolérance, alors vous serez redevable de la TVA dès le début de l'année suivante.
Vous serez dans l'obligation de facturer la TVA dès le 1er janvier suivant ces deux années de dépassement du seuil de franchise.
Retenez que vous pouvez ainsi bénéficier d'un dépassement des seuils de franchise tous les deux ans sans avoir à facturer la TVA.
Exemple
Sandrine est agent d'assurance sous le statut d'auto-entrepreneur depuis 2015.
Cette activité de prestation de services commerciale relève des plafonds de 34 400 € (seuil de franchise) et de 36 500 € (seuil de tolérance)
Son chiffre d'affaires était de 35 000 € en 2020.
Peut-elle bénéficier de la franchise de TVA en 2021 ? Pour le savoir, elle va devoir s'intéresser à son chiffre d'affaires de 2019 :
si son CA de 2019 était inférieur au seuil de franchise (34 400 €), elle n'est pas redevable de la TVA en 2021. Pour pouvoir en bénéficier en 2022, son CA de l'année 2021 devra rester inférieur au seuil de franchise ;
si son CA de 2019 était supérieur au seuil de franchise (34 400 €), sans toutefois dépasser le seuil de tolérance (36 500 €), elle sera redevable de la TVA en 2021. En effet, elle aura dépassé le seuil de franchise au cours de deux années consécutives.
Troisième cas : votre CA annuel est supérieur au seuil de tolérance (limite haute, soit 36 500 € ou 94 300€).
Contrairement au dépassement du seuil de franchise, le dépassement du seuil de tolérance a un impact immédiat sur votre activité.
Si vous êtes concerné, vous serez rétroactivement assujetti à la TVA dès le premier jour du mois de dépassement. Vous ne bénéficierez d’aucune période de tolérance. Vous devrez continuer à facturer cet impôt l’année suivante.
Vous avez déjà envoyé des factures sans TVA à des clients au cours du mois de dépassement ? Vous serez contraint de leur transmettre des factures rectificatives.
Exemple
Jules est développeur web en auto-entrepreneur depuis plusieurs années. Il n'avait jusqu'ici jamais dépassé les seuils de TVA.
En tant que prestataire de services, son seuil de tolérance s'élève à 36 500 €.
Le 24 septembre 2019, il encaisse une facture de 2 000 € qui fait passer son CA HT de l'année de 35 000 à 37 000 €. Le seuil de tolérance a ainsi été dépassé.
Il va être redevable de la TVA, de manière rétroactive, à partir du 1er septembre.
S'il a envoyé des factures à des clients entre le 1er et le 24 septembre, il devra leur transmettre des factures rectificatives comportant la TVA.
Bon à savoir : Dans la pratique, il peut être assez complexe de savoir si vous êtes sorti du régime de franchise de TVA. Pour plus de clarté, n'hésitez pas à vous référer à cet exemple proposé par le Bulletin Officiel des Finances Publiques-Impôts.
N'hésitez pas à consulter ce tableau récapitulatif des plafonds de TVA pour 2021 :
Seuils de TVA de l'auto-entrepreneur en 2021
Chiffre d'affaires
Inférieur au seuil de TVA
Entre le seuil de franchise et le seuil de tolérance
Supérieur au seuil de tolérance
Activité de vente ou d'hébergement
CA < 85 800 €
85 800 € < CA < 94 300 €
CA < 94 300 €
Activité de services ou libérale
CA < 34 400 €
34 400 € < CA < 36 500 €
CA < 36 500 €
Conséquence
Vous n'êtes pas assujeti à la TVA
Vous serez assujetti dès le début de l'année suivant deux années consécutives de CA dans cet intervalle.
Vous êtes assujetti dès le 1er jour du mois de dépassement
Prorata temporis : quels seuils de TVA pour la première année d'activité ?
Les seuils que nous vous avons présentés concernent une année civile complète.
L’administration va-t-elle les réduire au prorata de la durée de votre premier exercice ? Ainsi, si vous avez lancé votre activité en milieu d’année, va-t-elle diviser ces plafonds par 2 ?
Oui et non.
Si vous êtes concerné et souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à dérouler l’onglet ci-dessous :
Dépassement des seuils de TVA : le cas particulier de la première année d'activité.
Il existe une règle spécifique pour la première année d'activité de votre micro-entreprise (14) :
Le prorata temporis va bien s'appliquer lors de votre première année d'activité, mais il ne sera pris en compte qu'à partir de la deuxième année pour apprécier un éventuel dépassement des plafonds.
Ainsi, vous allez devoir calculer votre seuil de franchise de TVA "proratisé". Ce seuil va dépendre du nombre de jours d'activité au cours de l'année de lancement de votre auto-entreprise.
Trois cas pourront alors se présenter :
Votre CA de la première année est inférieur au seuil de franchise "proratisé" : vous ne serez alors assujetti à la TVA ni la première, ni la deuxième année (à condition de ne pas dépasser le seuil de tolérance au cours de cette dernière)
Votre CA de la première année est supérieur à ce seuil de franchise "proratisé", sans dépasser le seuil de tolérance : vous serez redevable de la TVA à partir du 1er janvier de l'année suivante
Votre CA de la première année était supérieur au seuil de tolérance : vous serez assujetti à la TVA au cours de la première année (à partir du 1er jour du mois de dépassement) et de la deuxième année
Exemple
Luc a démarré le 1er octobre 2020 une activité de rédacteur web en auto-entrepreneur. Son chiffre d'affaires pour 2020 s'élève à 15 000 €.
Première année d'activité
Les seuils de franchise et de tolérance applicables s'élèvent respectivement à 34 400 € et 36 500 €.
Le seuil de tolérance n'a pas été dépassé en 2019 : Luc bénéficie donc d'une franchise de TVA tout au long de sa première année d'activité.
Deuxième année d'activité
Pour savoir si Luc va être assujetti à la TVA en 2021, il va falloir s'intéresser à son CA de 2020.
On prendra cette fois en compte son seuil de franchise de TVA proratisé, calculé en fonction du nombre de jours d'activité en 2020 :
36 500 * 91/366 jours = 9 075 €
Avec un CA de 15 000 €, Luc a bien dépassé ce seuil. Il devra donc facturer la TVA dès le 1er janvier 2020.
Si Luc avait généré un chiffre d'affaires de 5 000 € en 2020, il n'aurait pas été redevable de la TVA ni en 2020 ni en 2021 (à moins de dépasser le seuil de tolérance en 2021).
Si Luc avait généré un chiffre d'affaires de 50 000 € en 2020, il aurait été redevable de la TVA dès le 1er jour du mois de dépassement. Il aurait également été assujetti à la TVA tout au long de l'année 2021.
Suite au dépassement des seuils de TVA, je ne bénéficie plus de la franchise : quelles conséquences ?
Vous êtes micro-entrepreneur, et vous allez (ou avez déjà) quitté le régime de franchise de TVA ? Comme vous pouvez vous en douter, votre activité va devenir plus complexe à gérer.
Intéressons-nous aux principales conséquences de basculement.
Bon à savoir : Même assujetti à la TVA, vous pourrez continuer à bénéficier du régime de la micro-entreprise tant que vous ne dépassez pas, pendant deux années consécutives, le plafond propre à votre activité (176 200 ou 72 500 €).
Ainsi, vous relèverez :
du régime micro-fiscal pour l'imposition de vos bénéfices ;
du régime simplifié ou réel normal pour l'imposition à la TVA.
Facturer et récupérer la TVA
Vous devrez désormais faire apparaître la TVA sur vos devis et factures, afin de faire payer cet impôt à vos clients. Vous devrez ensuite le reverser à l'État.
En contrepartie, vous aurez la possibilité de récupérer la TVA sur vos achats professionnels.
Bon à savoir : Si vous avez encaissé des factures sans TVA au cours du mois du dépassement du seuil de tolérance, vous devrez transmettre des factures rectificatives à vos clients.
Créer un compte professionnel et demander un numéro de TVA intracommunautaire
Dans un premier temps, vous allez devoir créer votre compte professionnel sur Impots.gouv.fr. Celui-ci va vous permettre d’effectuer vos déclarations et vos paiements de TVA.
Nous vous invitons à prévoir un certain délai : en effet, vous allez recevoir un mot de passe par courrier. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous vous conseillons de prendre les devants, et d’ouvrir votre compte avant la perte de votre franchise de TVA.
Le Service des Impôts des Entreprises (SIE) dont vous dépendez vous transmettra ensuite un numéro de TVA intracommunautaire. Vous devrez mentionner celui-ci sur toutes vos factures, en veillant à retirer la mention “TVA non applicable, Article 293 B du CGI” qui y figurait auparavant.
Déclarer et reverser la TVA
Chaque année, vous devrez déclarer l’ensemble des opérations imposables réalisées au cours de l’année précédente.
Ainsi, vous renseignerez :
la TVA collectée auprès de vos clients ;
la TVA déductible de vos achats professionnels.
Ceci permettra de calculer le solde de TVA que vous devez reverser aux services fiscaux.
Bon à savoir : Si ce solde est négatif, vous aurez la possibilité d'obtenir un remboursement.
TVA micro-entrepreneur : un nouveau régime d'imposition
En tant que micro-entrepreneur, vous pouvez relever de deux régimes différents pour le calcul et le paiement de votre TVA (15) :
Le Régime simplifié d'imposition (RSI)
C'est le régime qui s'applique par défaut si votre chiffre d'affaires HT est inférieur à :
818 000 € pour des activités d'achat-revente et d'hébergement ;
247 000 € pour des prestations de services et des activités libérales.
Deuxième condition pour en bénéficier : le montant annuel de votre TVA exigible doit être inférieur à 15 000 €.
Si vous relevez de ce régime :
vous bénéficiez d'obligations comptables allégées : vous devez notamment déposer un bilan comptable simplifié ;
vous payez la TVA due tous les 6 mois (à travers le versement de deux acomptes, en juillet et en décembre) – ou tous les ans en juillet si vous payez moins de 1 000 € de TVA ;
vous n'envoyez qu'une seule déclaration par an (TVA CA12), en mai.
Le Régime réel normal (RN)
Ce régime, plus contraignant, s'appliquera si votre chiffre d'affaires HT annuel dépasse les seuils suivants :
818 000 € pour des activités d'achat-revente et d’hébergement ;
247 000 € pour des prestations de services et des activités libérales.
Vous êtes également concerné si votre TVA due est supérieure à 15 000 €.
Bon à savoir : Même si aucune de ces conditions n'est remplie, sachez que vous avez la possibilité de demander à relever de ce régime.
Vous devrez déposer un bilan comptable complet, en remplissant tous les ans une déclaration de TVA CA3.
Vous verserez des acomptes à une fréquence mensuelle (en cas de TVA due supérieure à 4 000 € par an) ou trimestrielle.
Versement forfaitaire libératoire : deux limites à respecter
Il existe un troisième et dernier plafond auto-entrepreneur. Il concerne ceux qui ont opté pour le Versement forfaitaire Libératoire (VFL).
Qu'est-ce que le VFL? Est-ce intéressant ?
Au lancement de votre micro-entreprise, vous avez la possibilité de choisir entre deux régimes fiscaux :
l'imposition "classique" : une déclaration chaque année, avec un paiement d'acomptes tous les mois ou tous les trimestres ;
le versement forfaitaire libératoire.
Ce dernier permet aux auto-entrepreneurs de s’acquitter, en un unique versement, des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu dus au titre de leur activité indépendante.
Les services fiscaux appliqueront un pourcentage supplémentaire à leur chiffre d'affaires afin de déterminer le montant de cet impôt.
Les avantages sont nombreux :
Vous bénéficiez de taux d'imposition très faibles (1, 1,7 ou 2,2% selon la nature de votre activité) ;
Vous vous acquittez en une seule fois de la totalité de vos impôts d'auto-entrepreneur ;
Votre fiscalité colle au plus près à votre chiffre d'affaires : vous réglez vos impôts chaque mois ou chaque trimestre, en fonction du CA que vous avez déclaré.
Même si cette option semble très attractive du fait de taux alléchants, elle n'est pas toujours la plus optimale. En effet, elle ne vous permet pas :
de bénéficier de l'abattement forfaitaire pour frais professionnels ;
de "profiter" de la première tranche de l'impôt sur le revenu (10 064 euros non imposés)
Est-il avantageux d'opter pour le versement forfaitaire libératoire ?
Il est difficile de vous aider à faire votre choix, qui va dépendre de nombreux paramètres. Nous souhaitons toutefois vous proposer quelques pistes.
Notez tout d'abord que, si les revenus de votre foyer fiscal sont modestes, vous n'êtes peut-être même pas imposable. C'est le cas en 2020 si vos revenus 2019 sont inférieurs à 15 303 € par part de quotient familial.
Ceci correspond, après prise en compte de l'abattement fiscal forfaitaire, à un chiffre d'affaires auto-entrepreneur inférieur à :
50 769 € pour une activité de vente de marchandises ;
30 606 € pour une activité de prestations de services commerciales ou artisanales ;
23 186 € pour une activité libérale ou une activité de prestations de services relevant des BNC.
Dans ce cas, si vous n'avez pas d'autres sources de revenus, mieux vaut ne pas opter pour le VFL. En effet, vous n'aurez aucun impôt à payer en ne prenant pas cette option.
Bon à savoir : si l'on parle de versement "libératoire", c'est parce que vos revenus d'auto-entrepreneur ne seront pas ajoutés à vos autres revenus imposables pour calculer votre impôt.
En revanche, ces revenus seront réintégrés fictivement dans votre revenu imposable afin de déterminer votre taux d'imposition. Ils auront donc un impact sur la fiscalité des éventuelles autres sources de revenus de votre foyer fiscal.
Retenez que, comme nous vous l'indiquons dans notre article consacré à la fiscalité de l'auto-entrepreneur, que ce dispositif est intéressant en 2021 (déclaration des revenus de 2020) pour un célibataire sans enfant et sans revenu annexe si son revenu d'auto-entrepreneur est supérieur à 14 500 € (chiffre d'affaires après abattement fiscal).
Ce seuil correspond à un chiffre d'affaires HT brut de :
50 000 € pour une activité de vente de marchandises
29 000 € pour une activité de prestations de services commerciales ou artisanales
22 000 € pour une activité libérale ou une activité de prestations de services relevant des BNC
Bon à savoir : ces conseils sont à prendre avec des pincettes.
En effet, nous avons calculé qu'en cas de mauvais choix, l'impôt supplémentaire à payer sera bien plus important si vous optez pour le micro-fiscal (alors que le VFL était plus intéressant) que l'inverse.
Si vous avez du mal à anticiper vos revenus d'auto-entrepreneur, mieux vaut, bien souvent, jouer la sécurité en optant pour le VFL – quitte à risquer de payer quelques centaines d'euros d'impôts annuels supplémentaires.
Si vous êtes marié, avez des enfants et/ou disposez d'autres sources de revenus, les calculs sont bien plus complexes ! Nous vous invitons à réaliser une simulation afin de tenter de savoir si le VFL pourrait être intéressant. Même s'il peut être difficile de prédire efficacement vos revenus d'auto-entrepreneur, vous pourrez ainsi vous faire une idée de la pertinence de ce dispositif.
Ce simulateur vous permettra de connaître votre impôt en fonction des revenus de votre foyer fiscal, tandis que celui-ci vous aidera à prévoir le montant de votre VFL (ainsi que celui de vos cotisations sociales).
Micro-entreprise : quels sont les deux plafonds de chiffre d'affaires du versement fiscal libératoire ?
Vous souhaitez pouvoir bénéficier du versement forfaitaire libératoire cette année (année N) ?
Vous allez devoir respecter deux plafonds :
Premier plafond : les revenus de votre foyer fiscal en N-2 sont inférieurs à 27 519 € par part de quotient familial
Pour pouvoir bénéficier du VFL en année N, vous allez devoir vous intéresser à votre revenu fiscal de référence de l'avant-dernière année (N-2).
Ainsi, afin d'opter pour le versement forfaitaire pour l'année 2020, votre revenu fiscal de référence de 2018 (indiqué sur votre avis d'imposition 2019) doit respecter ce seuil.
Il ne doit pas dépasser 27 519 € pour une part de quotient familial.
Ce plafond correspond à :
27 519 € pour une personne seule ;
55 038 € pour un couple ;
68 798 € pour un couple avec un enfant ;
82 557 € pour un couple vec deux enfants.
Bon à savoir : Avant d'être ajouté à votre revenu fiscal de référence, votre chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur fera l'objet d'un abattement forfaitaire pour frais professionnels (de 34, 50 ou 71%)
La conséquence : si votre conjoint dispose de revenus importants, vous n'allez peut-être pas pouvoir bénéficier du VFL – et ce même si le chiffre d'affaires dégagé par votre micro-entreprise est relativement faible.
Deuxième plafond : Votre chiffre d'affaires en N-1 ne doit dépasser pas les seuils de CA de la micro-entreprise
Votre chiffre d'affaires de l'année précédent l'option pour le VFL doit être inférieur au seuils de la micro-entreprise :
176 200 € pour des activités d'achat-revente, de fournitures de denrées à emporter ou à consommer sur place, ou de prestations d'hébergement (chambres d'hôtes, hôtels, gîtes ruraux,...) ;
72 500 € pour les autres prestations de services relevant des BIC, ainsi que les activités libérales relevant des BNC.
Notez que vous ne pourrez pas bénéficier du VFL au titre de l'année N si vous n'êtes plus auto-entrepreneur au cours de cette même année N (16).
Bon à savoir : Afin de pouvoir bénéficier du VFL, vous devez en faire la demande à l'Urssaf, au plus tard le 30 septembre de l'année. Le dispositif sera alors mis en place dès l'année suivante.
Sachez que vous pouvez également prendre cette option au plus tard le dernier jour du 3ᵉ mois suivant la création de votre micro-entreprise. Le dispositif sera alors appliqué immédiatement.
Je ne peux plus bénéficier du VFL : que puis-je faire ?
Sachez que d’autres solutions peuvent vous permettre d’alléger votre pression fiscale.
Vous pouvez par exemple :
fermer votre auto-entreprise et créer une "vraie" société (EURL, SASU,..), si celle-ci suppose des dépenses importantes et qu'une telle structure serait mieux adaptée ;
apporter une partie de votre activité à une société. Les revenus de votre activité seront désormais soumis à l'impôt sur les sociétés ;
mettre en place une stratégie de défiscalisation (investissement en PME, immobilier Pinel, FCPI,...).
Plafonds auto-entrepreneur 2021 : notre tableau récapitulatif des limites de chiffre d'affaires en micro-entreprise
Vous retrouverez dans le tableau ci-dessous les plafonds auto-entrepreneur 2021 – aussi bien les seuils de franchise de TVA que les plafonds du régime de la micro-entreprise.
Plafonds de chiffre d'affaires et de TVA de l'auto-entrepreneur en 2021
Nature de l'activité
Seuils de franchise de TVA
Seuils de tolérance de TVA
Plafonds de CA de la micro-entreprise
Activité de vente ou d'hébergement *
85 800 €
94 300 €
176 200 €
Activité de prestations de services ou libérales **
34 400 €
36 500 €
72 500 €
Conséquence
Assujettissement à la TVA si dépassement pendant 2 années consécutives
Assujettissement à la TVA dès le 1er jour du mois de dépassement
Sortie du régime auto-entrepreneur si dépassement pendant 2 années consécutives
*Activité de vente ou d'hébergement : achat-revente de marchandises, objets, fournitures et denrées à emporter ou à consommer sur place / prestations d'hébergement (hors locations meublées autres que les chambres d'hôtes, les gîtes ou les locations meublées de tourisme)
** Activité de prestations de services : commerciales, artisanales (+ location meublée "classique") / Activités libérales et prestations de services relevant des BNC
Chiffre d'affaires maximum de l'auto-entrepreneur : questions fréquentes
Vous vous pouvez certaines questions au sujet des plafonds et des seuils de chiffre d’affaires de l’auto-entreprise ?
Voici nos réponses aux questions fréquemment posées !
Les 3 plafonds de chiffre d'affaires de la micro-entreprise
Quels sont les plafonds de chiffre d'affaires du régime de la micro-entreprise en 2021 ?
En 2021, les chiffres d'affaires à ne pas dépasser pour bénéficier du régime de la micro-entreprise s'élèvent à :
176 200 € pour une activité de vente de marchandises ou d'hébergement ;
72 500 € pour une activité de prestations de services ou une activité libérale.
Si vous dépassez ces limites au cours de deux années civiles consécutives, vous quitterez le régime de la micro-entreprise dès le 1er janvier de l'année suivante.
Vous relèverez alors du régime de droit commun de l’entreprise individuelle. Vous ne pourrez plus bénéficier du régime micro-fiscal et du régime micro-social simplifié.
À combien s'élèvent les seuils de franchise de TVA de l'auto-entrepreneur en 2021 ?
Il existe deux types de seuils de TVA.
1. Les seuils de franchise de TVA
En 2021, ces seuils s'élèvent à :
85 800 € pour une activité de vente de marchandises ou d'hébergement ;
34 400 € pour une activité de prestations de services ou une activité libérale.
Un léger dépassement de ces seuils au cours d'une année N n'aura aucune conséquence – ni en N, ni en N+1.
En revanche, en cas de léger dépassement au cours deux années consécutives, vous serez assujetti à la TVA dès l'année suivante.
2. Les seuils de tolérance de TVA
Plus élevés que les seuils de franchise, ils s'élèvent à ;
94 300 € pour une activité de vente de marchandises ou d'hébergement ;
36 500 € pour une activité de prestations de services ou une activité libérale.
Dès que vous dépassez ces seuils, vous quitterez le régime de franchise de TVA dès le 1er jour du mois suivant le dépassement.
Si vous êtes assujetti à la TVA, vous devrez la facturer à vos clients. En contrepartie, vous pourrez la déduire de vos achats. Ces transactions devront faire l'objet d'une déclaration périodique aux services fiscaux.
Quelle est la limite de chiffre d'affaires de l'option pour le versement forfaitaire libératoire (VFL) ?
Vous souhaitez opter pour le dispositif du versement forfaitaire libératoire au cours de l'année N ?
Deux conditions doivent être respectées :
Votre revenu fiscal de référence de l'année N-2 ne doit pas dépasser 27 519 € pour une part de quotient familial (RFR de 2018 pour une application en 2020) ;
Votre chiffre d'affaires de l'année N-1 ne doit pas avoir dépassé les plafonds du régime de la micro-entreprise (176 200 € ou 72 500 €).
Questions diverses
Quelle différence entre les seuils et les plafonds de la micro-entreprise ?
Tout au long de son activité, l'auto-entrepreneur est confronté à deux types de limites de chiffre d'affaires :
les seuils de franchise de TVA ;
les plafonds de chiffre d'affaires de la micro-entreprise.
Lorsque l'on évoque les seuils de la micro-entreprise, on fait parfois référence aux seuils de franchise de TVA. Ce sont les limites en dessous desquelles l'auto-entrepreneur n'aura pas à facturer la TVA.
Il aura la possibilité, tout au long de son activité, de dépasser légèrement ces seuils une année sur deux, sans aucune conséquence.
S'il les dépasse pendant deux années consécutives (sans dépasser les seuils de tolérance), il devra facturer la TVA dès le début de l'année suivante.
Lorsque l'on parle des plafonds de la micro-entreprise, il s'agit généralement des limites de chiffre d'affaires permettant de conserver le bénéfice du régime de la micro-entreprise.
Là encore, il est possible de dépasser ces plafonds une année sur deux.
Si ces plafonds sont dépassés deux années de suite, alors l'intéressé ne pourra plus bénéficier, dès l'année suivante, du régime de la micro-entreprise : il basculera en entreprise individuelle "classique".
J'ai dépassé les plafonds auto-entrepreneur pendant 2 années consécutives – que dois-je faire ?
Vous n'avez pas de démarche particulière à entreprendre dans l'immédiat.
Vous relèverez désormais du régime de droit commun de l'entreprise individuelle. Ceci suppose notamment des obligations déclaratives accrues et un nouveau mode de calcul de vos charges sociales et fiscales.
Il pourra toutefois être préférable, dans certains cas, de migrer vers un autre statut juridique, plus adapté à votre activité.
Nous sommes en fin d'année, et je risque de dépasser l'un des plafonds de l'auto-entreprise : que puis-je faire ?
Bonne nouvelle : comme c'est seulement le chiffre d'affaires effectivement encaissé qui est pris en compte pour apprécier le dépassement des plafonds, vous pourrez, dans certains cas, parvenir à "retarder" cet événement.
Voici quelques pistes :
Demander à des clients de patienter avant de régler une facture ;
Retarder la facturation de certaines prestations à l'année suivante ;
Avoir recours aux services d'une société de portage pour facturer certaines prestations – une société qui pourrait ne vous rémunérer qu'à partir de l'année suivante.
Bon à savoir : Si vous avez des investissements à réaliser, il peut être intéressant d'attendre la perte de la franchise de TVA. Vous aurez ainsi la possibilité de récupérer cet impôt sur vos achats professionnels.
Quelles sont les autres limites du statut auto-entrepreneur ?
Au-delà des plafonds de chiffre d'affaires du régime de la micro-entreprise et des seuils de TVA, il existe d'autres limites (ou inconvénients) inhérents au statut auto-entrepreneur.
En voici quelques-uns :
vous ne pouvez pas déduire vos dépenses professionnelles dans le calcul de vos charges fiscales et sociales ;
vous ne pouvez pas récupérer la TVA sur ses achats ;
il est compliqué (mais pas impossible) d'embaucher un salarié ;
vous ne pouvez pas vous associer, et vous aurez du mal à obtenir des financements ;
vous ne pouvez pas bénéficier d'une assurance chômage (sauf sous certaines conditions très strictes). Par ailleurs, en cas de cumul chômage / activité d'auto-entrepreneur, vos allocations seront plus ou moins réduites en fonction de votre chiffre d'affaires ;
il s'agit d'un statut risqué si vous n'avez pas opté pour l'EIRL ou effectué une déclaration d'insaisissabilité ;
vous devez réaliser un minimum de chiffre d'affaires afin de pouvoir valider des trimestres de retraite.
Quel est le chiffre d'affaires minimum pour valider 4 trimestres de retraite en micro-entreprise ?
L'auto-entrepreneur devra dépasser certains seuils de chiffre d'affaires s'il souhaite valider des trimestres de retraite au titre d'une année civile d'activité.
Vous pouvez retrouver l'ensemble de ces seuils, qui dépendent de l'activité exercée, dans le tableau ci-dessous :
Auto-entrepreneur : chiffre d'affaires minimum pour valider des trimestres de retraite en 2021
Nature de l'activité
Chiffre d'affaires à réaliser pour valider...
1 trimestre
2 trimestres
3 trimestres
4 trimestres
Vente de marchandises, hébergement et restauration
4 137 €
7 286 €
10 426 €
20 740 €
Prestations de services commerciales ou artisanales (BIC)
2 412 €
4 329 €
6 071 €
12 030 €
Prestations de services BNC et activités libérales ne relevant pas de la CIPAV
Plafonds et seuils de TVA en micro-entreprise : conclusion
C'est terminé pour cet article sur les plafonds de l'auto-entrepreneur pour l'année 2021 !
Vous devrez vous efforcer de rester vigilant tout au long de l'exercice de votre activité, en veillant à anticiper un éventuel dépassement des plafonds auto-entrepreneur – qu'il s'agisse des limites de chiffre d'affaires du régime de la micro-entreprise ou des seuils de franchise de TVA.
Il pourrait alors être, dans certains cas, pertinent de vous tourner vers une autre forme juridique pour poursuivre votre activité.
Des zones d'ombre subsistent au sujet des plafonds de chiffre d'affaires de l'auto-entrepreneur ? Tout n'a pas été suffisamment clair concernant le dépassement des seuils de TVA en micro-entreprise ?
Vous venez (ou êtes sur le point) de dépasser certaines limites et vous êtes perdu ?
N'hésitez pas à laisser un message dans l'espace commentaires ci-dessous, nous nous ferons un plaisir d'y répondre !
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