L’abattement forfaitaire de l’auto-entrepreneur pour frais et charges : Tout savoir sur ce calcul fiscal
Qu'est-ce que l'abattement auto-entrepreneur ?
C'est probablement la question que vous vous posez si vous avez récemment créé votre micro-entreprise, ou si vous êtes sur le point de vous lancer.
Ce dispositif, qui constitue l'une des spécificités du régime fiscal de la micro-entreprise, permet de simplifier l'imposition de l'auto-entrepreneur.
Plutôt que de calculer le bénéfice réel de l'auto-entrepreneur (chiffre d'affaires - charges), l'administration fiscale va appliquer un abattement fixe (dit "forfaitaire") à son chiffre d'affaires.
Cet abattement va permettre de prendre en compte ses dépenses présumées dans l'exercice de son activité.
Dans cet article, nous nous efforcerons de répondre aux questions suivantes :
Qu'est-ce que l'abattement forfaitaire de l'auto-entrepreneur ? Quels auto-entrepreneurs sont concernés par cette déduction ?
Quels sont les taux d'abattement forfaitaire en micro-entreprise en 2023 ? Pourquoi diffèrent-ils selon la nature de l'activité exercée (micro-BIC ou micro-BNC) ?
Comment cette exonération permet-elle de calculer l'impôt de l'auto-entrepreneur ?
Qu'est-ce que le versement libératoire ? Pourquoi l'auto-entrepreneur ne peut plus bénéficier d'un abattement s'il choisit cette option fiscale ?
L'auto-entrepreneur doit-il appliquer l'abattement forfaitaire dans ses déclarations auprès de l'Urssaf, de la CAF et de Pôle Emploi ?
Qu'est-ce que l'abattement forfaitaire auto-entrepreneur ?
Dans cette partie, nous allons tenter de comprendre la raison d'être de l'abattement auto-entrepreneur, ainsi que son fonctionnement.
Une comptabilité allégée, qui ne permet pas de calculer le bénéfice réel
de tenir un livre-journal, dans lequel vous enregistrez vos recettes de manière chronologiques ;
d'établir un registre des achats si vous exercez une activité de commerce ;
d'émettre des factures aux normes.
La conséquence : vous n'avez pas la possibilité de déterminer votre bénéfice réel d'auto-entrepreneur.
En effet, vous ne pouvez pas, comme le fait une entreprise individuelle "classique", calculer la somme de vos dépenses professionnelles. Il vous est donc impossible de déduire vos charges du montant de votre chiffre d'affaires.
L'exception des frais de débours
Certains frais professionnels peuvent être toutefois déduits du chiffre d'affaires de l'auto-entrepreneur : il s'agit des frais de débours.
Ce sont des sommes avancées par l'auto-entrepreneur spécifiquement pour le compte d'un de ses clients : achat de matériel, de courses alimentaires, frais de déplacement,...
L'auto-entrepreneur ne déclare que son chiffre d'affaires
En tant qu’auto-entrepreneur, vous allez vous contenter de déclarer votre chiffre d’affaires encaissé.
Vous produirez une déclaration :
tous les mois ou tous les trimestres à l'Urssaf ;
tous les ans (au printemps) à l'administration fiscale.
Votre chiffre d'affaires constitue le seul montant qui permettra de déterminer votre impôt sur le revenu (mais également vos cotisations sociales).
Vos dépenses réelles – que vous n'avez pas besoin de calculer ou de justifier – n'auront ainsi aucun impact sur le calcul de vos charges obligatoires.
Bon à savoir : vous ne bénéficiez pas d'abattement pour le calcul de vos cotisations sociales. Le taux de cotisations prend toutefois déjà en compte, toujours de manière forfaitaire, vos dépenses professionnelles. On vous en dit plus dans la suite de l'article.
Un abattement sur le chiffre d'affaires, représentatif des dépenses professionnelles
Comme vous ne pouvez pas imputer vos dépenses réelles à votre chiffre d’affaires, les services fiscaux vont vous permettre de bénéficier d’un abattement forfaitaire pour frais et charges.
Cette déduction est censée être représentative des dépenses professionnelles nécessaires à l’exercice de votre activité d’auto-entrepreneur. Elle va permettre de simplifier la prise en compte de vos charges professionnelles.
L’abattement du régime micro va ainsi venir, à travers un forfait, “remplacer” l’ensemble des dépenses auxquelles vous pouvez être amené à faire face :
L'achat de marchandises, de matières premières, de machines, d'outils,...
La location d'un bureau ou d'un local ;
L'achat de matériel de bureau (ordinateur, imprimante,...) et de fournitures (papier, classeurs, timbres,...) ;
La création et l'hébergement d'un site internet destiné à promouvoir vos offres ;
L'abonnement à des logiciels "SaaS" (suite bureautique, logiciel graphique, logiciel de facturation,...) ;
Des dépenses de communication (flyers, publicité sur internet,...) ;
Des primes d'assurance ;
Des frais de sous-traitance ;
etc.
En pratique, l'abattement correspond à un pourcentage fixe ("forfaitaire") de votre chiffre d'affaires. Son taux va dépendre du secteur d'activité de votre micro-entreprise.
Vous serez ainsi imposé uniquement sur une portion de votre chiffre d'affaires.
Le calcul du revenu imposable de l'auto-entrepreneur
Le calcul suivant va être effectué pour déterminer votre revenu imposable :
Le revenu ainsi obtenu sera ajouté aux éventuels autres revenus de votre foyer fiscal (salaires, revenus fonciers,...), et permettra de déterminer le montant de votre impôt.
Comment l'auto-entrepreneur doit-il calculer son chiffre d'affaires ?
Votre chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur correspond à l'ensemble des rentrées d'argent enregistrées sur votre compte bancaire au cours d'une période.
Il s'agit des sommes encaissées, pas des sommes facturées (un ou plusieurs clients peuvent mettre plusieurs semaines avant de vous régler).
Notez par ailleurs que vous devrez déclarer votre chiffre d'affaires hors taxe. Cette précision est importante si votre micro-entreprise est assujetti à la TVA, après avoir dépassé le plafond de franchise.
Votre revenu imposable d'auto-entrepreneur sera également utilisé :
par la CAF, pour calculer vos droits à des aides sociales (RSA, prime d'activité,...) ;
par Pôle Emploi si vous êtes auto-entrepreneur et salarié, afin de déterminer le montant de votre allocation chômage.
Bon à savoir : au-delà de l'impossibilité de déduire vos charges, le régime micro-fiscal vous empêche de bénéficier de la réduction d'impôt pour frais de comptabilité et frais d'adhésion à un centre de gestion ou à une association agréés.
Abattement forfaitaire : quels auto-entrepreneurs sont concernés ?
Vous souhaitez pouvoir bénéficier d’un abattement forfaitaire ?
Tout d’abord, vous devez ne pas avoir choisi le régime optionnel de versement libératoire.
En effet, avec cette option, l’Urssaf calcule directement vos impôts d’auto-entrepreneur en multipliant votre chiffre d’affaires par un taux forfaitaire. Vous ne bénéficiez dès lors d’aucun abattement pour frais professionnels.
Deuxième condition pour bénéficier du régime micro-fiscal (et donc d’un abattement) : votre chiffre d’affaires annuel HT encaissé ne doit pas dépasser les plafonds auto-entrepreneur.
Ceux-ci s’élèvent en 2023, 2024 et 2025 à :
188 700 € par an pour des activités d'achat revente et des prestations d'hébergement (hors locations meublées autres que les chambres d'hôtes, les gîtes ou les locations meublées de tourisme) ;
77 700 € par an pour des prestations de services commerciales et artisanales et des activités libérales.
En cas de dépassement durant deux années consécutives, vous serez contraint de quitter le régime de la micro-entreprise dès le 1er janvier de l'année suivante.
Bon à savoir : Vous continuerez à bénéficier de l'abattement forfaitaire durant ces deux années de dépassement.
Notez que la règle du prorata temporis s'applique pour une création de micro-entreprise en cours d'année.
Par exemple, si vous êtes chauffeur VTC et lancez votre activité le 1er juillet 2023, le plafond de CA à respecter pour votre première année sera égal 72 500 € x (183/365) = 36 349 €.
Bon à savoir : vous ne pouvez pas bénéficier de l'abattement auto-entrepreneur si vous vendez un bien utilisé pour votre activité professionnelle (on parle alors de cession d'élément d'actif).
Le résultat de cette vente sera imposé selon un régime différent : il s'agit du régime des plus ou moins-values professionnelles.
Auto-entrepreneur : quels taux d'abattement forfaitaire en 2023 ?
Un pourcentage d'abattement forfaitaire variable selon le secteur d'activité
Le taux de l’abattement pour frais professionnels de l’auto-entrepreneur va dépendre de la nature de l’activité exercée.
Voici les pourcentages applicables en 2023 :
71% du chiffre d'affaires pour des activités d'achat-revente et de prestations d'hébergement (à l'exception de la location meublée) ;
50% du chiffre d'affaires pour des prestations de services commerciales ou artisanales, ainsi que de la location meublée ;
34% du chiffre d'affaires pour des activités libérales ou d'agent commercial.
Exemple
Lucie est antiquaire en tant qu'auto-entrepreneure.
Elle a réalisé un CA de 10 000 € en 2023.
L'administration fiscale va calculer un abattement forfaitaire correspondant aux dépenses professionnelles présumées. Il sera égal à :
Abattement forfaitaire = 10 000 € x 71% = 7 100 €
Lucie ne sera ainsi imposée que sur son revenu forfaitaire :
Bon à savoir : Quelle que soit la nature de votre activité d'auto-entrepreneur, vous pouvez bénéficier d'une déduction forfaitaire minimum de 305 euros.
Par exemple, si vous êtes prestataire de services (abattement de 50%), vos revenus d'auto-entrepreneur ne seront pas ajoutés à votre revenu imposable tant que votre CA reste inférieur (305 / (1-50%)) = (305 / 50%) = 610 euros.
Quel abattement forfaitaire en cas d'activité mixte ?
Si vous exercez plusieurs activités de nature différente (on parle alors d'activité mixte), les abattements forfaitaires seront calculés séparément pour chaque portion du CA réalisé par chacune de ces activités.
Vous bénéficierez cette fois d'un abattement minimum de 610 €.
Exemple : Michel est auto-entrepreneur. Il cumule deux activités de nature différente :
une activité de vente de marchandises : son CA 2023 s'élève à 50 000 € ;
une activité de prestation de service commerciale : son CA 2023 s'élève à 20 000 €.
Afin de déterminer son impôt 2024 (revenus de l'année 2023), l'administration fiscale va retenir :
pour son activité de vente de marchandises : 50 000 € x (1 - 71%) = 50 000 € x 29% = 14 500 € ;
pour son activité de prestation de service : 20 000 € x (1 - 50%) = 20 000 € x 50% = 10 000 €.
C'est donc un total de 14 500 € + 10 000 € = 24 500 € qui sera ajouté à son revenu net imposable au titre de l'année 2023.
Les différentes activités qu'il est possible d'exercer en tant qu'auto-entrepreneur sont réparties dans deux groupes d'imposition, qui correspondent à des taux d'abattement différents :
Le micro-BIC (Bénéfices Industriels et Commerciaux) ;
Et le micro-BNC (Bénéfices Non Commerciaux).
Intéressons-nous de plus près aux abattements propres à chacun de ces régimes.
Les taux d'abattement auto-entrepreneur en micro-BIC (vente de marchandises, prestataire de services,...)
Les auto-entrepreneurs exerçant une activité commerciale ou artisanale appartiennent à la catégorie des micro-BIC.
Au sein même de cette catégorie, les taux d’abattement vont varier selon la nature de l’activité exercée :
Activité de commerce
Les auto-entrepreneurs concernés sont ceux qui vendent :
des produits achetés et revendus en l'état (commerce de gros ou détail) ;
des produits conçus à partir de matières premières ;
des denrées à consommer sur place.
Le taux d'abattement forfaitaire des auto-entrepreneurs qui pratiquent une activité de commerce s'élève à 71%.
Ainsi, leur revenu imposable correspond à 29% de leur chiffre d'affaires.
Fourniture de logement
Le pourcentage d'abattement dont bénéficient les auto-entrepreneurs exerçant une activité de fourniture de logement s'élève lui aussi à 71% du chiffre d'affaires.
Sont concernées les activités suivantes :
Hôtels et chambres d'hôtes ;
Gîtes ;
Locations saisonnières de meublés de tourisme.
Bon à savoir : les activités de location d'habitations meublées ne relèvent pas de cette catégorie.
Ils sont donc imposés uniquement sur 50% de leur chiffre d'affaires.
On retrouve notamment les activités suivantes :
Des prestations de services commerciales : agent immobilier, agent de sécurité, coursier,...
Des prestations de services artisanales : chauffeur VTC, carreleur, plombier, coiffeur,...
Les pourcentages d'abattement de l'auto-entrepreneur en micro-BNC (activité libérale ou agent commercial)
Le pourcentage d’abattement des auto-entrepreneurs qui exercent une activité libérale s’élève à 34% de leur chiffre d’affaires (ou de leurs recettes) déclarés.
Ils sont donc imposés sur 66% de leur chiffre d’affaires.
Parmi les activités libérales qui peuvent être exercées en micro-entreprise, on retrouve notamment :
des activités de formation (enseignant, coach sportif,...) ;
des activités de conseil et d'expertise (conseiller financier, consultant en informatique,...) ;
des activités de médecine douce (ostéopathe, sophrologue,...) ;
des activités artistiques (graphiste, maquettiste,...).
L'agent commercial auto-entrepreneur relève lui aussi du régime fiscal micro-BNC. Il bénéficie donc également d'un abattement de 34% de son CA.
Retrouvez ci-dessous un tableau récapitulatif des taux d'abattement forfaitaire en fonction de la nature de l'activité exercée, ainsi que les plafonds de chiffre d'affaires à respecter :
Abattement fiscal forfaitaire de l'auto-entrepreneur en 2023
Nature de l'activité
Exemples
Abattement forfaitaire
Plafond annuel de CA
- Achat-revente de marchandises ou d'objets - Vente de produits fabriqués à partir de matières premières - Denrées à consommer sur place
Achat-revente de timbres, création-vente de bijoux, restaurant,...
71%
176 200 €
Fourniture de logement
Chambres d'hôtes, gîtes, meublés de tourisme en location saisonnière,...
71%
176 200 €
Prestations de services commerciales ou artisanales
Coursier à vélo, chauffeur VTC, menuisier, charpentier, réparateur de véhicules, coiffeur, esthéticien,...
50%
72 500 €
Activités libérales ou agent commercial (BNC)
Coach sportif, conseiller financier, consultant en informatique, naturopathe,...
34%
72 500 €
Bon à savoir : si vous le souhaitez, vous pouvez renoncer au régime fiscal de la micro-entreprise.
Ce choix pourrait être judicieux si vous estimez que vos frais réels devraient être plus importants que l'abattement forfaitaire dont vous pouvez bénéficier.
Pourquoi le taux d'abattement forfaitaire est-il différent selon l'activité exercée ?
Comme nous avons pu le voir, le taux d’abattement forfaitaire de l’auto-entrepreneur diffère selon la nature de l’activité exercée (achat-revente, prestation de service ou activité libérale).
La raison est simple : tous les travailleurs indépendants ne font pas face aux mêmes charges.
Par exemple, le propriétaire d’un site e-commerce devra effectuer de nombreuses dépenses professionnelles : achat de stock, location d’un entrepôt, conception et maintenance d’un site web, publicité et marketing, fournitures, assurances,…
C’est la raison pour laquelle il bénéficie d’un abattement forfaitaire important, égal à 71% de son chiffre d’affaires. L’administration fiscale considère ainsi que, pour 100 € de CA, l’auto-entrepreneur va réaliser en moyenne 71 € de dépenses professionnelles.
À l’inverse, un graphiste va avant tout “vendre” son expertise, et devrait avoir des dépenses limitées. Il lui suffira d’un ordinateur, d’un bureau et de quelques logiciels pour se lancer.
Il est donc logique que son taux d’abattement fiscal (34%) soit relativement faible.
Il est assez simple de savoir si l’abattement forfaitaire du régime de la micro-entreprise est fiscalement avantageux.
Si le montant de vos dépenses professionnelles réelles est inférieur à l’abattement, vous êtes gagnant : vous serez imposé sur un bénéfice forfaitaire plus faible que votre bénéfice réel.
Exemple
Michel est auto-entrepreneur en prestation de services commerciale.
Son chiffre d'affaires 2023 s'élève à 20 000 €. Ses dépenses sont relativement faibles : seulement 3 000 € sur la même année.
Ainsi, son bénéfice réel est de 20 000 € - 3 000 € = 17 000 €. Mais comme il est auto-entrepreneur, celui-ci n'a aucune importance !
Pour le calcul de son revenu imposable, l'administration fiscale ne va pas prendre en compte ses dépenses réelles, mais appliquer un abattement forfaitaire de 50% à son chiffre d'affaires. Elle retiendra donc un revenu de 20 000 € x (1-50%) = 20 000 € x 50% = 10 000 €.
Michel est donc gagnant : son revenu imposable, qui n'est que de 10 000 €, aurait été égal à 17 000 € si l'on avait pris en compte son bénéfice réel d'auto-entrepreneur.
À l'inverse, si vos frais professionnels sont supérieurs à l'abattement dont vous bénéficiez, cette déduction n'est pas intéressante pour vous. Il aurait été préférable que vous puissiez déduire vos frais réel.
Exemple
Reprenons l'exemple de Michel , qui a réalisé un CA de 20 000 € en 2023. Cette fois-ci, supposons que ses dépenses réelles soient relativement importantes : 12 000 € en 2023.
Son bénéfice réel est de 20 000 € - 12 000 € = 8 000 €.
Le bénéfice forfaitaire qui va être retenu par les services fiscaux sera toujours de 10 000 €, puisqu'il ne dépend que du chiffre d'affaires.
Cette fois, Michel est fiscalement perdant : il sera imposé sur 10 000 €, contre 8 000 € si le fisc avait retenu sont bénéfice réel.
Retenez toutefois que les plafonds de l'auto-entreprise viennent limiter votre marge de manœuvre. Si votre CA dépasse certains seuils pendant deux années consécutives, vous ne pourrez plus bénéficier du régime de la micro-entreprise, et donc d'un abattement forfaitaire.
Comment l'impôt de l'auto-entrepreneur est-il calculé avec l'abattement forfaitaire ?
Intéressons-nous maintenant aux différentes étapes suivies par les services fiscaux pour déterminer le montant de votre imposition.
Bon à savoir : avec la mise en place du prélèvement à la source, l'administration calcule également votre taux personnalisé, ainsi que le montant de vos acomptes mensuels.
Elle met ces montants à jour tous les ans, en septembre, après prise en compte de vos revenus déclarés au printemps.
Notez que rien ne vous oblige à effectuer ces calculs. Il vous suffit de déclarer chaque année votre CA d'auto-entrepreneur et vos autres sources de revenu. Le fisc se chargera de vous indiquer le montant de votre impôt et de vos acomptes mensuels.
1ᵉ étape : détermination de votre revenu net imposable grâce à l'abattement forfaitaire pour frais et charges
Tout d'abord, les services fiscaux vont chercher à calculer votre revenu fiscal net d'auto-entrepreneur.
Pour ce faire, ils vont déduire de votre chiffre d'affaires déclaré l'abattement pour frais professionnels (34%, 50% ou 71%). Cette déduction va leur permettre de prendre en compte, de manière forfaitaire, vos dépenses professionnelles.
Il a généré un chiffre d'affaires de 20 000 € en 2023. Il exerce une activité de prestation de service commerciale, avec un taux d'abattement fiscal de 50%.
Les services fiscaux vont calculer son revenu imposable d'auto-entrepreneur :
20 000 € x (1 - 50%) = 20 000 € x 50%= 10 000 €
Ce montant sera ajouté à ses autres sources de revenu. Ceci permettra de déterminer son revenu net imposable.
Bon à savoir : depuis le 1er janvier 2019, la déclaration des revenus doit être impérativement réalisée en ligne.
Si ce n'est pas déjà fait, vous devez créer un compte personnel sur impots.gouv.fr afin de transmettre votre déclaration.
Il existe toutefois deux exceptions vous permettant d'effectuer une déclaration par voie postale : en cas de problème d'accès à internet ou de première déclaration.
Quelle que soit l'activité que vous exercez, votre chiffre d'affaires devra être déclaré sur le formulaire 2042-C-PRO.
Si votre activité relève du régime micro-BIC
Vous devez compléter le cadre "Revenus industriels et commerciaux professionnels".
Vous vous contentez de déclarer votre chiffre d'affaires HT sans abattement fiscal forfaitaire.
Pour une activité de vente de marchandises ou de fourniture d'hébergement : vous devez déclarer votre CA brut sans abattement dans la case 5KO (flèche rose).
L'administration fiscale retranchera un abattement de 71% à votre CA :
Revenu imposable d'auto-entrepreneur = CA d'auto-entrepreneur x (100% - 71%) = CA d'auto-entrepreneur x 29%
Ainsi, votre chiffre d'affaires annuel d'auto-entrepreneur sera multiplié par 29%, avant d'être ajouté à vos autres revenus imposables.
Pour une activité de prestations de services commerciales ou artisanales : dans ce cas, l'administration fiscale applique une déduction de 50% à votre CA.
Elle effectuera donc ce calcul :
Revenu imposable d'auto-entrepreneur = CA d'auto-entrepreneur x (100% - 50%) = CA auto-entrepreneur x 50%
Votre chiffre d'affaires annuel d'auto-entrepreneur sera donc multiplié par 50%. Le montant obtenu sera ajouté à vos autres revenus imposables.
Si votre activité relève du régime micro-BNC
Vous indiquez vos recettes brutes, sans abattement dans la case 5HQ (flèche rose) :
Afin de calculer votre revenu imposable, les services fiscaux vont diminuer de 34% le montant de vos recettes :
Revenu imposable d'auto-entrepreneur = recettes d'auto-entrepreneur x (100% - 34%) = recettes x 66%
Ainsi, vos recettes annuelles d'auto-entrepreneur seront multipliées par 66%, puis ajoutées à vos autres revenus imposables.
Le fisc va ensuite y ajouter, le cas échéant, vos autres revenus (et/ou ceux de votre conjoint) :
salaire ;
allocation chômage ;
pension de retraite ;
revenus fonciers;
Enfin, l'administration va :
Déduire certains abattements (par exemple une déduction forfaitaire de 10% sur votre salaire) ;
Puis retrancher certaines charges déductibles (pension alimentaire, cotisations versées au titre de l'épargne-retraite,...).
Elle obtiendra ainsi le revenu net imposable de votre foyer fiscal.
Vous pouvez retrouver la méthode de calcul du revenu net imposable en consultant le graphique ci-dessous :
2ᵉ étape : Le calcul de votre quotient familial (revenu net imposable / nombre de parts)
Le dispositif du quotient familial permet d'alléger la progressivité de l'impôt sur le revenu, en prenant en compte la situation familiale du contribuable.
Le principe est relativement simple :
Ainsi, après avoir déterminé votre revenu net imposable, les services fiscaux vont calculer votre quotient familial. Ils vont pour cela effectuer ce calcul :
Quotient familial = Revenu net imposable / nombre de parts du foyer
Afin de connaître le nombre de parts de son foyer fiscal, les règles suivantes s'appliquent :
Une personne seule représente une part, un couple représente deux parts ;
Les deux premiers enfants permettent chacun de bénéficier d'une demie-part fiscale supplémentaire ;
Le troisième enfant permet de profiter d'une part fiscale supplémentaire ;
Le quatrième enfant et les suivants permettent chacun de bénéficier d'une demie-part fiscale supplémentaire.
Nombre de parts selon la composition du foyer fiscal
Nombre d'enfants à charge
Personne célibataire, divorcée ou séparée
Couple marié ou pacsé
Sans enfant
1 part
2 parts
1 enfant
1,5 part
2,5 parts
2 enfants
2 part
3 parts
3 enfants
3 parts
4 parts
4 enfants
4 parts
5 parts
3ᵉ étape : Application du barème progressif de l'impôt sur le revenu
Les services fiscaux vont ensuite appliquer le barème de l'impôt à votre revenu par part.
Objectif : calculer l'impôt dû pour une part fiscale.
Il s'agit d'un barème progressif, comportant 5 tranches d'imposition :
Taux d'imposition en fonction de la tranche de revenu (déclaration 2021 sur les revenus 2020) (1)
Tranche de revenu
Taux d'impositon
Entre 0 et 10 064 €
0%
Entre 10 065 et 25 659 €
11%
Entre 25 660 et 73 369 €
30%
Entre 73 370 et 157 806 €
41%
Au-delà de 157 807 €
45%
Bon à savoir : le taux de la deuxième tranche d'imposition est passé de 14% à 11% entre 2020 et 2021.
Enfin, le fisc va multiplier le résultat obtenu par le nombre de parts de votre foyer.
Le résultat obtenu correspond à votre impôt brut.
4ᵉ étape : calcul de votre impôt net
Les services fiscaux vont alors appliquer la règle du plafonnement du quotient familial. Celle-ci permet de s'assurer que chacune des demi-parts de votre foyer fiscal ne vous permette pas d'économiser plus de 1 678 euros (montant 2023).
Vous bénéficierez ensuite, dans certains cas, du dispositif de la décote, ainsi que de déductions fiscales et de crédits d'impôt.
Le fisc va ainsi pouvoir calculer votre impôt net. Il pourra en déduire votre taux personnalisé, ainsi que le montant de vos acomptes mensuels.
Récapitulons la méthode de calcul de votre impôt sur le revenu avec l'abattement forfaitaire :
Étape n°1 : détermination de votre revenu net imposable, grâce à l'application d'un abattement forfaitaire auto-entrepreneur ;
Étape n°2 : calcul de votre quotient familial (revenu imposable / nombre de parts) ;
Étape n°3 : application du barème progressif de l'impôt à votre quotient familial, puis multiplication du résultat par le nombre de parts ;
Étape n°4 : calcul de votre impôt net (plafonnement du quotient familial, décote,...)
Versement libératoire : pas d'abattement pour l'auto-entrepreneur
Comme nous l’avons vu, le CA de l’auto-entrepreneur est minoré d’un abattement forfaitaire, puis ajouté à ses autres revenus imposables.
Mais il existe une autre possibilité fiscale : le versement libératoire de l’impôt (2).
Avec cette option, vous allez régler vos impôts d’auto-entrepreneur tous les mois ou tous les trimestres à l’Urssaf, en même temps que vos cotisations sociales. Votre fiscalité sera calculée en appliquant un pourcentage à votre chiffre d’affaires de la période écoulée.
Le taux du versement libératoire dépend lui aussi de la nature de l’activité exercée :
Taux du versement libératoire auto-entrepreneur en 2023 (3)
Nature de l'activité
Taux du versement libératoire
Vente ou prestation d'hébergement (hors location meublée) (BIC)
1%
Prestations de services commerciale ou artisanale, location meublée (BIC)
1,7%
Activités libérales ou agent commercial (BNC)
2,2%
Cette fois, avec le versement libératoire, vous ne bénéficierez plus d'aucun abattement. C'est la totalité de votre chiffre d'affaires qui sera multipliée par le pourcentage forfaitaire dont relève votre activité.
Bon à savoir : Pour bénéficier de cette option fiscale lors de l'année N, qui fait partie des avantages du régime de la micro-entreprise, votre revenu fiscal de référence (4) en N-2 doit rester inférieur à 25 710 € par part de quotient familial (seuil 2020 pour une application en 2022).
Les avantages du versement libératoire sont nombreux :
Le calcul de vos impôts est simple et prévisible : il vous suffit de multiplier votre CA de la période écoulée par un taux fixe pour le connaître. Il n'y a aucun effet de seuil, puisque votre impôt est proportionnel à votre chiffre d'affaires. Par ailleurs, le paiement de vos impôts se fait en même temps que celui de vos cotisations sociales ;
Les taux d'imposition sont faibles : seulement 1% à 2,2% de votre chiffre d'affaires ;
Vous éliminez le décalage entre l'encaissement de votre CA et le paiement de vos impôts. C'est particulièrement appréciable si vous faites face à une baisse soudaine de votre chiffre d'affaires, ou si vous exercez une activité saisonnière.
Si le versement libératoire peut souvent être avantageux, vous devez bien garder à l'esprit deux éléments :
Vous serez imposé dès le premier euro de chiffre d'affaires encaissé. Vous ne pourrez prétendre à aucun remboursement. Il ne s'agit pas d'un choix judicieux si vous êtes peu ou pas imposé avec le régime "classique" de la micro-entreprise ;
La déclaration d'impôt sur le revenu reste obligatoire. Par ailleurs, même s'ils ne seront pas à nouveau imposés, vos revenus d'auto-entrepreneur seront pris en compte pour déterminer le taux d'imposition appliqué aux autres revenus de votre foyer fiscal.
Versement libératoire de l'auto-entrepreneur : exemple
Lucas est coiffeur auto-entrepreneur. Il a encaissé un chiffre d'affaires de 1 000 € en janvier 2023.
Il devra verser à l'Urssaf, en plus de ses cotisations sociales, un impôt égal à :
1 000 x 1,7% = 17 €
Même si ses revenus d'auto-entrepreneur ne seront pas à nouveau imposés, ils pourront avoir un impact sur la fiscalité de ses autres revenus (ou de ceux de sa conjointe).
L'auto-entrepreneur doit-il appliquer lui-même l'abattement forfaitaire lors de ses déclarations aux autres organismes (Urssaf, CAF et Pôle Emploi) ?
Comme nous l'avons vu précédemment, vous devez indiquer votre chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur sans abattement dans votre déclaration de revenus annuelle.
Mais cette règle s'applique-t-elle à vos autres déclarations de revenus ? Devez-vous également déclarer votre CA brut, sans abattement ?
Urssaf : déclarez votre chiffre d'affaires sans abattement
En tant qu’auto-entrepreneur, vous devez déclarer votre chiffre d’affaires tous les mois ou tous les trimestres à l’Urssaf.
Pour cette déclaration, aucune ambiguïté : vous devez impérativement indiquer votre chiffre d’affaires sans abattement, dans la catégorie correspondant à la nature de votre activité.
Le calcul de vos cotisations sociales sera réalisé en multipliant votre chiffre d'affaires par un pourcentage fixe, qui dépend de la nature de votre activité. En 2023, il s'élève à :
12,8% de votre CA pour des activités d'achat-revente et des prestations d'hébergement ;
22% de votre CA pour des prestations de services et des activités libérales.
Bon à savoir : Même si vous ne pouvez pas bénéficier d'un abattement, on peut facilement constater que l'Urssaf prend en compte, indirectement, vos dépenses présumées d'auto-entrepreneur.
Tout d'abord, ces taux de cotisations dépendent de votre secteur d'activité : ils seront moins élevés pour une activité supposant des charges importantes.
Ensuite, ces pourcentages sont relativement faibles. À titre de comparaison, les entreprises au réel doivent verser des cotisations sociales correspondant à environ 45% de leurs bénéfices.
Aides de la CAF : en principe, vous devez déclarer votre CA sans abattement
Vous bénéficiez d’une aide de la CAF (RSA, prime d’activité, AAH,…) ? Vous allez devoir déclarer chaque trimestre l’ensemble de vos ressources.
Et c’est bien votre chiffre d’affaires mensuel brut, sans abattement qu’il faudra indiquer :
Bon à savoir : si vous décidez d'effectuer une déclaration papier, les choses sont beaucoup moins claires !
Plusieurs témoignages indiquent qu'il convient de déclarer les revenus nets réalisés par votre micro-entreprise – et donc d'appliquer vous-même l'abattement forfaitaire pour frais professionnels.
Afin de lever toute ambiguïté, nous vous suggérons de poser la question à l'agence CAF en charge de votre dossier.
Abattement forfaitaire auto-entrepreneur Pôle Emploi : dois-je l'appliquer moi-même lors de mon actualisation ?
Si vous avez créé votre micro-entreprise après avoir perdu votre emploi, vous avez la possibilité de cumuler partiellement vos revenus d’auto-entrepreneur et votre allocation chômage (ARE).
Afin de bénéficier du maintien partiel de votre ARE, vous devez vous actualiser tous les mois. Vous indiquerez notamment votre revenu d’auto-entrepreneur (réel ou estimé).
En théorie, vous êtes censé appliquer vous-même l'abattement forfaitaire auto-entrepreneur. Si vous êtes par exemple prestataire de service (50% d'abattement) et avez réalisé 1 000 € de chiffre d'affaires au cours du mois dernier, vous devrez déclarer 500 € de revenus.
Sauf que... certaines agences Pôle Emploi s'attendent à ce que les demandeurs d'emploi ne déclarent que leur chiffre d'affaires brut, sans appliquer d'abattement !
Notre conseil : afin d'éviter toute erreur de déclaration, nous vous invitons à demander à votre agence la marche à suivre, et ce dès la création de votre micro-entreprise.
Après avoir indiqué la composition de votre foyer fiscal et l'ensemble de ses revenus, vous obtiendrez le montant de votre fiscalité.
Si vous avez choisi le régime optionnel de versement libératoire, vous pouvez vous tourner vers le simulateur proposé par mon-entreprise.fr. Cet outil vous permettra d'anticiper le montant de votre impôt d'auto-entrepreneur, mais également celui de vos cotisations sociales.
Quel est le montant minimum de l'abattement fiscal forfaitaire ?
Quelle que soit la nature de l'activité que vous exercez, vous pourrez bénéficier d'un abattement fiscal minimum de 305 euros par an.
Par exemple, si vous êtes auto-entrepreneur libéral (abattement de 34%), vos revenus d'auto-entrepreneur ne seront pas imposés tant que votre CA reste inférieur à (305 / (1-34%)) = (305 / 66%) = 462 €.
Notez que si vous exercez une activité mixte, cette abattement s'élèvera à 610 euros par an.
Calcul des charges sociales par l'Urssaf : l'auto-entrepreneur bénéficie-t-il d'un abattement ?
L'auto-entrepreneur ne bénéficie d'aucun abattement pour le calcul de ses cotisations sociales.
Pour rappel, le montant des cotisations sociales prélevées par l'Urssaf s'élève à :
12,8% du CA pour des activités de vente de marchandises et de fourniture de logement ;
22% du CA pour des prestations de services et des activités libérales.
Ces taux restent toutefois relativement faibles : les entrepreneurs individuels au réel doivent par exemple, de leur côté, verser des cotisations sociales égales à environ 45% de leur chiffre d'affaires.
Ainsi, même si l'auto-entrepreneur ne peut bénéficier d'aucun abattement, l'administration tient compte de ses frais professionnels à travers des taux de cotisations réduits.
Dois-je appliquer l'abattement forfaitaire lors de ma déclaration d'impôt ?
Non : que vous soyez imposé selon les modalités du régime micro-BIC ou micro-BNC, vous devez déclarer votre chiffre d'affaires (ou vos recettes) sans aucun abattement.
Dois-je appliquer l'abattement forfaitaire lors de ma déclaration CAF ?
Si vous effectuez une déclaration trimestrielle de ressources sur le site de la CAF, vous êtes tenu de déclarer votre chiffre d'affaires brut, sans aucun abattement.
La réponse est moins évidente pour une déclaration papier. Si vous êtes concerné, nous vous invitions à vous rapprocher de votre agence CAF.
Dois-je appliquer l'abattement forfaitaire lors de mon actualisation Pôle Emploi ?
En principe, vous devez déclarer votre revenu d'auto-entrepreneur, et donc appliquer vous-même l'abattement forfaitaire propre à votre activité (34%, 50% ou 71%).
Certaines agence Pôle Emploi attendent toutefois des déclarations de chiffre d'affaires brut, sans aucun abattement.
Nous vous invitons donc à contacter votre agence afin de lever toute ambiguïté.
Conclusion
Notre article dédié aux abattements en micro-entreprise touche à sa fin !
Comme nous avons pu le voir, l'auto-entrepreneur ne peut déduire ses dépenses réelles de son chiffre d'affaires.
En contrepartie, il bénéficie d'un abattement fiscal forfaitaire pour le calcul de son impôt sur le revenu. Cette déduction correspond à un pourcentage de son chiffre d'affaires : 34%, 50% ou 71% selon l'activité qu'il exerce.
Dans la majorité des cas, ce mode de calcul sera avantageux. Dans le cas contraire, il pourrait être judicieux de renoncer au régime fiscal de la micro-entreprise, ou d'opter pour la création d'une "véritable" société (SASU, EURL,...).
Vous avez toujours des questions au sujet de l'abattement fiscal de l'auto-entrepreneur ? Vous rencontrez des difficultés pour calculer cette déduction ?
N'hésitez pas à nous solliciter dans l'espace commentaires !
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