Auto-Entrepreneur sans chiffre d’affaires : tout ce qu’il faut savoir
Auto-entrepreneur sans chiffre d'affaires : quelles conséquences en 2023? Existe-t-il un revenu minimum pour rester micro-entrepreneur ? L'auto-entrepreneur sans activité est-il redevable d'impôts et de cotisations sociales ? Bénéficie-t-il d'une protection sociale ?
Conjoncture défavorable, offre commerciale mal adaptée, perte de motivation, reprise d'un emploi salarié en parallèle... Il n'est pas rare que des auto-entrepreneurs passent plusieurs mois sans émettre de facture, et donc sans encaisser le moindre euro de chiffre d'affaires ou de recettes.
Cette absence de revenu ne les exonère toutefois pas de leur obligation de déclarer leur chiffre d'affaires, tous les mois ou tous les trimestres.
Et même s'ils n'auront pas de charges sociales à verser, un chiffre d'affaires nul pourra avoir des conséquences sur leur protection sociale.
Enfin, si cette situation perdure pendant plus de deux ans, leur auto-entreprise sera automatiquement radiée.
Dans cet article, nous nous efforcerons de répondre en détail aux questions suivantes :
Micro-entreprise sans chiffre d'affaires : quelles charges sociales et fiscales ?
L'auto-entrepreneur sans revenu doit-il déclarer son chiffre d'affaires ? De quelle protection sociale bénéficie-t-il ?
Quelles sont les conséquences de la radiation de l'auto-entreprise ? Comment est-il possible de l'éviter lorsque le délai des 2 ans sans chiffre d'affaires approche ?
Peut-on redevenir micro-entrepreneur après une radiation ?
Bon à savoir : Depuis 2016, l'auto-entreprise – qui permet de bénéficier d'un calcul simplifié de ses charges et d'obligations déclaratives allégées – est devenue la "micro-entreprise". L'ancien terme reste toutefois couramment utilisé.
L’auto-entrepreneur qui ne déclare aucun chiffre d’affaires n’a pas de cotisations sociales à payer au titre de son activité indépendante.
La raison est simple :
Le régime micro-social simplifié suppose des cotisations sociales proportionnelles au chiffre d’affaires encaissé par l’auto-entrepreneur, calculées de manière mensuelle ou trimestrielle.
Les taux applicables s’élèvent à :
12,3% pour des activités d'achat-revente, de restauration et des prestations d'hébergement ;
ou 21,2% pour des prestations de services ou des activités libérales (21,10% pour les professions libérales relevant de la Sécurité sociale des indépendants pour leur retraite) ;
Avec un chiffre d'affaires égal à zéro, les cotisations sociales seront donc, elles aussi, nulles.
Pas d'impôts
Le raisonnement est identique pour vos impôts d’auto-entrepreneur.
Deux cas doivent toutefois être distingués :
Vous n'avez pas opté pour le versement forfaitaire libératoire (VFL)
Si vous n'avez généré aucun chiffre d'affaires au cours de l'année, vous n'aurez pas d'impôt auto-entrepreneur à régler au titre de cette année. Vous devrez naturellement payer des impôts sur vos autres revenus imposables, le cas échéant.
Bon à savoir : Le prélèvement à la source est entré en vigueur en 2019. Les travailleurs indépendants doivent s'acquitter d'acomptes mensuels. Ceux-ci sont réactualisés tous les ans en septembre, après la prise en compte de leur déclaration du printemps.
Vous êtes ainsi susceptible d'avoir des impôts à payer au cours de l'année N+1, même si votre auto-entreprise n'a encaissé aucun euro de chiffre d'affaires en N.
En effet, votre chiffre d'affaires nul de l'année N n'aura d'impact qu'à partir du mois de septembre de l'année N+1, après la prise en compte de votre déclaration d'impôt du printemps.
Bon à savoir : Afin d'éviter ce décalage, vous avez la possibilité de moduler vos acomptes pour anticiper la baisse de vos revenus d'indépendant.
Notez qu'une modulation à la baisse n'est possible qu'en cas d'impôt réellement dû inférieur d'au moins 200 € et de 10% de l'impôt qui aurait été prélevé sans modulation.
Vous pouvez également demander à ce que votre taux de prélèvement soit actualisé, afin qu'il puisse refléter la baisse de votre chiffre d'affaires.
Vous avez opté pour le versement forfaitaire libératoire (VFL)
Pour rappel, ce dispositif vous permet de régler en même temps vos charges sociales et vos impôts d'auto-entrepreneur, tous les mois ou tous les trimestres.
Dans ce cas, tout est beaucoup plus simple.
Si votre chiffre d'affaires encaissé est nul au cours de la dernière période déclarative, vous n'aurez aucun impôt à verser au titre de cette période.
Auto-entrepreneur sans chiffre d'affaires : exonération de CFE
Certains auto-entrepreneurs dont le CA en année N est inférieur à 5 000 € bénéficient d’une exonération de la Cotisation Foncière des Entreprises en année N+2 (1).
Cette règle s’applique à ceux qui sont redevables de la cotisation minimum – autrement dit, qui exercent depuis leur domicile, en clientèle ou depuis un local doté d’une valeur locative très faible.
Si vous êtes concerné, vous ne serez pas redevable de la CFE en cas de chiffre d’affaires égal à zéro il y a deux ans.
Bon à savoir : Une exonération est prévue la première année pour tous les auto-entrepreneurs – à condition de remplir une déclaration initiale de cotisation foncière des entreprises (formulaire et notice). Vous devrez la transmettre à votre Service des Impôts des Entreprises (SIE) avant la fin de l'année.
Les auto-entrepreneurs bénéficient par ailleurs d'une réduction de 50% de la base d'imposition au titre de leur deuxième année d'activité.
Autres charges de l'auto-entrepreneur sans chiffre d'affaires
Si vous ne déclarez aucun chiffre d’affaires, vous n’aurez pas non plus à payer les autres charges annexes de la micro-entreprise :
La Contribution à la Formation Professionnelle (CFP), puisque celle-ci proportionnelle à votre chiffre d'affaires (0,1 à 0,3% du CA) ;
La taxe pour frais de chambre consulaire (versée à la CCI ou à la CMA), également proportionnelle à votre chiffre d'affaires (avec un taux de 0,015 à 0,83% de votre CA – vous n'êtes toutefois pas concerné par cette taxe si vous êtes professionnel libéral ou loueur en meublé professionnel).
En résumé, la règle est la suivante :
Pas de CA encaissé Pas de cotisation ni d'impôt
Même sans impôts ni cotisations, une micro-entreprise peut vous coûter cher
Ce n’est pas parce que votre auto-entreprise ne génère aucun chiffre d’affaires – et ne supposera donc pas de prélèvements obligatoires – qu’elle ne vous coûtera forcément rien !
Vous devez peut-être faire face à certains frais fixes, comme par exemple :
des charges d'exploitation : location d'un bureau, abonnement à divers services (hébergement de site, outils comptables,...) ;
des frais bancaires. L'auto-entrepreneur doit disposer d'un compte bancaire dédié à son activité. Il a toutefois la possibilité de s'exonérer de cette obligation si son chiffre d'affaires ne dépasse pas, pendant deux années consécutives, le seuil des 10 000 € annuels ;
des assurances responsabilité civile et protection juridique : si la plupart d'entre elles sont facultatives, retenez qu'il est obligatoire de souscrire à une assurance responsabilité civile professionnelle ("RC Pro") si vous exercez certains activités (domaines de la santé et du droit, transport, BTP, conseil financier,...) ;
une assurance prévoyance : certains auto-entrepreneurs décident d'y souscrire afin de compenser la baisse d'activité liée à une incapacité temporaire de travail ou à une invalidité ;
une mutuelle santé, pour vous permettre d'obtenir une meilleur prise en charge de vos frais médicaux ;
L'auto-entrepreneur doit impérativement déclarer son chiffre d'affaires – même si celui-ci est nul
Avant de commencer, n'hésitez pas à dérouler l'un des onglets ci-dessous pour en savoir plus sur le chiffre d'affaires en micro-entreprise :
Qu'est-ce que le chiffre d'affaires de l'auto-entrepreneur ? Comment est-il calculé ?
Le chiffre d'affaires correspond à l'ensemble des ventes (produits ou services) réalisées par l'auto-entrepreneur.
Il ne doit pas être confondu avec le bénéfice, qui est égal à la différence entre le chiffre d'affaires et les dépenses.
En micro-entreprise, il convient de s'intéresser au chiffre d'affaires réellement encaissé – autrement dit, aux sommes qui vont atterrir sur votre compte bancaire.
Comment déclarer son chiffre d'affaires auto-entrepreneur ?
Lors de la création de votre auto-entreprise, vous pouvez choisir votre périodicité déclarative :
mensuelle : vous transmettrez votre déclaration au plus tard le dernier jour du mois suivant la période concernée (par exemple, la déclaration de février devra être envoyée avant le 31 mars) ;
ou trimestrielle (les 30 avril, 31 juillet, 31 octobre et 31 janvier) ;
Vos déclarations de chiffre d'affaires doivent être réalisées en ligne :
ou sur l'application AutoEntrepreneur Urssaf (disponible sur iOS et Android)
La déclaration de chiffre d'affaires est obligatoire
Deux changements en 2011
Autrefois, l'auto-entrepreneur avait la possibilité de conserver le bénéfice du statut sans chiffre d'affaires pendant une période de 3 ans (36 mois civils ou 12 trimestres civils consécutifs) (2). Il n'était pas obligé de déclarer son chiffre d'affaires si celui-ci était nul.
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2011 (3) a introduit deux changements :
Les auto-entrepreneurs sont tenus de déclarer leur CA ou leurs recettes, même si ceux-ci sont nuls ;
Ils peuvent conserver leur statut pendant une période de deux ans (24 mois civils ou 8 trimestres civils consécutifs).
Les micro-entrepreneurs doivent déclarer, chaque mois ou chaque trimestre, leur chiffre d'affaires ou leurs recettes – même lorsque ce montant est nul. (4).
Il leur suffit d'inscrire la mention "néant" dans la case correspondant à leur activité (5).
Les déclarations doivent être réalisées sur le site autoentrepreneur.urssaf.fr ou sur l'application AutoEntrepreneur Urssaf (disponibile sous Android et iOS).
Vous l'aurez compris : un chiffre d'affaires égal à zéro ne vous dédouane pas de vos obligations déclaratives !
Non-déclaration du chiffre d'affaires : de lourdes pénalités
En cas de retard ou d'absence de déclaration de votre chiffre d'affaires, vous vous exposez à diverses pénalités.
Retard de déclaration : une amende de 55 €
Pour chaque déclaration non transmise dans les temps, l'auto-entrepreneur s'expose à une pénalité de 55 € (montant 2023).
Ce montant correspond à 1,5% du plafond mensuel de la Sécurité Sociale, arrondi à l'euro supérieur.
Absence de déclaration : de lourdes pénalités
Une ou plusieurs déclarations n'ont toujours pas été transmises avant la dernière échéance annuelle ?
Vos cotisations sociales seront calculées, provisoirement, sur une base forfaitaire. Cette base va être égale au CA maximum réalisable en franchise de TVA (il correspond au "seuil de tolérance" de TVA). Celui-ci sera ramené au mois ou au trimestre, en fonction de la périodicité déclarative choisie ;
Vous vous exposerez à des majorations : l'assiette de cotisations ainsi obtenue pourra ensuite faire l'objet d'une majoration (de 5 ou 15%) pour chaque déclaration manquante.
Attention : Cette base de calcul forfaitaire sera utilisée afin d'apprécier un éventuellement dépassement des plafonds de CA de la micro-entreprise.
Pénalités dans le cas de déclarations trimestrielles
25 250 € (101 000 € / 4) pour une activité d'achat-revente ;
9 775 € (39 100 € / 4 ) pour une activité de prestation de services ;
Par ailleurs, une majoration de 15% sur les cotisations à régler sera appliquée pour chaque déclaration manquante.
Pénalités dans le cas de déclarations mensuelles
Les cotisations seront cette fois calculées sur le base du douzième de ces mêmes montants.
8 417 € (101 000 € / 12) pour une activité d'achat-revente ;
3 258 € (39 100 € / 12) pour une activité de prestation de services ;
Par ailleurs, une majoration de 5% sur les cotisations à régler sera appliquée pour chaque déclaration manquante.
Auto-entrepreneur : base de calcul forfaitaire par déclaration de chiffre d'affaires manquante (chiffres 2023)
Déclarations manquantes
Base de calcul pour une activité d'achat-revente
Base de calcul pour une activité de prestation de service
Majoration par déclaration manquante
Déclarations mensuelles
8 417 €
3 258 €
+ 5%
Déclarations trimestrielles
25 250 €
9 775 €
+ 15%
Exemple
Julie est auto-entrepreneure prestataire de services. Elle déclare son chiffre d'affaires de manière mensuelle.
Elle n'a pas transmis de déclaration au cours des 3 derniers mois de l'année précédente.
Afin de calculer le montant de ses cotisations dues au titre de ces 3 mois, l'administration va prendre l'assiette suivante comme base de calcul :
(3 x 3258 €) + [(3 x 3258 €) x (3 x 5%)] = 9 774 € + (9 774 € x 15%) = 9 774 € + 1466 € = 11 240 €
Bon à savoir : Si l'URSSAF prend initiative de calculer vos cotisations sociales sur une base forfaitaire, vous en serez notifié par lettre recommandée.
Vous aurez alors la possibilité de régulariser votre situation en déclarant le chiffre d'affaires encaissé au cours des périodes déclaratives concernées. Vos cotisations feront toutefois l'objet d'une majoration de 3%.
Attention : si vous n'êtes pas à jour du paiement de vos cotisations sociales, l'URSSAF refusera de vous délivrer une attestation de vigilance – un document nécessaire pour transmettre des factures portant sur un montant supérieur à 5 000 € HT.
Notez par ailleurs qu'en cas d’omission volontaire d'informations vis-à-vis de l'administration, vous vous exposez à des poursuites pénales.
Auto-entrepreneur sans revenu : quelle protection sociale ?
L’absence de chiffre d’affaires de l’auto-entrepreneur aura des répercussions sur le niveau de protection sociale dont il bénéficie : indemnités journalières, droits à la formation, droits à la retraite,…
Les conséquences seront toutefois différentes en fonction du caractère exclusif ou non de son activité indépendante.
Bon à savoir : même en l'absence de chiffre d'affaires, l'auto-entrepreneur continue de bénéficier d'une protection sociale.
Bon à savoir : Depuis 2020, les auto-entrepreneurs sont rattachés au régime général de la Sécurité Sociale (à l'exception de certains professionnels libéraux, affiliés à la Cipav).
Les prestations santé-maternité du micro-entrepreneur sans revenu
Pour vos prestations santé, deux cas doivent être distingués :
Votre activité d'auto-entrepreneur est votre seule activité professionnelle
Vous n'exercez aucune autre activité ?
Vous relevez du régime général de la Sécurité sociale au titre de votre activité d'auto-entrepreneur.
Notez que l'absence de chiffre d'affaires aura alors un impact sur votre protection sociale.
Certes, vous aurez toujours la possibilité de bénéficier des mêmes taux de remboursement que les salariés pour vos soins de santé (visites chez le médecin, médicaments, séjours hospitaliers,...).
Toutefois, si votre revenu annuel moyen est inférieur à 4 399,20 € en 2023, vous ne pourrez plus bénéficier d'indemnités journalières au titre de votre activité d'indépendant.
Enfin, si vos revenus sont inférieurs à ce même seuil, vos prestations maternité/paternité seront diminuées de 10% par rapport à leur montant habituel.
Bon à savoir : Depuis 2014, vous ne pourrez pas demander le financement d'une formation si votre chiffre d'affaires a été nul au cours des 12 derniers mois précédant votre demande (6).
Votre activité d'auto-entrepreneur n'est exercée qu'à titre secondaire
L'absence de chiffre d'affaires n'aura qu'un impact limité sur votre protection sociale si votre auto-entreprise ne représente qu'une activité secondaire.
L'auto-entrepreneur qui exerce simultanément une activité salariée va verser des cotisations au régime général de la Sécurité sociale. Ces versements se feront au titre de ses 2 activités (à moins que son chiffre d'affaires d'auto-entrepreneur soit nul, auquel cas il ne cotisera qu'en tant que salarié).
Par défaut, il bénéficiera de la couverture sociale liée à son activité la plus ancienne – et ce même s'il verse des cotisations auprès de deux régimes.
S'il était salarié avant de devenir auto-entrepreneur, il sera affilié à la CPAM en tant que salarié ;
Sinon, il sera affilié à la CPAM en tant qu'auto-entrepreneur.
Bon à savoir : le micro-entrepreneur a toutefois la possibilité d'exercer une option contraire d'affiliation.
Vous êtes auto-entrepreneur et étudiant : votre couverture santé est également assurée par le régime général de la Sécurité sociale. Vous avez éventuellement la possibilité de bénéficier de la mutuelle de vos parents. Votre activité d'auto-entrepreneur est considérée comme secondaire.
Vous êtes auto-entrepreneur et retraité : là aussi, même en l'absence de chiffre d'affaires, votre protection sociale est inchangée. En effet, votre couverture santé, mais également le versement de votre pension de retraite, sont assurés par le régime pour lequel vous avez cotisé tout au long de votre vie active.
Retraite : pas de validation de trimestres en cas de chiffre d'affaires nul
En cas de chiffre d’affaires nul, vous ne pourrez pas valider le moindre trimestre de retraite de base en tant qu’auto-entrepreneur.
En effet, vous devez pour cela réaliser des minimums de chiffre d’affaires :
Auto-entrepreneur : chiffre d'affaires minimum pour valider des trimestres de retraite en 2021
Nature de l'activité
Chiffre d'affaires à réaliser pour valider...
1 trimestre
2 trimestres
3 trimestres
4 trimestres
Vente de marchandises, hébergement et restauration
4 137 €
7 286 €
10 426 €
20 740 €
Prestations de services commerciales ou artisanales (BIC)
2 412 €
4 329 €
6 071 €
12 030 €
Prestations de services BNC et activités libérales ne relevant pas de la CIPAV
2 880 €
5 062 €
7 266 €
9 675 €
Activités libérales relevant de la CIPAV
2 280 €
4 560 €
6 840 €
9 120 €
Bon à savoir : Il est possible d'acquérir des droits dans le régime complémentaire obligatoire (Agirc-Arrco), même en cas de chiffre d'affaires faible.
Vous êtes à la fois salarié et auto-entrepreneur ?
Depuis l'apparition du dispositif de liquidation unique des régimes alignés (LURA), vous aurez affaire à un unique interlocuteur pour la liquidation de votre retraite de base.
Votre caisse de retraite retiendra la moyenne de vos revenus sur vos "meilleures années" d'activité (10 à 25 ans). Pour cela, elle prendra en compte l'ensemble de vos revenus : à la fois en tant qu'indépendant et en tant que salarié. (7)
Pôle emploi : l'auto-entrepreneur chômeur sans chiffre d'affaires bénéficie de l'intégralité de son allocation
La règle est la suivante :
Le demandeur d’emploi qui décide de créer sa micro-entreprise peut bénéficier d’un maintien partiel de se allocations chômage. Ses indemnités seront diminuées en fonction du revenu généré par son activité indépendante, selon le calcul suivant :
ARE auto-entrepreneur = Montant "normal" de l'ARE - 70% des revenus d'activité (CA après abattement)
Vous ne tirez actuellement aucun revenu de votre activité d'auto-entrepreneur ? Vous pourrez alors percevoir l’intégralité de l'Allocation Retour à l'Emploi (ARE) à laquelle vous avez droit.
Bon à savoir : Si vous avez lancé votre auto-entreprise avant la perte de votre emploi, vous pourrez percevoir l'intégralité de votre ARE, même en cas de chiffre d'affaires non nul.
Concrètement, comment ça se passe ?
Tous les mois, vous devez vous actualiser en déclarant votre chiffre d'affaires (même nul) à votre agence Pôle Emploi. Celle-ci vous versera une "avance" égale à :
80% de l'ARE ainsi calculée, si vous pouvez justifier mensuellement votre CA d'auto-entrepreneur ;
70% de votre ARE initiale, sinon.
Vous transmettrez ensuite à votre agence Pôle Emploi une attestation de déclaration de vos revenus auprès de l'URSSAF. Elle procédera alors à une régularisation.
Attention : N'oubliez pas de contacter votre agence Pôle Emploi dès la création de votre auto-entreprise – c'est obligatoire !
Ceci lui permettra de vous inscrire dans la catégorie des chômeurs créateurs d'entreprise, et de bien anticiper le nouveau mode de calcul de vos allocations.
Votre chiffre d'affaires est nul (ou faible) ? Vous pouvez verser des cotisations sociales minimales
Votre activité ne vous permet pas de générer de chiffre d’affaires ?
La bonne nouvelle, c’est que vous n’aurez aucune cotisation sociale à payer. En effet, le régime micro-social prévoit un calcul des cotisations sociales proportionnel au montant du chiffre d’affaires encaissé. Ainsi, en cas de chiffre d’affaires nul sur une période déclarative, aucune cotisation n’est due au titre de cette période.
La mauvaise nouvelle, c’est que cela va vous pénaliser. Vous ne pourrez pas bénéficier de certains prestations sociales, ouvertes aux auto-entrepreneurs qui dépassent certains seuils de chiffre d’affaires.
Mais il existe une solution : vous avez la possibilité de demander à régler des cotisations sociales minimales (8).
Ces cotisations seront versées au titre :
de la retraite de base : vous aurez ainsi la possibilité de valider 3 trimestres par an ;
d'indemnités journalières en cas d'arrêt maladie (seulement pour les commerçants et artisans) ;
d'une pension d'invalidité ;
du financement d'une formation (normalement inaccessible si votre CA est nul au cours des 12 mois précédant votre demande).
Bon à savoir : Les autres cotisations (assurance maladie-maternité, allocations familiales, retraite complémentaire et CSG-CRDS) sont exclues du dispositif des cotisations minimales. Elles continueront d'être calculées en fonction de votre chiffre d'affaires.
Retrouvez dans le tableau ci-dessous le montant annuel des cotisations minimales en 2021 :
Les cotisations sociales minimales de l'auto-entrepreneur en 2021
Régime
Assiette de calcul
Taux
Montant annuel des cotisations sociales minimales
Indemnité journalières
40% du PASS, soit 16 454 €
0,85%
140 €
Retraite de base
11,5% du PASS, soit 4 731 €
17,75%
840 €
Pension d'invalidité et capital décès
11,5% du PASS, soit 4 731 €
1,3%
62 €
Contribution unique à la formation et à l'alternance
1 PASS, soit 41 136 €
0,25% pour un commerçant 0,29% pour un artisan
103 € pour un commerçant
120 € pour un artisan
TOTAL
1 145 € pour un commerçant 1 162 € pour un artisan
Bon à savoir : les règles sont différentes pour les auto-entrepreneurs exerçant une activité libérale.
Vos cotisations seront désormais calculées de manière provisionnelle. Elles seront sujettes à régularisation en fonction de votre chiffre d'affaires encaissé l'année suivante. Vous continuez toutefois à bénéficier du régime micro-fiscal.
Comment bénéficier de ce dispositif ?
Vous devez vous adresser à votre caisse de sécurité sociale :
avant la fin du 3ᵉ mois suivant la création de votre micro-entreprise, pour une prise d'effet immédiate ;
avant le 31 octobre, pour une prise d'effet dès le début de l'année civile suivante.
L'option peut être dénoncée dans les mêmes conditions. À défaut, elle sera tacitement reconduite tous les ans.
Zéro chiffre d'affaires pendant 2 ans : Radiation de l'auto-entreprise
Radiation automatique pour absence d'activité
Si vous avez déclaré un chiffre d’affaires nul pendant une période de deux ans, vous serez automatiquement radié du régime auto-entrepreneur.
Cette période de deux ans correspond à :
24 mois civils consécutifs en cas de déclaration mensuelles ;
8 trimestres civils consécutifs en cas de déclarations trimestrielles.
Bon à savoir : depuis la promulgation de la loi de finances pour 2012, l'auto-entrepreneur sans chiffre d'affaires ne bascule plus dans le régime de l'entreprise individuelle classique.
Il perd son statut d'entrepreneur, et n'aura donc plus de nouvelles cotisations sociales à régler.
L'administration va-t-elle me notifier ma radiation ?
Oui : si vous avez déclaré un chiffre d’affaires nul durant 24 mois ou 8 trimestres civils consécutifs, l’Urssaf vous informera de votre radiation par lettre recommandée.
Vous disposerez alors d’un délai d’un mois pour la contester (9).
Il sera toutefois inutile de le faire si votre chiffre d’affaires a effectivement été nul tout au long de cette période de deux ans.
Quelles sont les autres causes de radiation du régime auto-entrepreneur ?
Hormis l'absence de chiffre d'affaires, deux autres événements sont susceptibles de provoquer la perte du régime de la micro-entreprise :
le dépassement des seuils de chiffre d'affaires durant deux années consécutives (188 700 € pour les activités de vente et d'hébergement, 77 700 € pour les activités de services et les professions libérales) ;
l'exercice d'une activité exclue du régime micro-entrepreneur : vétérinaire, pharmacien, commerce de véhicules neufs, locations d'immeubles nus à usage professionnel, activités soumises à la TVA immobilière ou à la TVA agricole, opérations réalisées sur les marchés financiers,...
Risque de radiation suite à absence de chiffre d'affaires : que faire ?
Vous n’avez pas généré le moindre euro de chiffre d’affaires depuis bientôt deux ans ? Vous ne voulez pas que votre micro-entreprise soit fermée ?
Deux solutions s’offrent à vous pour éviter la radiation :
Facturer une prestation afin de rester auto-entrepreneur ;
Effectuer une déclaration de cessation d'activité.
Première solution : éviter la perte du statut d'auto-entrepreneur grâce à une petite prestation
Malgré une absence d’activité, vous souhaitez rester auto-entrepreneur ?
La solution est simple : il vous suffit de facturer une seule prestation – même si celle-ci ne porte que sur quelques dizaines euros. Vous pouvez, si besoin, faire appel à l’un de vos proches, en lui demandant de vous acheter un bien ou un service.
Grâce à cette activité minimale, vous pourrez repousser l’échéance de la radiation. Vous bénéficierez du statut auto-entrepreneur pendant au moins 24 mois supplémentaires.
Deuxième solution : mettre fin à votre activité... et passer à autre chose
Même si cela n’est pas impératif, vous pouvez également prendre les devants, et déclarer la cessation de votre activité. Il est possible de le faire :
Le statut auto-entrepreneur ne vous convenait pas ? Vous pourrez par exemple créer une société unipersonnelle (EURL ou SASU), tenter de décrocher un emploi salarié,...
Redevenir micro-entrepreneur après une radiation : quelles étapes suivre ?
Il est possible de recréer une auto-entreprise après une radiation
Le couperet de la radiation est déjà tombé ?
Vous avez toujours la possibilité créer une nouvelle auto-entreprise, afin de pouvoir bénéficier à nouveau des avantages de ce régime.
Bon à savoir : Autrefois, toute radiation s'accompagnait d'un délai de carence. Ainsi, si vous étiez radié du statut auto-entrepreneur, vous deviez attendre deux ans avant de pouvoir recréer une auto-entreprise afin d'exercer la même activité.
Mais depuis 2016, il n'est plus nécessaire d'attendre. Si votre auto-entreprise a été radiée, vous pouvez immédiatement en recréer une nouvelle – que ce soit pour exercer la même activité ou non. Vous ne pourrez toutefois plus, dans certains cas, bénéficier des mêmes aides que les autres créateurs d'auto-entreprise.
La procédure à suivre est la même que celle que vous aviez suivie lors de votre première inscription en tant qu'auto-entrepreneur.
Bon à savoir : vous serez dans l'obligation d'exercer une activité compatible avec le statut auto-entrepreneur.
Réouverture d'une micro-entreprise après radiation : quelle conséquence sur vos aides à la création ?
Conséquences sur l'ACRE
Votre micro-entreprise avait moins de 3 ans ?
Vous ne pourrez pas bénéficier à nouveau de l’exonération prévue par l’ACRE (Aide aux Créateurs Repreneurs d’entreprise).
En effet, la loi prévoit un délai de carence de 3 ans (10) à compter de la date de la dernière obtention de l’ACRE.
Bon à savoir : autrefois, l'ACRE permettait à tous les auto-entrepreneurs de bénéficier d'un allègement de leurs cotisations sociales au cours de leurs 3 premières années d'activité.
Depuis 2020, elle ne concerne plus que les 4 premiers trimestres civils d'activité, avec une exonération de 50% (contre 75% auparavant).
Par ailleurs, elle est désormais réservée à une partie restreinte de la population : jeunes entrepreneurs âgés de 18 à 25 ans, certains demandeurs d'emploi ou bénéficiaires d'aides sociales,...
Conséquences sur la CFE
Les auto-entrepreneurs ont normalement droit à une exonération de la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) au cours de leur première année civile d’activité.
Pour savoir si vous pouvez bénéficier à nouveau de cette exonération, il va falloir vous poser la question suivante : votre nouvelle micro-entreprise est-elle considérée comme une nouvelle activité ?
Voici ce que prévoit le Législateur : si un travailleur indépendant reprend une activité “dans l’année au cours de laquelle est survenue la cessation d’activité [ou] dans l’année suivante”, il ne s’agit pas d’une nouvelle activité, mais d’une reprise d’activité (11).
Par conséquent :
Si le code APE de votre nouvelle activité est identique à celui de votre précédente activité, et que vous lancez votre nouvelle micro-entreprise l'année de la radiation ou l'année suivante, vous ne pourrez pas bénéficier d'une nouvelle exonération de la CFE au cours de votre première d'année d'auto-entrepreneur ;
S'il s'agit d'un code APE différent, ou si vous lancez votre nouvelle micro-entreprise au moins deux ans après l'ancienne, vous serez exonéré de CFE au cours de votre première année civile d'activité. Votre micro-entreprise sera considérée comme une nouvelle entreprise.
Micro-entreprise sans chiffre d'affaires : questions fréquentes
Vous vous posez toujours certaines questions au sujet du sort de l’auto-entrepreneur sans chiffre d’affaires ?
Voici nos réponses aux questions fréquemment posées :
Auto-entrepreneur sans activité : suis-je imposable ?
Non : si vous n'encaissez aucun chiffre d'affaires au cours d'une période déclarative (mensuelle ou trimestrielle), vous n'aurez aucun impôt à payer au titre de cette période.
Notez cependant que si vous n'avez pas opté pour le versement libératoire, vous aurez peut-être des acomptes à verser. En effet, ceux-ci sont calculés en fonction du CA d'auto-entrepreneur indiqué sur votre dernière déclaration d'impôt.
Chiffre d'affaires égal à zéro : quelles cotisations pour l'auto-entrepreneur ?
En l'absence de chiffre d'affaires, l'auto-entrepreneur n'a aucune cotisation sociale à verser.
Le micro-entrepreneur déclare un chiffre d'affaires nul pendant 2 ans : quelles conséquences ?
Si vous déclarez un chiffre d'affaires égal à zéro pendant 2 ans (soit 24 mois ou 8 trimestres consécutifs), votre auto-entreprise sera automatiquement radiée. Elle n'aura plus d'existence juridique.
Quel est le chiffre d'affaires maximum de l'auto-entrepreneur ?
Tout au long de son activité, l'auto-entrepreneur est confronté à des limites de chiffre d'affaires.
Ces seuils s'élèvent, en 2021, à :
188 700 € pour des activités d'achat-revente, de restauration et d'hébergement ;
77 700 € pour des prestations de services commerciales ou artisanales, ou des activités libérales.
Si l'auto-entrepreneur dépasse ces plafonds pendant deux années consécutives (années N et N+1), il ne pourra plus bénéficier du régime de la micro-entreprise dès le 1er janvier de l'année suivante (N+2).
Il relèvera alors du régime réel : il pourra déduire ses charges réelles, mais ne pourra plus bénéficier de l'abattement forfaitaire pour frais professionnels propre à la micro-entreprise.
L'auto-entrepreneur sans activité peut-il bénéficier d'une couverture sociale ?
Oui, l'auto-entrepreneur qui ne déclare aucun chiffre d'affaires pourra toujours bénéficier d'une couverture sociale.
Celle-ci sera toutefois limitée.
Si son auto-entreprise constitue son activité principale : il continuera à être remboursé pour ses soins de santé, mais ne bénéficiera ni d'indemnités journalières, ni de nouveaux droits à la retraite ;
Si son auto-entreprise n'est exercée qu'à titre secondaire, sa couverture sociale sera assurée par la caisse sociale dont relève son activité principale (salarié, étudiant, retraité,...).
Sans chiffre d'affaires, l'auto-entrepreneur est-il redevable de la CFE ?
Non : l'auto-entrepreneur qui ne génère aucun chiffre d'affaires n'est pas redevable de la CFE.
Il ne devra payer cet impôt qu'à partir du moment où il sera parvenu à générer un CA annuel supérieur à 5 000 €.
Conclusion
C'est terminé pour cet article consacré à l'auto-entrepreneur sans chiffre d'affaires !
Comme nous l'avons vu, il n'aura aucune charge à payer en l'absence d'activité. En contrepartie, il bénéficiera d'une couverture sociale réduite s'il n'exerce pas, en parallèle, une autre activité.
Il devra toutefois bien anticiper le cap fatidique des 24 mois sans CA, qui lui fera perdre automatiquement son statut auto-entrepreneur.
Mais pas de panique : il lui suffira de facturer quelques dizaines d'euros pour éviter la radiation. Et même si celle-ci advenait, il aura la possibilité, dès qu'il le souhaite, de créer une nouvelle auto-entreprise.
Malgré vos efforts, vous n'êtes pas parvenu à faire décoller votre activité ? Les raisons peuvent être nombreuses :
Vous avez créé votre auto-entreprise en parallèle de vos études ou d'un emploi salarié. Vous pensiez avoir du temps à consacrer à cette activité, mais ce ne fut pas le cas : trop d'obligations annexes, emploi du temps surchargé, perte de motivation,...
Vous avez tenté de lancer une startup qui n'a jamais su convaincre un nombre important d'utilisateurs ou trouver un modèle d'affaires viable ;
Vous n'avez pas osé prospecter des clients par manque d'assurance ;
etc.
De nombreuses opportunités s'offrent à vous pour tenter de renouer avec le succès :
Continuer vos efforts dans la même activité : certains projets demandent de la patience et du temps. Efforcez-vous toutefois d'essayer de vendre vos premiers articles, de trouver des clients pour le produit que vous êtes en train de développer, de commencer à proposer des prestations,...
Lancer une activité dans un autre domaine, éventuellement sous un autre statut : vos difficultés sont peut-être liées à une stratégie mal adaptée. Vous pouvez vous faire accompagner par certaines structures afin de mieux définir votre projet, comme par exemple le Réseau Entreprendre ;
Prendre (ou reprendre) un emploi salarié : vous avez peut-être besoin d'un autre cadre de travail afin d'exprimer tout votre potentiel ;
Et vous, avez-vous enregistré un chiffre d'affaires nul pendant plusieurs mois d'activité en tant qu'auto-entrepreneur ? Et si cette absence d'activité a perduré pendant plus de 2 ans, qu'avez-vous fait suite à la radiation de votre micro-entreprise ?
Avez-vous des questions concernant le sort de l'auto-entrepreneur sans chiffre d'affaires (ses cotisations, ses impôts, sa couverture sociale,...) ? Si c'est le cas, n'hésitez pas à nous solliciter dans l'espace commentaires !
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