TVA Auto-Entrepreneur : tout ce que vous devez savoir (exonération, plafonds, factures,…)
Auto-entrepreneur et TVA : quelles sont les règles à appliquer ?
À l'origine, les auto-entrepreneurs bénéficiaient tous d'une franchise de TVA : ils n'avaient pas à facturer cet impôt à leurs clients, et ne pouvaient le récupérer sur leurs achats.
Mais depuis le 1er janvier 2018, ils peuvent désormais être assujettis à la TVA tout en conservant le statut de micro-entrepreneur.
Concrètement : à partir de certains seuils de chiffre d'affaires, l'auto-entrepreneur devra commencer à facturer la TVA à ses clients. Il aura la possibilité, en contrepartie, de récupérer cet impôt sur ses achats professionnels.
Ce changement est venu complexifier le régime auto-entrepreneur. Désormais, trois seuils de chiffre d'affaires devront être surveillés :
les seuils de franchise de TVA ;
les seuils de tolérance de TVA ;
les plafonds de chiffre d'affaires du régime de la micro-entreprise.
Il convient d'ajouter à cela des obligations déclaratives supplémentaires pour les auto-entrepreneurs assujettis à la TVA. De quoi donner des sueurs froides aux porteurs de projets attirés par la simplicité initiale de ce régime !
Dans cet article, nous répondrons en détail aux questions suivantes :
L'auto-entrepreneur est-il assujetti à la TVA ? Doit-il appliquer la TVA sur ses ventes ? Peut-il déduire la TVA sur ses achats ?
À combien s'élèvent les seuils de franchise de TVA ? Une période de tolérance a-t-elle été prévue ?
Quelles sont les conséquences du dépassement des seuils de TVA ? La TVA doit-elle être collectée immédiatement ?
Dans quel cas l'assujettissement à la TVA peut-il être avantageux pour l'auto-entrepreneur ?
Comment faire sa déclaration de TVA ? Quelles sont les obligations comptables d'une micro-entreprise assujettie à la TVA ? Quid de la TVA intracommunautaire ?
C'est parti pour un tour d'horizon complet du fonctionnement de la TVA en auto-entreprise !
Rappel : L'auto-entreprise est une entreprise individuelle soumise au régime micro-social simplifié (1). Elle permet à des particuliers de lancer facilement une activité indépendante, en profitant de démarches et d'obligations déclaratives allégées.
Depuis 2016, on ne parle plus d'auto-entreprise, mais de micro-entreprise. L'ancienne appellation reste cependant couramment utilisée.
Auto-entrepreneur et TVA : évolution depuis 2018
À l'origine, l'auto-entrepreneur était toujours exonéré de TVA
Avant le 1er janvier 2018, tous les auto-entrepreneurs étaient soumis au régime micro-fiscal : ils bénéficiaient donc tous d’une franchise de TVA.
La raison ? Les seuils de TVA étaient identiques aux plafonds de chiffre d’affaires de la micro-entreprise. Ainsi, lorsqu’un auto-entrepreneur dépassait ces seuils, il n’avait d’autre choix que d’abandonner le statut de l’auto-entreprise.
L’équation était donc très simple :
Auto-entreprise absence totale de TVA
Les auto-entrepreneurs n'intégraient pas la TVA dans leurs prix, et ne pouvaient pas la récupérer sur leurs achats. Ils bénéficiaient ainsi d'obligations comptables et fiscales allégées, tout en profitant, dans de nombreux cas, d'un avantage concurrentiel non négligeable.
Depuis 2018, un bouleversement lié à l'augmentation des plafonds de chiffre d'affaires de la micro-entreprise
Mais la donne a changé depuis réforme de loi de finances 2018.
En effet, celle-ci a entraîné :
l'augmentation du seuil de chiffre d'affaires des auto-entrepreneurs (2) ;
et le maintien des seuils du régime de franchise de base de TVA.
Ces deux plafonds n'étant plus alignés, il existe désormais une nouvelle catégorie : celle des particuliers qui bénéficient du statut auto-entrepreneur, tout en étant redevables de la TVA.
La conséquence pour votre auto-entreprise en 2021 ?
Vous allez devoir démarrer votre activité en facturant vos clients sans TVA...
... et, si vous franchissez certains plafonds de chiffre d'affaires, vous facturerez et collecterez cet impôt (immédiatement ou dès l'année suivante).
Le fonctionnement de la TVA et ses conséquences pour les professionnels
Qu'est-ce que la TVA ?
La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est un impôt indirect sur la consommation.
Instauré en 1954 sous l’initiative de Maurice Lauré, cet impôt s’est rapidement diffusé à travers le monde.
La TVA s’applique, en principe, à toutes les transactions conclues en France – aussi bien entre entreprises qu’entre un professionnel et un particulier.
À la charge du consommateur final, elle est collectée par les entreprises, qui sont ensuite tenues de la reverser au Trésor public.
Il s’agit d’un impôt indirect, basé sur la valeur du bien taxé et réel :
Indirect
Si l'on parle d'impôt indirect sur la consommation, c'est parce que ce n'est pas l'État qui récupère directement la TVA auprès des consommateurs.
Celle-ci est en fait "collectée" par les entreprises, qui vont ensuite la reverser à leur Service des Impôts des Entreprises (SIE).
Ainsi, ce ne sont pas les entreprises qui paient la TVA lorsqu'elles vendent un bien ou un service : celle-ci est à la charge du consommateur final.
Dépendant de la valeur du bien taxé
Il s'agit d'un impôt "ad valorem" : la TVA est calculée selon un pourcentage de la valeur d'un bien ou d'un service, sans prendre en compte ses qualités intrinsèques (quantité, volume, durée,...).
Réel
Il s'agit d'un impôt réel, puisqu'il ne prend pas en compte la situation de celui qui le paie. La TVA sur un bien ou sur un service sera identique quelle que soit l'identité du contribuable taxé.
Concrètement, les entreprises facturent un prix hors taxes (HT) auquel elles appliquent la TVA (généralement de 20%) :
Application de la TVA à 20% sur un produit ou un service
Prix HT
100 €
TVA (20%)
20 €
Prix TTC
120 €
Dans cet exemple, un produit est vendu à 120 € TTC. L'entreprise pourra conserver 100 € sur cette vente, et devra reverser 20 € à l'État.
Comment fonctionne le calcul de la TVA pour les entreprises ?
Comme nous l'avons vu, l'entreprise n'est qu'un intermédiaire : elle collecte cet impôt pour le compte du Trésor Public, avant de le lui reverser.
Il convient de distinguer deux types de flux :
la TVA que l'entreprise fait payer à ses clients, en facturant des prix TTC pour les biens ou les services qu'elle propose. C'est ce que l'on appelle la "TVA collectée" : elle doit la reverser à l'État ;
la TVA qu'elle règle à ses fournisseurs sur ses achats. C'est ce que l'on appelle la "TVA déductible" : elle va pouvoir la récupérer auprès de l'Etat.
L'entreprise assujettie, qui bénéficie d'un mécanisme de déduction, va effectuer le calcul suivant :
TVA collectée (facturée aux clients) - TVA déductible (payée aux fournisseurs) = Solde de TVA
Si ce solde est positif, elle devra le reverser au Trésor Public.
Si ce solde est négatif, elle bénéficiera d'un crédit de TVA. Ceci lui permettra d'obtenir un remboursement auprès de l'administration fiscale.
Calcul TVA : quels sont les taux de TVA en France en 2020 ?
Il existe en France quatre taux différents de TVA : normal (20%), intermédiaire (10%), réduit (5,5%) et particulier (2,1%).
Cette différenciation permet de ne pas surtaxer les biens et services les plus indispensables.
Ainsi, le taux de TVA applicable va dépendre de la nature du bien ou du service proposé :
Le taux normal (20%) : ce taux concerne la plupart des ventes de biens et des prestations services (3) ;
Le taux intermédiaire (10%) : il est notamment réservé à la restauration, à la vente de produits alimentaires préparés, aux médicaments non remboursés, à certaines activités de services à la personne, aux transports ou aux travaux dans les logements anciens ;
Le taux réduit (5,5%) concerne des produits dits "de première nécessité" : il s'applique à la plupart des produits alimentaires, à l'énergie, aux livres physiques et numériques, ainsi qu'à certains travaux réalisés dans l'habitation principale (4) ;
Le taux particulier (2,1%) concerne certains cas précis comme les médicaments remboursés par la Sécurité sociale, la redevance télévisuelle, les spectacles vivants, la presse imprimée, la vente d'animaux vivants de boucherie et de charcuterie,...
Bon à savoir : il existe certaines exceptions (services aux personnes en situation de fragilité ou de dépendance, biens exportés depuis les DOM,...) que vous pouvez retrouver sur cette page.
Vous pouvez bénéficier, lors du lancement de votre activité, du régime de la franchise en base de TVA (5).
En clair :
vous ne facturez pas la TVA à vos clients ;
mais vous ne pouvez récupérer cet impôt sur vos achats (6).
Dans le même temps, les entreprises qui travaillent avec vous n'auront pas la possibilité de récupérer la TVA sur leurs dépenses.
La conséquence :
Vous pouvez proposer des prix plus attractifs à vos clients ou vous octroyer des marges plus confortables (si vous vous adressez à des clients non redevables de la TVA) ;
mais vos dépenses (matériel, outils, mobilier, services) vous coûtent plus cher qu'à vos concurrents soumis à la TVA.
Bon à savoir : certaines activités sont exclues de la franchise de TVA. Elles ne peuvent, à ce titre, être effectuées sous le statut auto-entrepreneur.
Notez que le régime de franchise de TVA s'applique toujours à une majorité des auto-entrepreneurs, puisque les plafonds concernés sont relativement élevés (85 800 € pour des activités commerciales et 34 400 € pour des activités de service – nous y reviendrons plus en détail dans la suite de l'article).
Bon à savoir : Le régime de la franchise en base de TVA est ouvert à toutes les entreprises, pourvu qu'elles ne dépassent pas les seuils de franchise.
En instaurant ce régime dérogatoire, le législateur a souhaité :
donner un coup de pouce aux auto-entreprises, qui ne réalisent, pour la plupart, que des chiffres d'affaires relativement faibles. Elles peuvent ainsi profiter d'un avantage face à des concurrents disposant de moyens financiers plus importants ;
alléger leurs obligations administratives : l'auto-entrepreneur n'est pas tenu de calculer des montants de TVA collectés ou déductibles, n'a pas de déclaration de TVA à effectuer... et peut donc se passer plus facilement des services d'un expert-comptable. Un avantage précieux dans la mesure où l'auto-entrepreneuriat ne constitue, pour beaucoup, qu'une simple activité de complément.
Bon à savoir : certaines activités sont totalement exonérées de TVA. C'est notamment le cas de la formation et de l'enseignement, de certaines opérations financières,...
Mais la franchise de TVA n'est pas toujours avantageuse : même si elle vous permet de pratiquer des tarifs plus compétitifs, elle peut parfois vous pénaliser face à vos concurrents.
Quelles sont les conséquences de la franchise de TVA pour le micro-entrepreneur ? Principe et exemples
a. L'auto-entrepreneur n'a pas à facturer la TVA à ses clients...
L'auto-entrepreneur qui bénéficie de cette franchise ne collecte pas la TVA pour le compte de l'État.
Il vend ainsi ses produits et ses services sans la moindre TVA, sans faire de distinction entre les prix Hors Taxe (HT) et Toutes Taxes Comprises (TTC).
En clair : tout se passe comme si la TVA n'existait pas.
Si l'auto-entrepreneur s'adresse à des particuliers, la franchise en base de TVA constitue un avantage conséquent. Elle va lui permettre :
de proposer des prix plus attractifs que ses concurrents, qui sont soumis à la TVA, afin de se démarquer – le tout sans rogner sur sa marge bénéficiaire. En effet, il pourra potentiellement profiter d'une marge similaire tout en proposant des prix plus attractifs que d'autres entreprises ne bénéficiant de la franchise de TVA ;
et/ou de faire gonfler sa marge bénéficiaire en s'alignant sur les prix du marché (TTC). Il pourra ainsi inclure artificiellement la TVA dans son prix, sans avoir à la reverser. Si ses coûts sont similaires à ceux de ses concurrents, il pourra bénéficier d'une meilleure rentabilité qu'eux.
Exemple
Alain est artisan sous le régime de la micro-entreprise. Il fabrique des tables qu'il revend à des particuliers sur son site internet. Il bénéficie de la franchise de TVA.
Son best-seller est une table en chêne brut.
Des produits de qualité équivalente au sien sont vendus par les magasins de grande distribution, en moyenne à 1 200 € TTC (soit 1 000 € HT + 200 € de TVA).
Deux possibilités s'offrent à lui :
proposer un prix plus attractif que ses concurrents, en vendant par exemple ses tables à 1 000 € l'unité. Il pourra ainsi tenter de convaincre un plus grand nombre de clients de lui acheter ses produits ;
s'aligner sur les prix de ses concurrents, en vendant ses tables à 1 200 € pièce. Il pourra empocher les 200 € supplémentaires et accroître ainsi ses marges ;
Alain peut également opter pour un mélange de ces deux stratégies, en fixant par exemple son prix à 1100 €. Il pourra ainsi proposer une offre compétitive tout en visant des marges intéressantes.
Si l'auto-entrepreneur propose ses produits ou ses services à des entreprises assujetties à la TVA, la donne sera différente.
En effet, celles-ci ont la possibilité de récupérer la TVA sur leurs achats : elles vont donc comparer les prix pratiqués par cet auto-entrepreneur avec les prix HT de ses concurrents.
L'avantage compétitif de l'auto-entrepreneur disparaît : il devra s'efforcer, pour un produit équivalent, de s'aligner sur les prix hors taxe proposés par ses concurrents.
Exemple
Reprenons le cas d'Alain, qui souhaite élargir sa clientèle en s'adressant à des PME.
En proposant ses tables à un prix plus attractif que ses concurrents assujettis à la TVA (1 000 € au lieu de 1 200 €), son avantage compétitif disparaît. En effet, ses clients peuvent parfaitement acheter leur table à 1 200 € TTC dans une enseigne de grande distribution, pour ensuite récupérer 200 € de TVA.
S'il souhaite se démarquer de la concurrence avec un produit équivalent à celui qu'il propose, Alain devra vendre ses tables à un prix inférieur à 1 000 € — un positionnement qui aura un impact sur sa marge bénéficiaire.
b. ...Mais il ne peut pas la récupérer sur ses achats
En contrepartie, l'auto-entrepreneur ne va pas pouvoir "récupérer" la TVA qu'il paye lorsqu'il achète des biens ou des prestations de services à des fournisseurs, qui sont, de leur côté, généralement redevables de la TVA.
La conséquence ?
Pour des auto-entreprises avec des coûts importants (qui font par exemple de l'achat-revente ou qui sont gourmandes en investissements), cette franchise de base de TVA peut être pénalisante. Elle est susceptible d'impacter leur compétitivité face à de "véritables" sociétés (SAS, SARL,...) qui auront, elles, la possibilité de récupérer la TVA sur leurs achats.
Exemple
Sylvie, auto-entrepreneure, achète et revend des chaises en bois sur Internet. Son fournisseur les lui vend à 40 € TTC.
Avec la franchise de TVA, ces chaises lui coûtent 40 € pièce : elle ne peut récupérer la TVA sur ses achats.
Sans la franchise de TVA, ces chaises lui auraient coûté moins cher. En effet, elle aurait payé 40 € pour les obtenir, mais aurait pu déduire la TVA du prix d'achat. En fin de compte, ces chaises ne lui auraient coûté que 40/1,20 = 33,33 € pièce.
Afin de compenser ce handicap, deux solutions s'offrent au micro-entrepreneur :
Il peut acheter des biens d'occasion à des particuliers : ceux-ci sont exonérés de TVA ;
Il peut acheter des biens ou des services à l'étranger, dans des pays où les taux de TVA sont plus faibles qu'en France.
En conclusion, retenez que la franchise en base de TVA est à double tranchant. Elle ne constitue pas systématiquement un avantage par rapport aux entreprises qui en sont redevables.
Ce régime est généralement :
avantageux pour des auto-entreprises qui nécessitent peu d'investissement (comme des activités de services) et/ou qui s'adressent à des particuliers ;
pénalisant pour des auto-entreprises qui supposent des coûts importants (comme des activités commerciales) et/ou qui s'adressent à des professionnels
Réalisation de devis et de factures sans TVA : quelles mentions ajouter pour les auto-entrepreneurs en franchise ?
En tant que micro-entrepreneur bénéficiant d’une franchise, vous ne collectez pas la TVA. Vous devez impérativement le préciser sur vos documents comptables.
Ainsi, vous devrez insérer la mention légale suivante sur l’ensemble de vos devis et factures auto-entrepreneur :
"TVA non applicable - Article 293B du CGI"
Cette mention vous permettra de justifier l'absence de TVA dans vos prix.
Vous facturez des clients situés au sein de l'Union européenne (et en dehors de la France) ?
Même si vous ne collectez pas la TVA, vous devrez, dans certains cas, y faire apparaître votre numéro de TVA intracommunautaire. Vous trouverez des informations sur la marche à suivre dans la suite de l'article.
L'auto-entrepreneur peut décider d'être assujetti à la TVA
Vous êtes auto-entrepreneur, et vous prévoyez d’effectuer des investissements importants ? Vous estimez que vous risquez d’être pénalisé par la franchise de TVA ?
Sachez que vous avez la possibilité de renoncer à cette franchise et d’être directement assujetti à la TVA (7).
Cette option peut être prise à tout moment. Il vous suffit de contacter le Service des Impôts des Entreprises (SIE) dont vous dépendez. La renonciation à la franchise en base de TVA prendra effet au premier jour du mois au cours duquel la demande a été effectuée.
Attention : Après avoir renoncé à la franchise de base de TVA, vous ne pourrez plus bénéficier du statut d'auto-entrepreneur, et vous basculerez vers le régime de l'entreprise individuelle.
Vous devrez ainsi vous soumettre à de nombreuses obligations : transmission de déclarations de TVA, établissement de comptes annuels,...
Comment se décider ?
La question à vous poser est la suivante :
La TVA que je vais payer à mes fournisseurs sur mes achats (et que je pourrai alors récupérer si je renonce à la franchise) risque-t-elle d'être plus importante que celle que je vais récupérer sur mes ventes, auprès de mes clients (que je devrai alors reverser) ?
Si vous pensez que c'est le cas, l’assujettissement à la TVA sera probablement plus intéressant.
En effet, même si vous devrez faire payer la TVA à vos clients – et risquez donc d'être, en théorie, moins compétitif que les autres micro-entreprises –, vous aurez la possibilité de réduire considérablement vos coûts en récupérant cet impôt sur vos achats.
Vous comptez lancer une activité gourmande en investissements ? Il peut être, dans certains cas, pertinent de se tourner vers un autre statut juridique que la micro-entreprise, comme la SARL ou la SAS. Ceux-ci vous permettront notamment de déduire vos charges réelles de votre chiffre d'affaires.
N'hésitez pas à prendre rendez-vous avec un expert-comptable afin de bénéficier de conseils personnalisés.
Seuils de TVA : quels sont les plafonds à partir desquels l'auto-entrepreneur est soumis à la TVA ?
En tant qu'auto-entrepreneur, vous bénéficiez d'une exonération de TVA... seulement jusqu'à certains seuils de chiffre d'affaires.
Mais quels sont ces seuils ? Le passage à la TVA est-il immédiat ?
Bon à savoir : les seuils de chiffre d'affaires évoqués dans cet article s'entendent hors taxes.
Seuils de TVA et seuils de tolérance : des plafonds de chiffre d'affaires à ne pas dépasser
Pour savoir si vous êtes assujetti ou non à la TVA, vous allez devoir vous intéresser aux seuils de TVA.
Les premiers seuils, ce sont les seuils de franchise de TVA (également appelés “plafonds bas”) (8). En 2021, ils s’élèvent à :
34 400 € pour les activités de prestations de service, les artisans et les professions libérales ;
85 800 € pour les activités de vente de marchandises, de restauration et d'hébergement (hors locations meublées autres que les chambres d'hôtes, les gîtes ou les locations meublées de tourisme).
Afin d'éviter que les auto-entrepreneurs ne basculent de manière brutale vers le régime de TVA, des seuils dits "de tolérance" (ou "plafonds hauts") ont été prévus. Ils vont vous permettre de dépasser légèrement, et de manière exceptionnelle, les seuils de franchise.
Vous pouvez ainsi continuer, sous certaines conditions, à bénéficier de la franchise de TVA tant que votre CA annuel ne dépasse pas :
36 500 € pour les activités de prestations de service, les artisans et les professions libérales ;
94 300 € pour les activités de vente de marchandises, de restauration et d'hébergement (hors locations meublées autres que les chambres d'hôtes, les gîtes ou les locations meublées de tourisme).
Quels sont les seuils pour l'auto-entrepreneur qui exerce différents types d'activités ?
Vous exercez simultanément deux types d'activités (commerciale et de services) au sein de votre auto-entreprise ?
Les seuils de franchise de TVA sont les suivants :
votre chiffre d'affaires annuel total – c’est-à-dire à la fois vos ventes et vos prestations de services – ne doit pas dépasser pas 85 800 € ;
et votre chiffre d'affaires généré à travers des prestations de services ne doit pas dépasser 34 400 €.
Et voici les seuils de tolérance :
votre chiffre d'affaires annuel total – c’est-à-dire à la fois vos ventes et vos prestations de services) ne doit pas dépasser 94 300 € ;
et que votre chiffre d'affaires généré à travers des prestations de services ne doit pas dépasser 36 500 €.
Outre-mer : des seuils plus élevés qu'en métropole
Les auto-entrepreneurs domiciliés en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion bénéficient de plafonds plus importants que ceux qui résident en métropole.
Voici les seuils de franchise de TVA :
50 000 € pour les activités de prestations de service et les professions libérales ;
100 000 € pour les activités de vente de marchandises et d'hébergement.
Et voici les seuils de tolérance :
60 000 € pour les activités de prestations de service et les professions libérales ;
110 000 € pour les activités de vente de marchandises et d'hébergement.
Notez toutefois qu'il s'agit d'un avantage accordé à titre expérimental, qui pourrait prochainement disparaître.
Comment savoir si je suis redevable de la TVA ?
Il existe trois cas, en fonction de votre chiffre d'affaires réalisé dans l'année.
Cas n°1 : Votre chiffre d'affaires annuel est inférieur au seuil de franchise de TVA (34 400 € ou 85 800 €) :
Vous n’êtes pas assujetti à la TVA.
Vous ne la facturez pas auprès de vos clients, et vous ne pouvez pas la récupérer sur vos achats.
L’année suivante, vous dépassez pour la première fois les seuils de franchise (plafonds bas) sans dépasser les seuils de tolérance (plafonds hauts)? Vous n’aurez pas non plus à appliquer la TVA.
Cas n°2 : Votre chiffre d'affaires annuel est compris entre le seuil de franchise (plafond bas) et le seuil de tolérance (plafond haut) – soit entre 34 400 € et 36 500 € ou entre 85 800 € et 94 300 €
Vous êtes alors dans ce qu’on pourrait appeler une “zone de tolérance“.
Deux situations doivent alors être distinguées.
C’est votre première année d’activité :
Vous continuez l’année en franchise de TVA. En revanche, vous devrez commencer à facturer cet impôt dès le début de l’année suivante.
Exemple
Béatrice devient consultante en auto-entrepreneur en 2020.
Comme nous le verrons par la suite, les seuils de TVA ne sont pas proratisés la première année : le seuil de franchise pour son activité s'élève à 34 400 €, le seuil de tolérance à 36 500 €.
Pour sa première année, Béatrice génère un chiffre d'affaires de 35 000 €. Elle dépasse (de très peu) le seuil de franchise, tout en restant sous le seuil de tolérance.
Elle bénéficie donc de la franchise de TVA tout au long de l'année 2020.
En revanche, elle devra facturer la TVA dès le 1er janvier 2021, pendant toute l'année – et ce quel que soit son chiffre d'affaires.
Si son CA de 2021 retombe sous le seuil de franchise (34 400 €), elle bénéficiera à nouveau de la franchise de TVA en 2022.
Ce n'est votre première année d'activité :
Pour savoir si vous êtes redevable de la TVA, vous allez devoir vous intéresser à votre chiffre d'affaires de l'année précédente :
Si votre CA était inférieur aux seuils de franchise, la TVA ne s'applique pas. Vous devrez toutefois rester sous ces seuils l'année suivante pour continuer à bénéficier de la franchise de TVA ;
Si votre CA était déjà supérieur au seuil de franchise, tout en étant sous le seuil de tolérance, la TVA ne s'applique pas pendant l'année. Vous serez redevable de la TVA dès le 1er janvier de l'année suivante.
Retenez cette règle simple : pour rester en franchise de base de TVA, votre CA ne doit pas se situer pendant deux années consécutives entre les seuils de franchise et les seuils de tolérance. Si c'est le cas, vous devrez facturer cet impôt dès le 1er janvier de l'année suivante.
Vous avez ainsi la possibilité de bénéficier de la franchise de TVA tant que vous vous trouvez dans cette "zone de tolérance" une année sur deux au maximum.
Il existe toutefois une règle particulière pour la première année d'activité (voir la suite de l'article).
Exemple
Jacques exerce une activité de revente de marchandises en tant que micro-entrepreneur depuis plusieurs années.
Il a généré un chiffre d'affaires de 88 000 € en 2020 (entre le seuil de franchise et le seuil de tolérance).
Pour connaître sa situation au regard de la TVA, il va devoir s'intéresser à son CA de 2019.
Premier cas : son CA était égal à 75 000 € (inférieur au seuil de franchise). Il bénéficiera donc de la franchise de TVA en 2021. Pour continuer à en bénéficier en 2022, il devra réaliser un CA inférieur au seuil de franchise (85 800 €) en 2021 ;
Deuxième cas : son CA était aussi égal à 88 000 € en 2019. Le seuil de franchise (85 800 €) avait donc déjà été dépassé l'année précédente. Il n'avait toutefois pas dépassé le seuil de tolérance (91 000 €). Jacques va devoir facturer la TVA dès le 1er janvier de l'année 2021.
Cas n°3 : Votre chiffre d'affaires annuel est supérieur au seuil de tolérance de TVA (plafonds hauts, de 35 200 € ou 91 000 €) : vous êtes immédiatement redevable de la TVA
La règle est la suivante : si votre chiffre d’affaires dépasse les seuils de tolérance, vous ne pourrez plus bénéficier de la franchise en base de TVA.
Vous devrez ainsi facturer (mais vous pourrez également récupérer) la TVA dès le 1er jour du mois de dépassement. Vous serez également assujetti à la TVA tout au long de l’année suivante.
Par exemple, si vous dépassez le seuil de tolérance un 26 mars, vous devrez vous assurer que toutes vos factures du mois de mars incluent la TVA – même celles que vous avez pu transmettre entre le 1er et le 26 mars. Si ce n’est pas le cas, vous devrez envoyer à vos clients des factures rectificatives.
Exemple
Franck est commerçant en auto-entrepreneur depuis 5 ans. Alors que son activité générait jusqu'ici moins de 20 000 € par an, il explose les compteurs en 2020, avec un chiffre d'affaires de 100 000 €.
Le seuil de tolérance de 94 300 € a été dépassé : Franck va être assujetti à la TVA.
Mais à partir de quand ?
Ce seuil a été dépassé le 20 juillet, suite à la facturation d'une commande de 3 000 €.
Franck doit donc collecter la TVA à partir du 1er juillet 2020, mois au cours duquel il a franchi ce seuil. S'il n'a pas anticipé ce basculement, il devra transmettre aux clients concernés des factures rectificatives.
Il sera également assujetti à la TVA tout au long de l'année 2021.
Bon à savoir : Assujetti à la TVA, l'auto-entrepreneur relèvera désormais du régime simplifié d'imposition (ou du régime réel s'il décide de choisir cette option).
Les seuils de TVA de l'auto-entrepreneur sont résumés dans le tableau récapitulatif ci-dessous :
Seuils de TVA de l'auto-entrepreneur en 2021
Chiffre d'affaires
Inférieur au seuil de TVA
Entre le seuil de franchise et le seuil de tolérance
Supérieur au seuil de tolérance
Activité de vente ou d'hébergement
CA < 85 800 €
85 800 € < CA < 94 300 €
CA < 94 300 €
Activité de services ou libérale
CA < 34 400 €
34 400 € < CA < 36 500 €
CA < 36 500 €
Conséquence
Vous n'êtes pas assujeti à la TVA
Vous serez assujetti dès le début de l'année suivant deux années consécutives de CA dans cet intervalle.
Vous êtes assujetti dès le 1er jour du mois de dépassement
Dépassement des seuils de TVA en micro-entreprise : zoom sur les premières années d'activité
Une règle particulière s'applique au cours des deux premières années d'activité (14).
Première année d'activité : pas de prorata
Lors de la première année d'activité de l'auto-entrepreneur, les seuils de TVA sont identiques à ceux que nous avons présentés. Aucun prorata n'est applicable pour juger du dépassement des seuils de tolérance, et donc d'un assujettissement au cours de l'année.
En clair : une micro-entreprise qui ne dépasse pas les seuils de tolérance (36 500 € / 94 300 €) lors de sa première année ne sera soumise à la TVA au cours de cette même année.
Exemple : Michel a lancé le 1er juillet 2020 une auto-entreprise de vente de marchandises. Il a généré un chiffre d'affaires de 70 000 € en 2020. Il ne sera pas soumis à la TVA en 2020, car son CA est inférieur au seuil de tolérance.
Si un prorata avait été appliqué, le seuil de tolérance aurait été dépassé, puisqu'il aurait été égal à (94 300 € x 183/365) = 47 279 €. Michel aurait été soumis à la TVA dès le premier jour du mois de dépassement de ce seuil.
Deuxième année d'activité : prise en compte d'un prorata au titre de la première année
Mais les choses sont différentes pour la deuxième année d'activité.
Pour savoir si vous êtes soumis à la TVA dès le début de l'année, vous allez devoir vous intéresser à votre CA généré au cours de la première année, et le comparer au seuil de franchise de TVA "proratisé". Ce plafond se calcule au prorata du nombre de jours d'activité cours de l'année de création.
Si votre CA de la première année est inférieur au seuil de franchise proratisé, alors vous ne serez pas redevable de la TVA ni la première année, ni la deuxième année (à moins de dépasser les seuils de tolérance au cours de cette dernière) ;
Si votre CA de la première année dépasse ce seuil de franchise "proratisé", sans dépasser les seuils de tolérance, alors vous serez soumis à la TVA dès le 1er janvier de la deuxième année ;
Si votre CA de la première année dépasse le seuil de tolérance, alors vous serez soumis à la TVA la première (dès le 1er jour du mois de dépassement) et la deuxième année.
Reprenons l'exemple précédent : Michel souhaite savoir s'il sera redevable de la TVA au cours de l'année 2021 – sa deuxième année d'activité.
Il convient, dans un premier temps, de calculer son seuil de franchise de TVA proratisé pour la première année :
85 800 € (seuil de franchise) x 183/366 (nombre de jours d'activité / nombre de jours dans l'année) = 42 900 €
Il faut ensuite s'intéresser à son chiffre d'affaires de l'année 2020.
Avec un chiffre d'affaires de 70 000 € en 2020, ce seuil a bien été dépassé. Michel n'a toutefois pas dépassé le seuil de tolérance (94 300 €). Il devra donc appliquer la TVA dès le 1er janvier de l'année 2021.
Si son CA de 2020 avait été égal à 10 000 € (et donc inférieur au seuil de franchise proratisé), Michel n'aurait été soumis à la TVA ni en 2020 ni en 2021 (à moins de dépasser le seuil de tolérance en 2021, auquel cas il aurait été soumis à la TVA dès le premier jour du mois dépassement).
Si son CA de 2020 avait été égal à 120 000 € (et donc supérieur au seuil de tolérance), Michel aurait été redevable de la TVA à la fois en 2020 (dès le 1er jour du mois de dépassement du seuil de tolérance de 9 4300 €) et en 2021.
En bref : Si le prorata est bien calculé au titre de votre première année d'activité, il n'est pris en compte que lors de votre deuxième année d'activité pour savoir si vous devez commencez celle-ci en facturant la TVA.
Je suis désormais assujetti à la TVA : est-ce définitif ?
Non, le passage à la TVA n'est pas définitif.
Deux conditions doivent être respectées afin de ne plus être assujetti à la TVA dès le 1er janvier de l'année N :
Votre CA de l'année N-1 doit être inférieur au seuil de tolérance ;
et votre CA de l'année N-2 doit être inférieur au seuil de franchise.
Si vous êtes concerné, vous devrez contacter votre Service des Impôts des Entreprises (SIE).
Exemple : Alexandre est auto-entrepreneur prestataire de services depuis 2016.
Voici l'évolution de son CA :
2016 : 10 000 €
2017: 20 000 €
2018 : 50 000 €. Le seuil de tolérance (36 500 €) a été dépassé le 15 octobre 2018. Alexandre a donc été redevable de la TVA à partir du 1er octobre 2018.
2019 : 20 000 € (inférieur au seuil de franchise de 34 400 €). Alexandre reste assujetti à la TVA tout au long de l'année
2020 : 35 000 €, soit entre le seuil de franchise (34 400 €) et le seuil de tolérance (36 500 €). Alexandre reste soumis à la TVA.
Alexandre pourra bénéficier à nouveau de la franchise de TVA en 2021, puisque :
son CA 2020 est bien inférieur au seuil de tolérance ;
Son CA 2019 est bien inférieur au seuil de franchise.
Il pourra donc contacter son SIE afin de demander à bénéficier à nouveau de la franchise de TVA dès le 1er janvier 2020.
Bon à savoir : seul le chiffre d'affaires réellement encaissé étant pris en compte, vous pouvez tenter d'éviter (ou de retarder) le passage à la TVA en proposant à vos clients des délais de paiement.
Mais au-delà de la TVA, un autre "risque" plane au-dessus des auto-entrepreneurs qui génèrent des chiffres d'affaires très élevés : la perspective de devoir dire adieu définitivement à ce statut.
Rester auto-entrepreneur : des plafonds de CA plus élevés
Vous êtes désormais assujetti à la TVA ?
Vous ne devrez pas forcément renoncer au statut de la micro-entreprise !
En effet, les seuils du régime fiscal de l’auto-entreprise ont quasiment été doublés en 2018 – et sont désormais bien plus élevés que les seuils de TVA.
Les voici (9) :
176 200 € pour des activités de vente de marchandises et d'hébergement ;
72 500 € pour les autres prestations de services.
Notez qu'il s'agit du chiffre d'affaires réellement encaissé au cours d'une année civile.
Avec ces nouveaux seuils, vous disposez d'une plus grande liberté pour faire croître votre activité.
Bon à savoir : Ces plafonds concernent une année civile complète (de janvier à décembre).
Afin de savoir s'ils ont été dépassés au cours de votre première année d'activité, vous devez leur appliquer un prorata, qui dépend de la date de création de votre auto-entreprise.
Vous bénéficiez d'une année de tolérance : vous pouvez dépasser ces seuils au cours d'une année d'activité, sans aucune conséquence l'année suivante.
En revanche, si vous dépassez ces plafonds sur deux années consécutives, votre entreprise sera soumise, dès l'année suivante, au régime de l'entreprise individuelle.
Vous ne bénéficierez plus de nombreux avantages, comme par exemple :
Dépassement des seuils de l'auto-entreprise : exemple
Marc est Youtubeur professionnel. Il exerce son activité en tant qu'auto-entrepreneur depuis le 1er juin 2019.
Ayant lancé son activité en cours d'année, il convient de calculer le seuil "proratisé" applicable :
214 (nb de jours d'activité) / 365 (nb de jours dans l'année) * 72 500 € = 42 507 €.
Son CA HT pour 2019 s'élève à 50 000 €. On remarque qu'il est supérieur au plafond "proratisé" de 42 507 €.
Son CA HT pour 2020 s'élève à 80 000 €. Il est supérieur au seuil de 72 500 €.
Marc a donc dépassé les seuils de CA durant 2 années consécutives. Par conséquent, il devra basculer, dès 2021, vers le régime de l'entreprise individuelle.
Régime de TVA : quelles conséquences sur votre activité d'auto-entrepreneur ?
Une fois assujetti, vous serez tenu de facturer la TVA à vos clients, puis de la reverser à l'Etat. Vous aurez également la possibilité de récupérer cet impôt sur la plupart de vos achats professionnels.
Comme nous allons le voir, l'impact de l’assujettissement à la TVA sur l'activité de l'auto-entrepreneur est très variable.
Deux questions vont être décisives :
Facturez-vous à des clients particuliers ou professionnels ?
Achetez-vous des produits ou des matières premières afin de les revendre/les transformer, ou proposez-vous des services ?
L'auto-entrepreneur doit désormais collecter la TVA : quel impact sur ses prix ?
Désormais assujetti à la TVA, vous allez devoir facturer cet impôt à vos clients.
Ceci va concerner :
vos prochaines factures ;
mais également, si vous avez dépassé les seuils de tolérance, vos factures émises sans TVA à partir du 1er jour du mois de dépassement ;
Attention : La TVA que vous collectez devra être clairement dissociée de votre chiffre d'affaires.
a. Les factures émises après avoir basculé dans le régime de TVA
Clients professionnels
Si vous facturez à des professionnels, le basculement vers le régime de TVA auto-entrepreneur ne bousculera pas votre activité. En effet, vous pourrez leur vendre vos produits et services aux mêmes prix, en appliquant tout simplement la TVA.
La raison ? La TVA qu vos clients règlent sur leurs achats est déductible : ils ont ensuite la possibilité de la récupérer auprès de l'État. Cela ne changera donc (presque) rien pour eux.
Clients particuliers
Vous facturez à des particuliers ou à des professionnels qui ne peuvent déduire la TVA ? L'application de la TVA pourrait avoir un impact non négligeable sur votre activité.
Deux possibilités s'offrent alors à vous :
Vous conservez les mêmes tarifs, en "transformant" vos prix HT en prix TTC. Problème : vos revenus vont diminuer, puisque vous devrez reverser une partie du fruit de vos ventes à l'État au titre de la TVA ;
Vous augmentez vos prix de 20% afin de "faire payer" la TVA à vos clients. Problème : cette option risque de leur déplaire, et certains d'entre eux pourraient renoncer à vos offres.
Notre conseil : Si vous avez lancé votre activité il y a peu de temps, et que vous pensez sortir rapidement du régime de franchise de TVA, n'hésitez pas à fixer dès à présent des prix qui incluent, en totalité ou en partie, ces 20% de TVA – un impôt que vous serez susceptible de facturer par la suite.
L'idéal pourrait être d'anticiper le passage à la TVA et d'augmenter légèrement, mais régulièrement, vos prix sur une période de plusieurs mois.
Vous pouvez notamment profiter d'un changement d'année pour augmenter vos tarifs (par exemple de 10% la première année, puis de 10% supplémentaires l'année suivante). Vous éviterez ainsi de faire fuir vos clients, tout en ayant du temps pour "digérer" une éventuelle diminution de vos ventes.
Mais que faire si vous n'avez pas anticipé le passage à la TVA ?
b. Factures établies sans TVA au cours du mois de basculement : comment les régulariser ?
En tant qu’auto-entrepreneur, vous pouvez être amené à devoir anticiper le passage à la TVA.
Si vous avez dépassé les seuils de franchise (plafonds bas) au cours de deux années consécutives, c’est facile : vous facturez la TVA dès le début de l’année suivante.
Les choses se compliquent si vous avez dépassé les seuils de tolérance (plafonds hauts) : vous devez avoir, en principe, facturé cet impôt dès le début du mois du mois de dépassement.
Or il est souvent impossible de prédire avec exactitude son chiffre d’affaires. Vous avez pu, en toute bonne foi, facturer sans TVA à des clients au cours du mois de dépassement.
Exemple : Vous avez dépassé le seuil de tolérance à la fin du mois de novembre 2020. Les factures émises tout au long de ce même mois sont censées inclure de la TVA.
Dans ce cas, vous allez devoir transmettre à vos clients des factures rectificatives pour les ventes réalisées à partir du mois de dépassement. En effet, celles-ci n'étaient pas, à l'origine, soumises à TVA.
Deux cas doivent être distingués :
Vous facturez à des particuliers : c'est compliqué !
Dans la majorité des cas, votre client refusera de payer plus que ce qui était convenu, et vous ne pourrez pas lui facturer directement la TVA.
Une solution s'offre à vous : diminuer le prix HT de votre facture, afin que le prix TTC corresponde à celui sur lequel vous vous étiez entendus.
Vous devrez veiller à bien faire apparaître le détail de votre calcul sur votre nouvelle facture.
Comment s'y prendre ?
Avec un taux de TVA à 20%, il vous suffit d'appliquer cette formule pour calculer votre nouveau prix HT :
Nouveau prix HT = Ancien prix / 1,2
Retrouvez ci-dessous un exemple avec un prix facturé de 100 € :
Ancienne facture, sans TVA
Nouvelle facture, avec TVA
Total HT
100 €
100/1,2= 83,33 €
TVA
0 €
16,67 €
Total facturé
100 €
100 €
Vous facturez à des professionnels, ayant la possibilité de récupérer la TVA : c'est plus facile !
Votre client peut récupérer la TVA ?
Il est alors probable qu'il accepte un prix majoré, puisqu'il pourra récupérer cette majoration auprès de l'État.
Si c'est le cas, il vous suffira d"établir une nouvelle facture avec un prix HT égal au prix d'origine, auquel vous ajouterez la TVA.
Retrouvez ci-dessous un exemple avec un prix facturé de 100 € :
Ancienne facture, sans TVA
Nouvelle facture, avec TVA
Total HT
100 €
100 €
TVA
0 €
20 €
Total facturé
100 €
120 €
Récupérer la TVA sur ses achats d'auto-entrepreneur : comment ça se passe ?
Le passage à la TVA est souvent redouté par les auto-entrepreneurs.
Il offre pourtant un avantage intéressant : la possibilité de récupérer la TVA sur la majorité de ses achats professionnels.
Cela va par exemple concerner :
des marchandises qui seront revendues ;
des outils permettant de concevoir des objets ;
des fournitures et du matériel de bureau ;
du matériel informatique ;
des abonnements divers (solutions de facturation, outils de productivité, hébergement d'un site internet,...) ;
des frais de téléphonie/internet ;
des dépenses de restauration ;
etc.
Bon à savoir : l'auto-entrepreneur n'aura pas la possibilité de récupérer la TVA sur certaines dépenses, dont notamment :
certains types de carburant ;
les dépenses de logement ;
l'achat, la location et l'entretien d'un véhicule de transport.
Rappel : ces déductions ne peuvent concerner que les achats effectués à partir du moment où vous avez quitté le régime de franchise de TVA.
Il s'agit :
du 1er jour du mois de dépassement si les seuils de tolérance (plafonds hauts) ont été franchis ;
de l'année suivant le dépassement si vous avez dépassé les seuils de franchise (plafonds bas) tout en restant sous les seuils de tolérance (plafonds hauts) pendant 2 années consécutives.
Par conséquent, il peut être intéressant d'attendre ce basculement pour acheter ou renouveler votre équipement professionnel, afin de pouvoir réaliser des économies.
Est-il possible de déduire la TVA sur des achats effectués avant le passage à la TVA ? Oui, dans certains cas.
En principe, il n'est pas possible de récupérer la TVA sur les achats effectués avant le passage à la TVA.
Il existe toutefois deux exceptions (10), qui s'appliquent à la TVA :
sur les stocks ;
sur les immobilisations.
Si vous passez du régime de franchise au régime de TVA, ces possessions vont vous permettre de bénéficier d'un crédit de taxe déductible – aussi appelé "crédit de départ". En effet, le fisc va prendre en compte le stock que détenait votre auto-entreprise le jour du passage à la TVA.
Bon à savoir : Vous devrez conserver précieusement les justificatifs de vos achats pour pouvoir en bénéficier.
Afin de calculer ce crédit de départ, l'administration fiscale va retenir une partie de la TVA payée sur les immobilisations achetées par l'auto-entreprise lorsqu'elle était encore en franchise de TVA.
Pour cela, elle va effectuer le calcul suivant :
Pour les immeubles détenus par l'auto-entreprise, le fisc va retenir la totalité de la TVA payée, avant de l'amputer d'1/20e par année de détention.
Pour les autres biens immobilisés, le fisc va retenir la totalité de la TVA payée par l'auto-entrepreneur, avant de l'amputer d'1/5e par année de détention.
Comment calculer le crédit de départ ? Voici un exemple :
Gérard est artisan auto-entrepreneur. En franchise de TVA, il achète début 2019 une meuleuse pour 120 € TTC (dont 20 € de TVA, qu'il règle).
Le 25 mars, son chiffre d'affaires annuel dépasse le seuil de tolérance (plafond haut). Par conséquent, il ne bénéficie plus d'une franchise de TVA à partir du 1er mars 2021.
Il va pouvoir bénéficier en 2021, grâce à son achat de 2019, d'un crédit de départ égal à :
Lorsqu'il fera sa première déclaration de TVA, il aura la possibilité de déduire ces 12 € de sa TVA due.
Bon à savoir : Vous devez veiller à conserver les justificatifs de vos achats professionnels, que vous devrez fournir en cas de contrôle.
Pour un montant inférieur à 150 €, il vous suffit de conserver le ticket de caisse. Au-delà de 150 €, vous devrez disposer d'une facture.
Si votre TVA déductible est supérieure à votre TVA collectée, vous disposerez d'un solde de TVA créditeur. Vous pourrez ainsi obtenir un remboursement de la part du Trésor Public.
En résumé : l'assujettissement à la TVA de votre micro-entreprise est susceptible d'être avantageux si :
vos frais professionnels sont importants (achat de marchandises, outils, mobilier, matériel informatique,..) ;
et/ou vous vous adressez à des professionnels qui peuvent récupérer la TVA.
Micro-entreprise : quelles sont les démarches à suivre suite au passage à la TVA ?
Vous êtes auto-entrepreneur, votre chiffre d’affaires est important et vous allez très prochainement quitter le régime de franchise de TVA ?
La gestion de votre activité va devenir plus complexe : vous allez devoir collecter la TVA auprès de vos clients, tout en ayant la possibilité de récupérer cet impôt sur vos dépenses professionnelles. Vous devrez établir régulièrement une déclaration de TVA (tous les mois, tous les trimestres ou tous les ans).
Quelles sont les démarches à suivre ? Comment déclarer sa TVA auto-entrepreneur ? On vous dit tout dans cette partie !
Étape 1 : Créer et activer votre compte professionnel sur impots.gouv.fr
Dans un premier temps, vous devez, en tant qu'auto-entrepreneur, créer votre compte professionnel en vous rendant sur le site Impots.gouv.fr. C'est avec ce compte que vous allez pouvoir déclarer et régler votre TVA.
Notez que vous ne pourrez pas immédiatement vous connecter : le fisc vous transmettra un mot de passe par courrier, qu'il faudra saisir afin d'activiter votre compte.
Par conséquent, n'hésitez pas à vous y prendre à l'avance !
Attention : prenez garde à bien dissocier votre espace particulier (qui va vous permettre de régler vos impôts) et votre espace professionnel (consacré au paiement de la TVA, de la CFE auto-entrepreneur,...).
Étape 2 : Avertir votre SIE et lui demander un numéro de TVA intracommunautaire
Qu'est-ce que le numéro de TVA intracommunautaire ?
Également appelé "numéro d'identification fiscal individuel", le numéro de TVA intracommunautaire (11) est indispensable à toute entreprise qui achète ou fourni des biens ou des services dans l'Union européenne. Il vous permettra d'être clairement identifié – aussi bien par l'administration que par vos clients.
Vous réalisez des opérations dans l'UE ? Ce numéro est indispensable même si vous n'êtes pas assujetti à la TVA
La TVA intracommunautaire concerne les opérations effectuées au sein de l'Union Européenne.
Ainsi, toute entreprise qui effectue des opérations avec d'autres entreprises situées dans des pays membres (achat-revente ou prestations de services) doit, en principe, détenir un numéro de TVA intracommunautaire.
Deux cas doivent être distingués :
Vous exercez une activité de revente de marchandises
Si vous avez réalisé plus de 10 000 € d'achats annuels dans l'Union Européenne au cours de l'année précédente, vous devrez nécessairement disposer d'un numéro de TVA intracommunautaire.
Les factures de vos fournisseurs appartenant à un des pays membres de l'UE ne comporteront pas de TVA. Vous devrez payer la TVA française sur le prix d'achat.
En revanche, si vous avez réalisé moins de 10 000 € d'achats annuels dans l'Union Européenne au cours de l'année précédente, vous n'aurez pas besoin de numéro de TVA intracommunautaire. Vous n'aurez pas à reverser la TVA en France. Vous devrez toutefois payer vos fournisseurs TTC.
Vous exercez une activité de prestation de services
Vous devrez nécessairement disposer d'un numéro de TVA intracommunautaire, quel que soit le montant de vos achats dans l'UE.
Vous pensez qu'une partie de l'activité de votre auto-entreprise sera réalisée dans l'Union Européenne ? N'hésitez pas à demander un numéro de TVA intracommunautaire juste après avoir effectué votre inscription en tant qu'auto-entrepreneur.
Votre numéro de TVA intracommunautaire se compose :
du code FR : celui-ci indique que votre auto-entreprise est domiciliée en France ;
d'une clé informatique à 2 chiffres ;
des 9 chiffres de votre numéro Siren.
Ce numéro devra figurer :
sur vos devis et factures ;
sur vos déclarations de TVA ;
sur vos déclarations d'échange de biens.
Comment l'obtenir ?
Dès que vous basculerez dans le régime de TVA, vous devrez avertir votre Service des Impôts des Entreprises (SIE). Il activera ainsi la partie "TVA" de votre espace professionnel, et vous transmettra votre numéro de TVA intracommunautaire.
N'hésitez pas à cliquer sur ce lien afin d'obtenir ses coordonnées. Sélectionnez "Professionnel", puis "Une entreprise en France" et enfin "La taxe sur les valeurs ajoutées".
Notre conseil : N'hésitez pas à demander ce numéro avant votre passage à la TVA, afin de vous assurer de l'avoir en main lors de ce basculement.
3 types de numéros de TVA
Rappelons qu'il existe 3 différents types de numéro TVA :
Si votre activité ne concerne que la France, vous disposerez d'un numéro d'un numéro de TVA appliquée en France ;
Si votre activité suppose des échanges avec des pays membres de l'Union européenne, vous obtiendrez un numéro de TVA intracommunautaire ;
Si votre activité concerne des échanges avec des pays hors espace européen, vous disposerez d'un numéro de TVA extra-communautaire de prestation de services.
transmettre une déclaration de TVA (de manière mensuelle, trimestrielle ou annuelle).
Vous indiquerez dans ces déclarations le montant de TVA collectée, le montant de TVA déductible ainsi que le solde de TVA.
Rappel : Tant que vous ne dépassez pas les plafonds de CA de la micro-entreprise (176 200 € pour une activité d'achat-revente ou 72 500 € pour une activité de prestation de services) pendant deux années consécutives, vos bénéfices continueront d'être imposés selon les modalités du régime micro-fiscal.
Pour le calcul et le paiement de sa TVA, l'auto-entrepreneur peut relever de deux régimes :
le régime simplifié d'imposition (RSI), avec dépôt d'un bilan comptable simplifié (déclaration TVA CA 12 tous les ans) ;
le régime réel normal (RN), avec dépôt d'un bilan comptable complet (déclaration TVA CA3 tous les mois ou tous les trimestres).
Vous n'avez pas encore reçu vos identifiants et vous devez faire votre première déclaration ?
Nous vous invitons à imprimer et remplir le formulaire adéquat. Vous l'enverrez à votre SIE par courrier ou par e-mail.
Si vous avez de la TVA à régler, glissez-y un chèque à l'ordre du Trésor Public.
Bon à savoir : avant de transmettre votre premier règlement, vous devrez envoyer un mandat SEPA signé à votre banque. Ceci lui permettra de prélever la TVA sur votre compte auto-entrepreneur.
a. Le Régime Simplifié d'Imposition (RSI) : une déclaration et deux acomptes par an (TVA CA 12)
Vous en relevez d'office si vous ne faites pas de demande contraire – à moins que votre TVA due annuellement soit supérieure à 15 000 €.
Plusieurs opérations sont exclues de ce régime
Vous ne pouvez pas bénéficier de ce régime si vous effectuez notamment les opérations suivantes lors de l'année de création de votre auto-entreprise ou de l'année suivante :
des travaux de construction dans le secteur du bâtiment effectuée par une nouvelle auto-entreprise ;
des importations ou certaines opérations immobilières soumises à la TVA.
Le régime simplifié vous permet de bénéficier d'obligations allégées : vous n'aurez notamment qu'à transmettre un bilan simplifié à l'administration fiscale, et ne réglerez votre TVA que deux fois par an.
Afin de déclarer votre TVA auto-entrepreneur, vous serez tenu de transmettre une seule déclaration par an. Vous devrez remplir et envoyer le formulairedéclaration de TVA CA 12 avant le 2e jour ouvré qui suit le 1er mai.
Vous y préciserez toutes les opérations imposables effectuées du 1er janvier au 31 décembre de l'année précédente :
La TVA que vous aurez collectée auprès de vos clients (TVA collectée) lors de l'année écoulée ;
La TVA que vous aurez réglée lors de vos achats (TVA déductible) lors de l'année écoulée.
Ceci vous permettra d'indiquer, sur la ligne 57 de votre déclaration CA12, le solde de TVA que vous devrez reverser à l'État.
Il s'obtient par la formule suivante :
TVA due = TVA collectée - TVA déductible
Ce montant servira de référence pour le calcul des deux acomptes semestriels qui devront être versés l'année suivante.
Les voici :
un premier paiement en juillet : vous verserez un premier acompte correspondant à 55% du montant annuel de TVA dû au titre de l'exercice précédent ;
un second paiement en décembre : vous verserez un deuxième acompte égal à 40% du montant annuel de TVA dû au titre de l'exercice précédent.
L'année suivante, vous devrez refaire une nouvelle déclaration de TVA, toujours avant le 2e jour ouvré suivant le 1er mai.
Deux possibilités pourront alors se présenter :
vous devez verser un solde de TVA pour être régularisé ;
vous avez droit une restitution de TVA, ou ce montant sera pris en compte pour la période suivante.
Vous pouvez retrouver les date limites de transmission des acomptes de TVA en cliquant sur ce lien, ou dans la rubrique "Déclarer la TVA" de votre espace professionnel.
Bon à savoir : Si le montant annuel de TVA due par l'auto-entrepreneur est inférieur à 1 000 €, il reversera alors sa TVA en une seule fois, après avoir transmis sa déclaration annuelle CA 12.
b. Le régime Réel Normal (RN) d'imposition pour une micro-entreprise : déclaration TVA CA3 et paiement tous les mois/trimestres
En tant qu'auto-entrepreneur, le régime réel d'imposition est optionnel : vous avez la possibilité d'en bénéficier sur demande. Vous devrez le faire en même temps que votre demande de n° de TVA.
Il sera toutefois obligatoire si le montant annuel de TVA exigible est supérieur à 15 000 €.
Vous devrez alors remplir une déclaration CA3 et procéder au paiement de la TVA :
tous les mois, si la TVA nette due est supérieure à 4 000 € par an ;
tous les trimestres sinon.
Vous y indiquerez le montant de TVA due au cours du mois ou du trimestre précédent. Vous pourrez alors effectuer votre paiement en ligne.
Vous pouvez retrouver les dates exactes de dépôt des déclarations mensuelles et trimestrielles en fonction de votre situation en cliquant sur ce lien. Vous pouvez également y accéder en vous rendant au sein de la rubrique "Déclarer la TVA" de votre espace professionnel.
Bon à savoir : ce formulaire devra être transmis dès le premier mois (ou trimestre) au cours duquel vous serez assujetti à la TVA.
Vous devrez notamment indiquer sur vos déclarations :
Le montant des opérations imposables (HT) et des opérations non imposables ;
Le montant de TVA collectée ;
Le montant de TVA déductible.
Ceci vous permettra de calculer la TVA nette due à l'Etat.
c. Comment obtenir le remboursement de son crédit de TVA ?
Vous avez déclaré un montant de TVA déductible supérieur au montant de TVA collectée ?
Vous allez pouvoir bénéficier d’un crédit de TVA. Vous pourrez, sous certaines conditions, obtenir le remboursement de cette somme.
Vous devrez alors télétransmettre à l’administration fiscale :
le formulaire n°3519 en plus de votre déclaration mensuelle ou trimestrielle si vous relevez du régime simplifié d'imposition ;
le formulaire n°3517DDR en plus de votre déclaration annuelle si vous relevez du régime réel normal d'imposition.
d. Déclaration et paiement de la TVA auto-entrepreneur : deux types de téléprocédures
Vous devrez effectuer vos déclarations et paiements de TVA à partir de votre compte fiscal professionnel auto-entrepreneur.
Notez qu’il existe deux systèmes de téléprocédures :
L'échange de formulaires informatisé (EFI) lorsque vous vous connectez vous-même sur votre espace professionnel impots.gouv.fr ;
L'échange de données informatisé (EDI) pour les échanges informatisés réalisés par l'intermédiaire d'un expert-comptable (ce qui ne concerne que certains auto-entrepreneurs).
Auto-entrepreneur assujetti à la TVA : de nouvelles obligations
Intéressons-nous maintenant aux autres obligations qui incombent à l'auto-entrepreneur assujetti à la TVA.
Quelles mentions obligatoires sur les factures de l'auto-entrepreneur redevable de la TVA ?
Vous ne bénéficiez plus de la franchise de TVA ?
Vous êtes désormais tenu de collecter la TVA auprès de vos clients. Pour cela, vous allez devoir adopter de nouvelles règles de facturation.
Voici la marche à suivre (ces règles concernent également vos devis) :
Retirer de vos factures la mention qui indiquait que vous n’étiez pas redevable de la TVA (TVA non applicable – article 293 B du CGI) ;
Votre facture porte sur un montant supérieur à 150 €, ou implique des opérations réalisées à l'étranger ? Vous devez y ajouter votre numéro d'identification à la TVA, ainsi que celui de votre client s'il est redevable de cet impôt ;
Décomposer le total figurant sur votre facture avec :
le montant total à payer hors taxes (HT) ;
le taux de TVA applicable (de 20% dans la majorité des cas), ainsi que le montant de TVA correspondant ;
le montant total à payer toutes taxes comprises (TTC).
Exemple d'application de la TVA à 20% sur une facture
Total HT
100 €
TVA (20%)
20 €
Total TTC
120 €
Attention : Si vous envoyez des factures non conformes à vos clients, vous vous exposez au paiement d'une amende de 15 € pour chaque mention manquante ou inexacte. Cette amende ne pourra toutefois pas dépasser, pour chaque facture, le quart de son montant.
Bon à savoir : vous aurez, en contrepartie, la possibilité de déduire la TVA sur vos achats professionnels.
Les biens et services concernés devront être nécessaires à votre activité, et vous devrez conserver tous les justificatifs attestant de ces dépenses.
Obligations comptables de l'auto-entrepreneur assujetti à la TVA : quel type de comptabilité doit-il tenir ?
En tant qu’auto-entrepreneur, vous n’êtes pas tenu de déposer une liasse fiscale (bilan, compte de résultat,…) auprès de l’administration.
La raison : même si vous pouvez être assujetti à la TVA, vous continuez à relever du régime micro-social simplifié, qui prévoit des obligations comptables allégées.
Vous devrez néanmoins tenir un livre comptable. Vous y indiquerez, au jour le jour, toutes les opérations réalisées, en veillant à préciser celles qui sont soumises à TVA.
Bon à savoir : si vous réalisez des opérations avec des clients non assujettis à la TVA et que vous utilisez un système ou un logiciel de caisse, celui-ci devra impérativement être certifié. Cela permettra à l'administration fiscale de s'assurer que ses données n'ont pas été altérées.
En utilisant un logiciel non conforme, vous vous exposez au paiement d'une amende de 7 000 €.
Le micro-entrepreneur pratiquera une comptabilité de trésorerie : ceci lui permettra d'établir ses déclarations de TVA en fonction des dates auxquelles ont été encaissées et décaissées ses factures.
Vous n'êtes pas à l'aise avec d'éventuelles déclarations de TVA ? Vous aimeriez bénéficier d'un accompagnement afin d'établir votre comptabilité auto-entrepreneur ?
Nous vous recommandons de vous offrir les services d'un expert-comptable, qui vous permettra de vous concentrer sur l'aspect opérationnel de votre activité.
Il est également possible d'adhérer à un centre de gestion agréé (pour les artisans et les commerçants) ou à une association de gestion (pour les professionnels libéraux). Vous pourrez demander à ces organismes d'examiner la vraisemblance de vos déclarations de TVA.
Cela a toutefois un coût : comptez, en moyenne, environ 250 euros par an.
Passage à la TVA : quelles conséquences sur vos impôts et vos cotisations sociales ?
Le régime de TVA va-t-il avoir un impact sur vos déclarations de chiffre d’affaires ?
En tant qu’auto-entrepreneur assujetti à la TVA, vous devez bien faire la distinction entre :
les prix HT que vous facturez à vos clients : ces montants vous appartiennent, sous réserve de régler les cotisations et impôts qui y sont associés;
et la TVA associée à ces prix, que vous collectez et reversez au Trésor Public. Elle ne fait pas partie de votre chiffre d'affaires HT.
Ainsi, lors de votre déclaration (mensuelle ou trimestrielle) de chiffre d'affaires, vous devez seulement indiquer les montants encaissés hors taxes – et surtout pas la TVA collectée. Ce sont ces sommes qui serviront à calculer vos cotisations sociales, et qui impacteront également votre impôt sur le revenu.
Vous souhaitez en savoir plus sur la TVA en micro-entreprise ?
N’hésitez pas à consulter nos réponses aux questions fréquemment posées :
Un micro-entrepreneur est-il assujetti à la TVA ?
Au démarrage de son activité, le micro-entrepreneur bénéficie d'une franchise de TVA. Il ne facture pas cet impôt à ses clients – mais ne peut, en contrepartie, le récupérer sur ces achats.
En revanche, il sera assujetti à la TVA s'il dépasse certains seuils de chiffre d'affaires :
si les seuils de franchise de TVA (85 800 € pour une activité de vente de marchandises ou 34 400 € pour une activité de prestations de services) sont dépassés durant deux années consécutives. Il sera alors soumis à la TVA dès le 1er janvier de l'année suivante.
si les seuils de tolérance de TVA (94 300 € ou 36 500 €) sont dépassés au cours d'une année, il sera soumis à la TVA dès le premier jour du mois de dépassement.
Notez qu'il existe une règle particulière pour les deux premières années d'activité.
Dans ma situation, le régime de TVA me semble plus avantageux. Puis-je en bénéficier ?
Oui, vous avez la possibilité d'abandonner le régime de franchise de TVA.
Vous devrez pour cela vous rapprocher de votre Service des Impôts des Entreprises.
Cette option prendra effet à partir du premier jour du mois au cours duquel vous avez transmis votre demande.
Je suis assujetti à la TVA : sur quelles dépenses puis-je déduire la TVA ?
En tant qu'assujetti à la TVA, vous allez devoir collecter cet impôt pour le compte des services fiscaux.
En contrepartie, vous allez pouvoir récupérer la TVA sur certains de vos achats professionnels, dont notamment :
l'achat de machines et de marchandises ;
les frais de locaux professionnels ;
les frais de repas nécessaires à l'activité de votre micro-entreprise ;
certains frais de transport (frais de péage, toute ou partie des frais de carburant,...) ;
l'achat de vêtements de travail ou de protection.
...
Attention : Seules les dépenses effectuées après la perte de la franchise de TVA (soit le mois de dépassement, soit le 1er janvier de l'année) sont concernées.
Comment l'auto-entrepreneur peut-il bénéficier à nouveau de la franchise en base de TVA ?
Afin de pouvoir bénéficier à nouveau d'une franchise de TVA dès le 1er janvier de l'année N, deux conditions doivent être respectées :
votre chiffre d'affaires de l'année N-1 doit être inférieur au seuil de tolérance (94 300 € ou 36 500 €) ;
votre chiffre d'affaires de l'année N-2 doit être inférieur au seuil de franchise (85 800 € ou 34 400 €) ;
Notez que vous devrez en faire la demande au Service des Impôts des Entreprises dont vous relevez.
Puis-je déduire la TVA de mon chiffre d'affaires de micro-entrepreneur ?
Non : la TVA n'est pas une charge déductible.
Alors que vous avez la possibilité de récupérer la TVA versée dans le cadre de certains achats professionnels, il est impossible de déduire cet impôt de votre chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur.
Exemple : Nicolas est artisan auto-entrepreneur assujetti à la TVA. Pour les besoins de son activité, il achète une perceuse à 240 € (200 € HT + 40 € de TVA).
Il pourra obtenir le remboursement de 40 € (la TVA payée). En revanche, il n'aura pas la possibilité de "déduire" le prix de la perceuse (ou cette même TVA) de son chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur.
Bon à savoir : Vous ne pouvez pas déduire vos charges en micro-entreprise, puisque vous bénéficiez d'abattement forfaitaire pour frais professionnels. Celui-ci va dépendre de la nature de votre activité.
Notez enfin que c'est votre chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur hors taxe qui devra être déclaré, chaque mois ou chaque trimestre.
Je n'ai pas (ou plus) la possibilité d'être micro-entrepreneur. Puis-je malgré tout bénéficier de la franchise de TVA ?
Oui : le régime de franchise de TVA n'est pas exclusivement réservé aux micro-entreprises. Toute entreprise dont le chiffre d'affaires se situe en dessous des seuils de TVA peut en bénéficier.
La conséquence ? Si, à un moment ou un autre, vous ne respectez plus toutes les conditions du statut micro-entrepreneur, vous aurez peut-être toujours la possibilité de profiter des avantages du régime de franchise de TVA.
Je ne bénéficie plus de la franchise de TVA – dois-je nécessairement m'offrir les services d'un comptable ?
Rien ne vous y oblige : même assujetti à la TVA, vous avez parfaitement le droit d'effectuer vous-même votre comptabilité.
Il peut toutefois être pertinent de faire appel à un expert-comptable, qui pourra vous faire gagner du temps et vous aider à mieux piloter votre activité.
Où trouver mon numéro de TVA auto-entrepreneur ?
Pour obtenir votre numéro de TVA intracommunautaire, vous devez envoyer un courrier ou un mail à votre Service des Impôts des Entreprises.
Vous expliquerez à votre interlocuteur que vous êtes désormais (ou que vous êtes sur le point d'être) assujetti à la TVA.
Quand payer la TVA en tant qu'auto-entrepreneur ?
La périodicité des paiements de TVA va dépendre du régime d'imposition choisi pour votre micro-entreprise :
Dans le cadre du régime simplifié d'imposition : vous paierez la TVA de manière semestrielle, en versant deux acomptes par an ;
Dans le cadre du régime réel normal : vous paierez la TVA de manière mensuelle si la TVA due est supérieure à 4 000 € par an, sinon de manière trimestrielle.
Je suis assujetti à la TVA : que dois-je reverser ?
Le calcul est simple : il s'agit de la différence entre la TVA collectée auprès de vos clients et de la TVA réglée à vos fournisseurs.
TVA à reverser = TVA collectée - TVA déductible
Si ce résultat est négatif, vous pourrez bénéficier d'un crédit de TVA.
Conclusion
Comme nous l'avons vu, l'auto-entrepreneur est assujetti à la TVA dès qu'il dépasse certains seuils de chiffre d'affaires.
Faut-il y voir une contrainte ou une opportunité ? Tout dépend de la manière dont vous exercez votre activité d'auto-entrepreneur !
Voici un résumé des principales conséquences de chaque mode d'imposition en micro-entreprise :
Franchise de TVA
Gestion simplifiée : ni facturation ni récupération de TVA
Vous n'intégrez pas la TVA dans vos prix (avantageux si vos clients sont des particuliers)
Vous ne pouvez pas récupérer la TVA sur vos achats
Assujettissement à la TVA
Gestion plus complexe
Si vos clients sont des entreprises : pas d'impact sur votre compétitivité
Vous pouvez récupérer la TVA sur vos achats professionnels
Notez enfin qu'Il convient de bien anticiper le passage à la TVA, qui aura des conséquences importantes sur votre activité !
Vous devez commencer à vous intéresser à la question dès que votre chiffre d'affaires commencera (et on vous le souhaite) à se rapprocher des seuils de franchise (34 400 € pour une activité de services, 85 800 € pour une activité commerciale).
Ce basculement, qui suppose de nouvelles obligations comptables et administratives, peut s'avérer complexe. Si c'est un véritable casse-tête pour vous, nous vous recommandons vivement de faire appel aux services d'un expert-comptable, avant d'envisager éventuellement un changement de statut.
Et vous, que pensez-vous du principe de franchise de base de la TVA de l'auto-entrepreneur ? Redoutez-vous le passage à la TVA ? Avez-vous déjà du y faire face dans le cadre de votre micro-entreprise ?
N'hésitez pas à nous faire part de vos remarques ou de vos questions dans les commentaires !
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